Les négociations ont officiellement débuté ce jeudi 10 avril au sein de l’entreprise JTEKT, spécialiste de la fabrication de pièces automobiles. L’annonce, fin mars, de la suppression de 197 postes à travers la France – dont 85 sur le site de Chevigny-Saint-Sauveur (Côte-d’Or) – continue de provoquer une onde de choc chez les salariés.
Une restructuration brutale
Le 26 mars dernier, la direction de JTEKT annonçait une réorganisation majeure de ses activités françaises, impactant notamment les sites d’Irigny (Rhône) et de Chevigny-Saint-Sauveur. Selon l’entreprise, ces suppressions de postes s’inscrivent dans une logique d’économies, face à des difficultés liées à la crise actuelle du secteur automobile.
Mais du côté des salariés et des syndicats, la pilule ne passe pas. Ce jeudi, une vingtaine de personnes se sont rassemblées à l’heure du déjeuner devant l’usine de Chevigny-Saint-Sauveur, où se tiennent les premières discussions autour du plan de suppressions d’emplois.
Une mobilisation marquée par l’inquiétude et la colère
« Des négociations, nous n’attendons rien », lâche d’un ton amer Christian Marchet, délégué syndical CGT chez JTEKT. Le syndicat dénonce des licenciements « injustifiés« , dans une entreprise qui, selon lui, reste largement bénéficiaire.
« Tout le monde est inquiet. On ne sait pas qui sera sur la liste », confie de son côté Catherine Desgrousilliers, agente qualité sur le site. Derrière les chiffres, ce sont des vies entières qui basculent. « Il y a des gens qui s’inquiètent pour leur famille, des couples qui travaillent ensemble dans l’entreprise. »
Des profits, des investissements… et des suppressions
Pour les syndicats, les explications avancées par la direction ne tiennent pas. « C’est une entreprise qui va bien », affirme Christian Marchet. « Elle continue d’investir, construit des usines ailleurs, et a touché des dizaines de millions d’euros de subventions publiques. »
Face à cette situation, le sentiment d’injustice est profond. « Les travailleurs ne veulent pas être jetés comme des mouchoirs usagés. Après des dizaines d’années à faire tourner l’entreprise, ils veulent ce qui leur est dû. »
Une lente érosion des effectifs
Le cas de Chevigny-Saint-Sauveur est emblématique de cette tendance. « On était 1 400 du temps de Peugeot, puis 800, et maintenant moins de 500 », rappelle le syndicaliste. Une réduction constante, vécue comme un effritement progressif du tissu industriel local.
Pour la CGT, l’argument de la crise du secteur automobile ne tient pas. « On fabrique des directions de voiture. Qu’importe le moteur, il en faudra toujours pour tourner les roues », ironise Christian Marchet.
Et maintenant ?
Les prochaines semaines s’annoncent décisives. Entre colère, résignation et espoir d’obtenir des garanties, les salariés de JTEKT s’apprêtent à vivre une période d’incertitude intense. Les syndicats, eux, promettent de ne pas relâcher la pression.