Ce vendredi, la Maire de Dijon et le président de Grand Dijon Habitat ont inauguré le nouveau complexe immobilier Garden State, construit sur le site de l’ancien terrain des Jardins de l’Engrenage. Si le ministre chargé des grands projets, François Rebsamen, était attendu, il était finalement absent, laissant au bailleur social le soin de représenter la dimension institutionnelle du projet selon le collectif. À cette occasion, le collectif des Jardins de l’Engrenage a publié un communiqué virulent, dénonçant une « réécriture de l’histoire » et pointant du doigt les choix urbanistiques de la municipalité.
Une inauguration controversée
Présentée par la mairie comme un symbole du renouveau urbain et de la densification « raisonnée », la livraison de Garden State intervient près de quatre ans après l’expulsion violente des occupants du terrain situé avenue de Langres. Ce projet immobilier a, depuis ses débuts, suscité une forte contestation locale.
Le collectif des Jardins de l’Engrenage, né en 2020 à l’issue du premier confinement, avait transformé ce site partiellement en friche en un espace de vie alternatif, combinant jardins partagés, actions écologiques et solidarité de quartier. Le projet avait fédéré des riverains, des militants écologistes et des citoyens en quête d’un mode de vie plus durable.
Un terrain disputé
Le terrain en question était officiellement classé comme « artificialisé » par la municipalité, ce qui a justifié, selon les élus, le maintien du projet immobilier malgré la mobilisation. Le collectif conteste cette interprétation, affirmant que de vastes zones de pleine terre, arborées et cultivées, existaient bel et bien.
« C’est une manipulation sémantique. Selon les critères administratifs, un parc de 1 000 m² avec une maison de 60 m² est considéré comme intégralement artificialisé », affirme le communiqué.
Les membres du collectif rappellent que le site hébergeait des érables, des tilleuls, un puits connecté à la nappe du Suzon, ainsi que des potagers cultivés collectivement. Des événements, des repas partagés, des ateliers et même un terrain de pétanque y avaient vu le jour.
Une évacuation marquante
Le 20 avril 2021, après une décision judiciaire ordonnant l’expulsion de la maison occupée sur le terrain, les forces de l’ordre sont intervenues massivement. Le communiqué évoque une opération d’envergure : gendarmes mobiles, policiers municipaux, pelleteuses, et plusieurs jours de tensions.
Selon les Jardins de l’Engrenage, cette intervention aurait été prématurée, l’expulsion légale n’étant pas encore exécutoire à ce moment-là. Ils décrivent un épisode violent, avec usage massif de gaz lacrymogène, destructions ciblées, et confiscation de la terre végétale.
« Ce sont des jours qui ont marqué les esprits à Dijon. Un jardin détruit sous escorte policière, alors qu’il portait des fruits, au sens propre comme au figuré », rappelle une ancienne occupante.
Une mémoire encore vive
Alors que la Maire Nathalie Koenders déclarait récemment vouloir désormais « préserver les grands espaces de pleine terre » et ne construire que sur « des terrains déjà artificialisés », le collectif exprime son scepticisme. Il y voit une tentative de tourner la page sans reconnaître les responsabilités passées.
« Ce revirement tardif présenté comme du bon sens est un aveu à peine voilé que la politique précédente en manquait cruellement », écrit le collectif dans un ton cinglant.
Une opposition qui perdure
Le collectif des Jardins de l’Engrenage reste actif, et revendique toujours une alternative à la logique de densification urbaine systématique. Il salue notamment la récente annulation du projet immobilier « Venise 2 » par la justice, un revers pour la mairie, motivé par un défaut d’étude sur les arbres présents sur le site.
Les militants rappellent également leur participation aux élections départementales de 2021, où ils avaient affronté Mme Koenders dans les urnes, obtenant un score de 14,6 %, les plaçant en troisième position.
