Ce mardi 15 avril, à 18h, une cérémonie de commémoration s’est tenue devant la stèle de Gabriel Lejard, boulevard de Strasbourg à Dijon, en présence du premier adjoint au maire, M. Hoareau, ainsi que de nombreux militants et citoyennes et citoyens venus honorer la mémoire d’un homme d’exception. À cette occasion, Frédéric Pissot, secrétaire général de l’Union Départementale CGT de Côte-d’Or, a prononcé un discours fort, vibrant d’histoire, de luttes et de résonances contemporaines.
Un engagement total pour les opprimés
Gabriel Lejard, ouvrier métallurgiste, fut toute sa vie au service des opprimés et de l’humanité. Dès 1918, il s’engage syndicalement au sein de la CGT et ne cessera de défendre les travailleuses et travailleurs face à un patronat agressif, tout en menant une bataille idéologique sans relâche contre le fascisme.
Lors de l’occupation nazie, il entre dans la Résistance. Arrêté le 22 juin 1941 par la Gestapo avec vingt autres militants, il est successivement emprisonné à Dijon, Vesoul, Mulhouse, puis interné à Compiègne. Le 6 juillet 1942, jour de ses 41 ans, il est déporté à Auschwitz avec 1174 hommes, dont 14 originaires de Côte-d’Or.
Un calvaire inhumain dans les camps nazis
Lejard subira deux années d’enfer à Auschwitz avant d’être transféré à Sachsenhausen, puis aux mines de sel de Kochendorf. Le 29 mars 1945, le camp est évacué, forçant les détenus à une marche de la mort de 300 kilomètres. Sur les 1800 hommes partis, seuls 200 atteignent Dachau. Gaby est parmi eux, sauvé in extremis par les troupes américaines le 29 avril. Il ne rentrera en France que le 19 mai 1945, après s’être évadé du camp en se cachant dans un wagon à bestiaux.
À son retour à Dijon, il retrouve son épouse Léa, elle aussi résistante, qui fit de leur maison un refuge pour les combattants de la liberté. Mais il apprend également, lors du congrès du Parti communiste à Paris, la mort de sa fille unique Jeannine au camp de Ravensbrück.
Malgré cette tragédie et son état de santé, Gabriel reprend immédiatement son combat politique et syndical, fidèle à ses idéaux, aux revendications de la CGT et aux principes du Conseil National de la Résistance.
Une mémoire brûlante d’actualité
Frédéric Pissot a souligné l’actualité brûlante des valeurs portées par Gabriel Lejard : la justice, la paix, la solidarité, la liberté et le progrès pour tous. Face à une mondialisation déshumanisante, à la montée de l’extrême droite et à l’offensive néolibérale contre les conquêtes sociales, le secrétaire général a lancé un appel à la mobilisation.
Il a vivement dénoncé les dirigeants populistes et autoritaires qui s’en prennent aux droits fondamentaux : Donald Trump et ses projets délirants, Gorgia Meloni qui supprime le RSA et bloque les navires humanitaires, Victor Orban qui attaque les droits des femmes et des LGBTQ+, ou encore la répression brutale en Argentine contre les mobilisations sociales.
En France, il a mis en garde contre la concentration des médias entre les mains d’une poignée de milliardaires, contre la banalisation des idées d’extrême droite, et contre les lois comme celle sur l’immigration, votée avec le soutien de plusieurs partis, de LREM au RN.
Un combat toujours vivant
« Le grand patronat n’a pas désarmé », a affirmé Frédéric Pissot, rappelant les violences et répressions que subissent encore de nombreux syndicalistes aujourd’hui. Mais la CGT reste debout, fidèle à son histoire, porteuse d’un autre projet de société : retraite à 60 ans, semaine de 32 heures sans perte de salaire, hausse des rémunérations, défense des services publics, réindustrialisation, répartition plus équitable des richesses.
Il a conclu avec force : « Oui, comme toi Gabriel Lejard, nous ne lâcherons rien ! »
Par cet hommage, c’est bien plus qu’un souvenir qui est ravivé : c’est une mémoire en acte, une invitation à la résistance, au combat, et à l’espoir d’un monde plus juste.



Ci-dessous le discours lu par le secrétaire général de l’UD CGT 21 :
Mesdames Messieurs
Monsieur le 1er Adjoint
Chers camarades
Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre hommage à notre camarade Gabriel Lejard, un homme d’exception, un véritable révolutionnaire de son temps, un ardent patriote. Toute sa vie il l’a mise au service des opprimés et au service de l’humanité.
Très tôt, Gabriel s’est engagé politiquement et syndicalement en restant fidèle à la CGT, à la classe ouvrière. Dès 1918, Gaby, métallurgiste, a été de toutes les luttes syndicales. Il a défendu les intérêts des travailleuses et des travailleurs, face à un patronat déjà agressif. Il a su répondre présent et mener la bataille idéologique. Il a combattu le fascisme.
Au moment de l’invasion nazie, Gabriel intègre la résistance
Le 22 juin 1941, il est arrêté à son domicile par la gestapo avec 20 autres militants politiques et syndicalistes, dont : Mahon, Repiquet, Chaussard, Leblanc, Bouscand, Charton, Thibault… qui seront fusillés ou morts en déportation. Puis, c’est la prison de Dijon, Vesoul, Mulhouse, l’internement à Compiègne le 5 juillet 1941, le jour anniversaire de ses 40 ans.
Il y passe un an comme otage. Déporté ensuite à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 avec 1174 hommes, dont 14 de Côte-d’Or, tous militants de la CGT, choisis selon le critère de leur appartenance politique par les autorités allemandes. Le calvaire d’Auschwitz dure deux ans, il est transféré le 31 août 1944 au camp de Sachsenhausen, puis un mois plus tard aux mines de sel de Kochendorf à 50 Kms de Stuttgart.
