À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, un nouveau rapport publié par Plan International, en collaboration avec l’UNICEF et ONU Femmes, dresse un constat alarmant : malgré certains progrès, les adolescentes restent en première ligne des inégalités. Intitulé « Girl Goals : What has changed for girls ? Adolescent girls’ rights over 30 years », ce document met en lumière les obstacles persistants qui compromettent leur avenir.
Trente ans après l’adoption du Programme d’action de Beijing par 189 États, les discriminations envers les filles et jeunes femmes restent une réalité préoccupante. Privées d’accès à l’éducation, victimes de violences et confrontées à des défis majeurs en matière de santé, elles continuent de subir des injustices systémiques qui freinent leur émancipation.
L’éducation : un droit encore inaccessible pour des millions de filles
L’accès à l’éducation est l’un des principaux marqueurs des inégalités persistantes. Aujourd’hui encore, 122 millions de filles dans le monde sont privées d’école, un chiffre alarmant qui souligne la lenteur des avancées en matière d’égalité des chances. De plus, 40 % des adolescentes et jeunes femmes ne terminent pas leur cycle d’enseignement secondaire, en particulier dans les zones rurales et marginalisées.
Le rapport pointe également du doigt la fracture numérique, qui prive les adolescentes d’opportunités essentielles offertes par les nouvelles technologies. L’accès limité à Internet les empêche d’accéder à des ressources éducatives et de se projeter dans un avenir professionnel plus prometteur.
Des violences de genre toujours omniprésentes
Les violences à l’encontre des filles et jeunes femmes restent une problématique de grande ampleur. Une adolescente sur quatre subit des violences de la part de son partenaire, et 50 millions de filles ont été victimes de violences sexuelles. Ces chiffres révèlent une réalité accablante, malgré les efforts de prévention et les campagnes de sensibilisation menées à travers le monde.
Par ailleurs, bien que le nombre de mariages précoces et forcés ait diminué, la progression reste insuffisante. Aujourd’hui encore, une fille sur cinq est mariée avant ses 18 ans. De même, les mutilations génitales féminines persistent et reculent trop lentement pour espérer une éradication d’ici 2030.
Un enjeu de santé publique majeur
La santé des adolescentes demeure un défi de taille. Bien que les grossesses précoces aient diminué de près de moitié en trente ans, le phénomène reste préoccupant. D’ici 2025, 12 millions de filles âgées de 15 à 19 ans devraient donner naissance à un enfant, et plus de 325 000 grossesses sont recensées chaque année chez les jeunes de 10 à 14 ans.
Les complications liées à la grossesse restent l’une des principales causes de mortalité chez les adolescentes, soulignant la nécessité d’un accès renforcé aux services de santé sexuelle et reproductive. L’insuffisance des politiques publiques en matière de santé féminine constitue un frein à leur autonomisation.
Un appel urgent à l’action
Face à ces inégalités persistantes, Plan International et ses partenaires lancent un appel aux gouvernements et aux acteurs internationaux. « Notre rapport montre bien les menaces qui pèsent sur les femmes et les filles. Face à ces reculs, il est essentiel de se mobiliser collectivement pour défendre les droits des adolescentes et des femmes et permettre leur participation à la vie politique », souligne Lucie Dechifre, directrice des programmes de Plan International France.
L’ONG demande notamment une augmentation des financements en faveur des besoins et des droits des adolescentes, notamment en ce qui concerne l’éducation. Dans un contexte mondial marqué par des coupes budgétaires dans la solidarité internationale, Plan International interpelle la France sur son rôle clé pour porter la voix des filles sur la scène internationale.
Construire une société plus égalitaire
Malgré certains progrès, le combat pour l’égalité des genres est loin d’être terminé. Plan International réaffirme son engagement à bâtir un monde où chaque fille peut grandir librement, sans peur ni contrainte. L’accès à l’éducation, la lutte contre les violences de genre et l’amélioration des services de santé doivent rester des priorités pour la communauté internationale.
Alors que la France dévoile aujourd’hui sa stratégie de diplomatie féministe, la question des droits des adolescentes doit être placée au cœur des politiques publiques et des engagements internationaux. Seule une mobilisation collective pourra garantir un avenir plus juste et plus sûr pour toutes les filles à travers le monde.