« Malgré les moyens déployés contre nous, nous avons su rassembler. Ce n’était pas une défaite, mais le signe que notre message trouvait un écho », estime un ancien candidat du collectif.
Un appel à ne pas oublier
Le collectif conclut son communiqué par un plaidoyer en faveur de la mémoire de ce lieu, et de tous les espaces similaires menacés par l’urbanisation. Il invite les Dijonnais à se souvenir de ce qu’étaient les Jardins de l’Engrenage : un espace de respiration, de solidarité, et d’espoir, balayé par des pelleteuses mais vivant encore dans les mémoires.
Communiqué du collectif des Jardins de l’Engrenage du 28 mars 2025 :
Le complexe immobilier Garden State est inauguré ce vendredi 28 mars 2025 par la Maire de Dijon, le préfet et le ministre du Béton et du Bitume, également président de la Métropole dijonnaise.
Il a réussi à trouver un moment dans son emploi du temps chargé, entre deux régressions écologiques et trois arrangements pour faire triompher les idées réactionnaires qu’il tente de dissimuler en revendiquant son adhésion à un Parti qui n’a de Socialiste que le nom, alors qu’il est depuis le début de cette formidable aventure qu’est le règne de notre bien aimé président Macron, l’un de ses plus fervents soutiens.
Il l’invite pour ses déplacements de campagne, le soutient dans les médias, mène avec zèle sa politique et est toujours le premier à appliquer ses lois régressives,voire à les anticiper.
Privatiser, surveiller, détruire sont des verbes que François et Emmanuel conjuguent à tous les modes.
Mis dans la gêne financière par la cession de son poste de maire à son héritière, bientôt réduit à faire la quête devant la cité de la Gastronomie, le gouvernement n’a pas oublié de récompenser celui qui a toujours été fidèle au président en lui confiant le poste bien rétribué de Ministre des Grands Projets Inutiles.
Ne parlez surtout pas à François Rebsamen de Nouveau Front Populaire ou de justice sociale et environnementale, vous risqueriez de gâcher son déjeuner à La Tour d’Argent, et vous n’imaginez pas comme Bruno Retailleau n’aime pas que ses invités ne touchent pas à leur canard à la royale.
Partageant un même goût pour la résolution des conflits sociaux ou environnementaux par la douceur et le dialogue, on raconte que c’est la délicatesse légendaire exercée durant la destruction des Jardins de l’Engrenage (situés en lieu et place de l’actuel ensemble Garden State) le 20 avril 2021, qui inspira à Gérald Darmanin, grand ami de Nathalie Koenders, le déchaînement de violences aveugle des forces de l’ordre lors de la manifestation contre les Méga Bassines en 2023 dans le marais Poitevin.
Déjà en 2018, lors de la Grande Révolte des Gilets Jaunes, François et Nathalie avaient brillé par leur souci des aspirations populaires, en mettant tous les moyens à leur disposition au service de la répression.
Nathalie Koenders justement, fraîchement passée de numéro deux à numéro une de la ville, s’est vue obligée d’annoncer l’arrêt du projet immobilier Venise 2 qui aurait irrémédiablement noyé sous le béton les deux hectares des Berges du Suzon, inestimable patrimoine naturel dijonnais.
Déjà les promoteurs déchirent leurs chemises, Pennequin décide la grève de la faim pour un quart d’heure, Colas et Roger Martin se reconvertissent et s’associent avec Maison Roger pour assurer leur avenir, habitués à rouler les gens dans la farine. Bouygues, Vinci et Eiffage plaquent tout pour faire les transhumances dans les Pyrénées et Ghitti, fou de rage, déchire les photos de ses vacances passées avec ceux qu’il pensait être ses amis.
Soucieuse de ne pas créer une épidémie de crises cardiaques chez ses plus fidèles soutiens, elle s’empresse d’ajouter que ce n’est pas incompatible avec la poursuite et l’intensification de la construction, et que la municipalité est toujours décidée à enrichir les propriétaires de centrales à béton, de carrières de calcaire, les concessionnaires de grues et de camion-toupie, et caetera.