Le 29 mars 1945, les nazis évacuèrent en catastrophe le camp en raison de l’approche des américains. C’est alors une longue marche à pied de 300 Kms qui dure 12 jours.
Partis 1800 de Kochendorf, les déportés arrivent à 200 seulement au camp de Dachau.
Gabriel Lejard et les autres rescapés furent placés dans des blocs au milieu des cadavres et des moribonds atteints du typhus.
Le 29 avril 1945, les troupes américaines arrivent à Dachau, mais ce n’est que le 14 mai que Gaby quitte le camp où il s’évade, caché dans un wagon à bestiaux pour la France. Il arrive à Dijon le 19 mai 1945 et retrouve Léa, dont il convient d’associer à cet hommage.
Elle a partagé la vie passionnante et mouvementée des engagements de Gaby. Elle a perpétué avec courage, l’action de son mari et de sa fille, en transformant sa maison en relais où les résistants savaient trouver l’aide et le réconfort dont ils avaient besoin.
Au congrès du PCF qui se tient à Paris, où il est délégué, peu de temps après son retour, il apprend de la bouche de Marie-Claude Vaillant Couturier, la mort de sa fille unique Jeannine à Ravensbrück
Malgré son état de santé, Gaby surmonte cette terrible épreuve et reprend le combat qui lui a tant coûté.
Gaby a toujours gardé la même détermination, il a su se battre, gagner des victoires syndicales, appliquer le programme du CNR qui reprend les revendications essentielles de la CGT.
Sa vie, ses sacrifices, ses combats pour plus d’humanité, son engagement pour la liberté, ont aujourd’hui un sens particulier. Face à cette mondialisation qui écrase les peuples de la planète et la crise du système capitaliste qui la nourrie, avec ses conséquences sur le plan économique et social, les guerres en Europe, au Proche Orient et dans les autres continents, les idéaux, les valeurs que portait Gabriel Lejard, sont d’une actualité brûlante.
Elles invitent toutes les générations, à poursuivre son combat pour un monde de justice, de solidarité, de paix, de liberté, de progrès pour tous, un monde nouveau comme il aimait à le définir avec beaucoup de lucidité et à le faire partager.
La montée de l’internationale fachiste ne peut que nous inquiéter.
Les messages guerriers de dirigeants de pays à la botte des riches industriels ne sont pas rassurants, c’est le danger principal qui pèse sur le mouvement ouvrier et ses conquêtes démocratiques et sociales
Des libéraux, des réactionnaires, des fascistes aux manettes de nombreux pays qui attaquent les droits fondamentaux des populations :
- Trump qui veut annexer le Groenland, qui veut installer une base de commandement en Europe, qui veut déplacer tous les gazaoui et raser Gaza pour en faire une riviera
- Le mois dernier nous avons appris avec effroi la violence de la répression qui s’est abattue sur la manifestation à Buenos Aires. Le fait que cette répression soit dirigée contre les mobilisations des retraité.eset de leurs soutiens est hautement symbolique du profond mépris de l’extrême-droite argentine vis-à-vis de sa population et de la nature profonde de son projet politique et social
- En Italie une fan de Mussolini, Gorgia Meloni met fin au RSA, attaque le droit de grève et bloque les bateaux humanitaires qui sauvent les migrants de la méditerranée
- Victor Orban en Hongrie est prêt à interdire la marche des fiertés, revenir sur l’IVG
L’extrême droite a le vent en poupe avec l’arrivée au pouvoir de tels personnages, avec la complicité des médias aux mains de financiers :
- Les 10 milliardaires français possèdent près de 90% de la presse quotidienne, 55% de la presse audiovisuelle et 45% des plateformes numériques.
Les idées réactionnaires se sentent pousser des ailes car l’information est manipulée par des oligarques.
Il y a quelque mois un de nos camarades CGT a été poignardé à Paris par des milices fachistes qui ont lancé des slogans : Paris est nazi, Lyon est nazi
La stigmatisation des étrangers est accentuée par les différentes lois votées telle que la loi immigration par un grand nombre de partis politiques en passant des macronistes notamment en Côte d’or Khattabi, Martin Paris au RN en passant par les centristes et LR tel que Brigand.
Malgré les années écoulées, le « grand » patronat n’a pas désarmé, il attaque sans relâche les conquis sociaux afin d’augmenter leurs capitaux. De nos jours, nombre de nos camarades subissent encore des intimidations, des violences policières, des répressions syndicales. La CGT est toujours fidèle aux idéaux de Gabriel Lejard, et le restera. Nous combattons sans relâche les injustices, les inégalités, la précarité. Nous réaffirmons notre lutte contre la violence du capital qui s’attaque à l’humanité.
Nous gardons la plus grande fermeté contre les idées nauséabondes de l’extrême droite. Nous portons haut et fort face à un gouvernement sourd un autre projet des retraites, une retraite à taux plein à 60 ans avec un départ anticipé pour travaux pénibles.
Nous portons aussi le temps de travail à 32h par semaine sans perte de salaires, nous portons les augmentations de salaires. Nous portons des revendications pour améliorer les services publics, pour réindustrialiser le territoire. Nous nous battons pour une meilleure répartition des richesses. Nous luttons pour l’émancipation humaine. Nous combattons sans relâche pour une société plus humaine tout en respectant l’environnement et la biodiversité, nous voulons un monde en paix.
Oui, comme toi Gabriel Lejard, nous ne lâcherons rien !
Frédéric PISSOT
Secrétaire général
Union Départementale des syndicats CGT de Côte d’Or