Dans une déclaration sans détour, Nathalie Koenders, Maire de Dijon, a tenu à rappeler sa vision de l’urbanisme pour la ville, tout en annonçant qu’aucun recours ne serait engagé contre l’annulation du permis de construire du projet Venise 2.
DÉCLARATION DE NATHALIE KOENDERS, MAIRE DE DIJON, SUR LA POLITIQUE D’URBANISME À DIJON ET SUR LA SUITE DU PROJET VENISE 2
Déclaration faite en conseil municipal de la ville de Dijon ce lundi 24 mars 2025 :
Je rappelle que nous avions pris la décision, avec François Rebsamen, alors qu’il était Maire de Dijon et moi sa première adjointe, de ne finalement pas urbaniser ce terrain, en raison de son intérêt pour la biodiversité et de l’appropriation que s’en étaient fait les habitants.
Je souhaite en profiter pour faire un point général sur la vision que je porte en matière d’urbanisme.
Je veux commencer par vous rappeler à tous l’impérieuse nécessité de construire des logements à laquelle nous devons toujours répondre. Non seulement des logements à loyer modéré, mais des logements pour toutes les catégories de population, avec une ambition de mixité sociale, qui est l’une des conditions de notre cohésion sociale à laquelle je crois beaucoup.
Dijon a, sur ce sujet, mené depuis 20 ans une politique particulièrement ambitieuse, que nous devons à la détermination de François Rebsamen et à l’engagement personnel et extrêmement rigoureux de Pierre Pribetich, à qui, pendant 23 ans, François Rebsamen avait confié la délégation à l’urbanisme, comme adjoint à la ville et comme vice-président à la métropole. Le travail mené jusqu’alors pour construire tout en contenant au maximum la consommation foncière est remarquable, j’y reviendrai.
Je rappelle que notre métropole est l’une des toutes premières de France à s’être dotée d’un Plan local d’urbanisme intercommunal associant les questions d’habitat et de déplacements. C’est notre manière de concilier l’écologie et le social en affirmant par exemple que la construction de logement doit être connectée aux besoins de déplacements, nous avons été précurseurs en ce domaine et c’est probablement l’une des raisons de l’excellente performance de notre réseau de transports en commun. Je m’inscris dans cette même détermination. Nous en avons un exemple avec Garden state.
En France, 4,2 millions de personnes vivent sans logement ou dans des conditions précaires. Dijon n’échappe pas à ces réalités. Aujourd’hui encore, plus de 11 000 personnes sont en attente d’un logement à loyer modéré sur le territoire métropolitain, 8500 rien qu’à Dijon. Parmi elles, 60 % formulent une première demande, tandis que 40 % cherchent à changer de logement car leur vie et leurs besoins ont évolué. C’est donc d’abord pour répondre aux besoins des dijonnais qu’il nous faut construire.
Nous devons donc répondre à ces besoins en construisant, en réhabilitant, et en facilitant l’accès à des logements abordables. Se loger est un droit fondamental. Nous continuerons d’agir pour que chacun ait un toit digne et adapté. Mais le besoin de logement ne concerne pas uniquement le logement social. Il concerne tous les types de logements, et c’est indispensable pour créer une dynamique suffisante et permettre aux personnes de s’inscrire dans un parcours résidentiel, pour trouver un bien à acheter lorsqu’ils le peuvent un certain moment de leur vie. Nous avons besoin de promoteurs prêts à s’engager et à réaliser, à nos côtés, de belles opérations et sur ce plan, tous les promoteurs le savent, Dijon est une ville où non seulement on peut construire, mais l’on veut construire.
La construction de logements est aussi une condition essentielle de l’attractivité de notre ville. Je rappelle qu’en raison de l’évolution démographique et des changements de modes de vie, si nous ne construisons pas 1 000 logements par an dans la métropole, nous perdrons des habitants. Or, un territoire qui perd des habitants, c’est un territoire qui perd des entreprises, des services publics, et qui entre dans une spirale désastreuse. Dijon – et Besançon d’ailleurs – ont, au sein de notre Région qui perd des habitants, une croissance positive et raisonnable, et il faut que cela dure.
Nous continuerons donc de construire à Dijon, mais nous le ferons en tenant compte des évolutions de l’époque et de la société, et des impératifs aujourd’hui irréfutables qui concernent la biodiversité. Parce que je connais aussi la demande des habitants de bénéficier de plus d’espaces de respiration et la nécessité, dans un contexte de crise climatique, de préserver les espaces de nature en ville, d’en créer de nouveaux et d’en faire profiter les habitants.