C’est effectivement assez facile de promettre de préserver les grands espaces de pleine terre, quand ceux-ci ont pour la plupart déjà été urbanisés à Dijon ces dernières années par la politique dénuée de « bon sens » de Nathalie et François. Même s’ il en reste de nombreux dans le Grand Dijon, promis au béton, que Madame la Maire se refuse à évoquer.
Ensuite, la notion d’ « espace déjà artificialisé » est un terme administratif trompeur et mensonger, employé à dessein pour duper la population.
En effet, du point de vue de l’administration dijonnaise, est considéré comme « terrain déjà artificialisé » tout terrain défini d’un seul tenant sur le cadastre qui comporte une habitation, de n’importe quelle taille qu’elle soit. Un terrain, un parc arboré par exemple de 1 000 m2 sur lequel est construit une maison de 60 mètres carrés au sol sera considéré comme « déjà artificialisé ». On voit bien l’hypocrisie, le cynisme de ces manœuvres portées par les tenants du « bon sens ».
Elle évoque d’ailleurs le projet Garden State dans ces termes, afin d’illustrer le « bon sens » qui la caractérise :
« Le projet Garden State, que nous inaugurerons cette semaine, mené à terme précisément parce qu’il concernait un terrain déjà artificialisé, malgré la contestation. Je rappelle d’ailleurs avoir été candidate, et largement réélue, aux élections départementales dans ce contexte de contestation »
Voilà le terrain « déjà artificialisé » sur lequel s’est construit Garden State !

C’est ici qu’il faut nous rappeler ensemble cette histoire sur laquelle sont posées les fondations des immeubles inaugurés vendredi, et ainsi répondre à ces tentatives de réécriture de l’histoire, une histoire qui résonne encore fortement dans les rues de Dijon.
La contestation, c’est la création et la lutte des Jardins de l’Engrenage durant un peu plus d’une année. Initiée au sortir du confinement en Mai 2020 par un mouvement de Dijonnais et Dijonnaises et d’habitants et habitantes du quartier autour de l’avenue de Langres, soucieux de préserver la nature en ville et partout où cela est nécessaire, offrant ainsi une respiration et un espace de convivialité à toutes et tous.
Sur le temps long, la préservation de la terre et des arbres permet de rafraîchir l’atmosphère, et ainsi ralentir le réchauffement climatique, bien plus que la plantation de nouveaux arbres mal plantés et mal suivis.
Les arbres et certaines plantations permettent de retenir l’eau, d’attirer des nuages, de piéger le CO2 et d’offrir un habitat à de nombreuses espèces, protégeant ainsi la biodiversité. La terre est aussi le substrat, la matrice qui nous nourrit, où poussent les céréales que nous mangeons ainsi que les bêtes que nous consommons, ainsi que les légumes et les fruits des arbres et arbustes.
Ces affirmations sont des vérités connues depuis toujours de tous, mais la métropolisation de nos existences à mis ces réalités scientifiques et perceptions à distance. La catastrophe climatique, l’écologie profonde nous pousse à redécouvrir tout cela, et est de plus en plus partagé, même si le spectacle de la croissance infinie mobilise toute ses forces pour empêcher les individus et les peuples de prendre la réelle mesure du problème et du travail à entreprendre pour limiter les dégâts.
C’est de tout cela qu’il s’agissait aux Jardins de l’Engrenage. Sur cet espace en friche, il y avait effectivement des constructions, et des espaces artificialisés. Mais pas partout.
Il y avait aussi des arbres, qui ont été protégés par les jardiniers, et des espaces de pleine terre qui ont été cultivés, des légumes qui sont allés remplir le ventre des riverains, et des jardiniers en herbe qui ont pu profiter de cette saine activité pour trouver un peu d’apaisement au milieu de la métropole marchande.
