Le verdict est tombé. Marine Le Pen, figure de proue du Rassemblement national, a été condamnée à quatre ans d’emprisonnement, dont deux ans avec sursis, 100 000 euros d’amende, ainsi qu’à cinq ans d’inéligibilité, avec exécution provisoire. Autrement dit, l’exécution de la peine est immédiate, sans attendre un éventuel appel.
Le parquet avait requis une peine encore plus lourde : cinq ans de prison dont trois avec sursis, et la même durée d’inéligibilité. La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale a appris le quantum des peines après avoir quitté la salle d’audience, laissant derrière elle une salle stupéfaite.
Une condamnation aux lourdes conséquences politiques
Concrètement, Marine Le Pen reste députée pour le moment, mais ne pourra plus se présenter à aucune élection pendant cinq ans. Elle est donc exclue de la course à la présidentielle de 2027, et ne pourra pas non plus redevenir parlementaire en cas de nouvelle dissolution de l’Assemblée.
Cette condamnation marque un tournant majeur dans la carrière politique de Marine Le Pen. L’ancienne présidente du Front national, aujourd’hui Rassemblement national, a longtemps bâti son image sur l’exigence de morale en politique — une posture qui résonne aujourd’hui avec une ironie amère.
Quand Marine Le Pen prônait l’exemplarité
Dans le passé, Marine Le Pen n’a cessé d’exiger des responsables politiques une éthique irréprochable. En 2010, alors que l’affaire Bettencourt-Woerth éclabousse Nicolas Sarkozy, elle déclare sur LCI : « Oui, je pense qu’il doit partir parce que le lien de confiance est totalement rompu. La France mérite mieux que d’être dirigée par des gens sans morale ni compétence. »
Deux ans plus tard, dans son livre Pour que vive la France, elle écrit : « L’arme de l’inéligibilité devra être utilisée avec beaucoup plus de rigueur. »
Elle y dénonce « trente ans d’errance, d’échec et de mensonges » et affirme vouloir restaurer la morale publique par l’exemplarité.
En 2013, elle cible cette fois Sylvie Andrieux, députée socialiste condamnée pour détournement de fonds publics, en appelant à sa démission : « Après sa très lourde condamnation, elle doit avoir la décence minimum de démissionner de son mandat. »
Reste à savoir comment ses partisans réagiront. Marine Le Pen, qui se présentait en rempart contre les « élites corrompues », devra désormais composer avec l’image d’une dirigeante rattrapée par la justice — une justice qu’elle appelait pourtant à brandir avec sévérité contre ses adversaires.