Nous construirons donc désormais en préservant les grands espaces de pleine terre que nous aurons identifié. Nous aurons, au début du prochain mandat, à engager la révision du PLUi-HD et ce sera l’occasion de se pencher sur ces nouvelles orientations, sur lesquelles je suis parfaitement en phase avec François Rebsamen, et – c’est la moindre des choses – avec mon premier adjoint que j’ai justement chargé tout à la fois de l’urbanisme et de la transition écologique.
C’est dans cette logique que j’ai pris la décision de ne pas faire appel de l’annulation du permis de construire de l’opération Venise 2. J’ai réfléchi, j’ai consulté, et j’ai pris ma décision. Le promoteur en a été informé. C’était un projet très intéressant, mais mal parti à certains égards.
Ce choix, adopté en phase avec le président de la Métropole, ne doit pas vous surprendre. Il s’inscrit dans la continuité des décisions que nous avons prises conjointement ces dernières années :
– Rue de Larrey, comme nous venons de le voir ;
– La création du square Samuel Paty à la place d’un projet immobilier de 13 logements ;
– Quai des carrières blanches en début d’année, je l’ai annoncé lors de mes réunions publiques en février.
– Le projet Garden State, que nous inaugurerons cette semaine, mené à terme précisément parce qu’il concernait un terrain déjà artificialisé, malgré la contestation. Je rappelle d’ailleurs avoir été candidate, et largement réélue, aux élections départementales dans ce contexte de contestation.
– Enfin, aux Lentillères, où je redis ma détermination à construire, sur la bande de terre déjà artificialisée le long du mail Guynemer, tout en préservant l’usage maraîcher des neuf dixièmes du terrain.
– Je pourrais ajouter les terrains de l’usine Parvex par exemple. Je rencontrerai prochainement à sa demande le Président du Muséum national d’histoire naturelle. Il faudra qu’il m’indique rapidement si l’Etat compte mobiliser des financements pour l’opération que nous avons en projet, où si nous prendrons une autre option, de la construction par exemple ;
– Je pourrais aussi ajouter la friche de Porte neuve ; j’ai relancé la SNCF pour qu’on puisse travailler dans les mois qui viennent sur un projet d’aménagement sur ce secteur, car cette friche – aujourd’hui très peu utilisée par la SNCF est le plus grand espace artificialisé à proximité du centre-ville.
Bref, les possibilités ne manquent pas dans notre ville, nous saurons les trouver.
Cette cohérence, je vous le disais, se retrouve également dans le fait que l’une de mes décisions est de lier l’urbanisme et la transition écologique en les confiants à une même personne.
C’est finalement une étape de plus franchie dans la politique d’urbanisme vertueuse menée à Dijon depuis le début des années 2000 : une politique de reconstruction de la ville sur elle-même, sans empiéter sur les espaces de biodiversité, en densifiant le long des grands axes de transport.
Ainsi, plus de 20 000 logements ont été construits tout en n’augmentant la surface urbanisée de la ville que de l’équivalent de 4 terrains de football, vous l’avez souvent entendu. Cette sobriété foncière en pratique est à mettre en regard des centaines d’hectares consommés lors des deux décennies précédentes.
Il est vrai que les friches militaires et industrielles ont fortement contribué à ce développement vertueux, nous avons eu cette « chance » si je puis dire, même si le départ de l’armée était un coup dur. Des opérations comme Junot, Heudelet, la Cité internationale de la gastronomie et du vin, Arsenal ou Terrot, ont permis, chacune, de construire tout en désimperméabilisant plusieurs milliers de mètres carrés. C’est vertueux, je vous le disais.
Il reste encore à Dijon des terrains déjà artificialisés sur lesquels nous pourrons construire. Nous les recenserons dans le cadre de la révision du PLUI-HD, et même d’ici là ; nous les présenterons à la population et aux promoteurs, et nous avancerons, comme cette ville l’a toujours fait. Nous aurons aussi à compter sur la capacité d’innovation des promoteurs. J’ai en tête le remarquable travail fait par Adexpharma, qui nous a été présenté vendredi à la métropole. Il montre la capacité énorme d’innovation pour des projets industriels. Nous aurons besoin de cette la capacité d’innovation des constructeurs pour les projets de logements à une époque où le foncier est devenu un bien à préserver, avec des préoccupations environnementales toujours plus grandes. J’espère qu’ils saurons nous faire des propositions. J’ai prévu de me rendre à Fribourg en mai pour voir ce dont il retourne, puisque c’est une ville où l’on a su se montrer précurseur et innovant il y a 20 ans.
Voilà, c’est une mise au point et une annonce que je voulais faire, avant de poursuivre l’ordre du jour.