Prouvant au passage que cette terre n’était pas un tas de caillou ou de béton comme l’affirme Mme Koenders, qui n’hésite pas, quatre ans après, à raconter de nouveau ses salades.
Il y avait un grand jardin partagé, des jardins familiaux où les habitants des immeubles alentours jardinaient avec gourmandise, une petite bicoque qui servait d’habitation pour deux personnes qui n’avaient alors pas de toit, et qui invitaient leurs amis jardiniers à partager leurs repas, repoussant les murs de leur petit salon. Sur une partie artificialisée, les amoureux de la pétanque avaient créé un terrain de pétanque 3 étoiles, haut lieu de convivialité s’il en est, qui devenait parfois piste de danse.
Des marchés ont été organisés, des plantations d’arbres, des chantiers collectifs, des tournois de pétanque, des repas partagés, des fêtes de quartiers, des bourses aux plantes, évidemment de nombreux moments de jardinage, tout cela avec l’investissement et la force des seuls occupants et leurs soutiens.
Et toujours, l’accueil, l’entraide et la bienveillance étaient au centre. Il y avait un grand puits, qui plongeait directement dans la nappe du Suzon , des érables et des tilleuls vénérables, dont l’ombrage protégeaient les oiseaux, les insectes et les gens.
Tout cela a été détruit dans la violence. Une violence sciemment orchestrée par François et Nathalie, et tous leurs amis. L’espoir qui s’était levé était trop beau.
Déjà aux premiers jours de l’occupation, ils avaient dépêché leur police municipale, les pelleteuses de leurs copains promoteurs, des agents des cadres municipaux en dehors de tout cadre légal, prétextant un nettoyage du terrain.
L’opposition déterminée des occupants les avait fait reculer. Les pelleteuses avaient malgré tout rasé le jardin fraîchement initié et dammé la terre. Qu’à cela ne tienne, nous l’avons retravaillé et re-cultivé.
Un an plus tard, la justice ordonnait l’expulsion de la maison. Ne pouvant attendre plus longtemps, ils déclenchèrent 2 mois avant l’expulsion, l’opération de destruction du terrain « artificialisé », c’est-à- dire le jardin. Des dizaines de gendarmes mobiles, des flics locaux trop heureux de casser de l’écolo, des policiers municipaux, durant 4 jours.
Pennequin et d’autres avaient envoyé leurs plus grosses pelleteuses et leurs camions remorques pour littéralement voler la terre, l’« artificialiser ». Des dizaines de rotations durant 3 jours, plus de 500 cartouches de gaz tirées sur un tout petit périmètre, d’innombrables départs de feu, autour et dans la maison, toujours pas expulsable légalement. Leurs cerveaux malades ont donc imaginé de ceinturer la maison avec un mur de 2 mètres 50 de haut fait de briques en béton type Légo.
La résistance a finalement réussi à sauvegarder une bande de pleine terre (qui était censée ne pas exister…), où de nombreuses salades ont été plantées.
Par un hasard du calendrier, les élections départementales avaient lieu juste avant l’expulsion définitive de la maison. Nous décidâmes de nous présenter. Nathalie Koenders était face à nous. Si elle remporta la manche avec un score très honorable, qu’elle n’oublie pas cependant que nous l’avons empêché de gagner au premier tour, en réalisant avec nos maigres moyens, un score très honorable de 14,6%, arrivant troisième.
Elle se targue d’avoir gagné ces élections comme si c’était un plébiscite à sa politique. Nous voyons l’inverse. Malgré sa notoriété, malgré les moyens délirants mis en place, les campagnes de diffamation à notre égard, les relais médiatiques, la longue histoire du parti qu’elle représente, rassurante aux yeux de nombre d’électeurs figés par la peur et la désinformation créé par les tenants du pouvoir pour s’y maintenir, de nombreuses personnes nous ont fait confiance et ont approuvé notre slogan : Oui à la Nature, Non au Béton !
Les Jardins de l’Engrenage