À l’approche du pont du 8 mai, une grève s’annonce particulièrement perturbatrice à la SNCF. Alors que les négociations entre la direction et les syndicats, notamment Sud Rail, sont dans l’impasse, plusieurs catégories de cheminots ont déposé des préavis de grève, faisant planer la menace d’une « semaine noire » sur le réseau ferroviaire français.
Trois catégories de personnel mobilisées
Trois métiers sont concernés par les préavis :
- Les agents du matériel débuteront un mouvement de 48 heures à partir du 6 mai.
- Les conducteurs (ADC) entreront en grève le 7 mai.
- Les contrôleurs (ASCT) ont déposé un préavis s’étendant du 9 au 11 mai.
Si la mobilisation s’annonce très suivie chez les contrôleurs, notamment via le collectif national ASCT (CNA), les conducteurs seraient en revanche moins nombreux à participer, en dehors de certaines lignes en Île-de-France (notamment les lignes D et R, avec 55 % de préavis déposés selon Sud Rail).
Des revendications sur les plannings et les primes
Le principal point de friction concerne un nouveau logiciel de gestion des plannings, accusé de modifier les emplois du temps à la dernière minute sans concertation. « On ne peut plus planifier sa vie personnelle au-delà de 48 heures« , dénonce Sud Rail, qui y voit une dégradation grave des conditions de travail.
Les contrôleurs réclament aussi une revalorisation de leur prime de travail de 100 euros mensuels, ainsi qu’une sécurisation de cette rémunération variable. Le syndicat justifie ces demandes par les bons résultats financiers du groupe SNCF, estimant qu’il est temps de « répartir les richesses« .
Des perturbations majeures à prévoir
La grève des contrôleurs pourrait provoquer de nombreuses annulations de TGV, ces derniers ne pouvant pas circuler sans chef de bord. En parallèle, des travaux prévus de longue date par SNCF Réseau sur les axes vers le sud-est réduiront encore davantage la capacité de transport. Par précaution, 30 % des TGV Ouigo sur ces itinéraires n’ont pas été mis en vente.
Si des cadres réservistes pourraient être mobilisés pour remplacer certains contrôleurs, la SNCF reste discrète sur l’ampleur de ce dispositif.
La réponse de la direction
La SNCF met en avant les engagements tenus depuis 2022, avec notamment une hausse des salaires de 17 % sur trois ans, une prime d’intéressement de 1 300 euros, et une promesse d’amélioration sur la lisibilité des plannings via un audit externe. Sur les revalorisations salariales supplémentaires, la direction reste ferme : pas de nouvelle enveloppe au-delà des +2,2 % annoncés pour 2025.
Une tentative d’apaisement
Dans une lettre ouverte envoyée à tous les cheminots, le PDG Jean-Pierre Farandou alerte sur les conséquences des grèves ciblées pendant les grands départs. Il met en garde contre une perte de confiance des voyageurs et le retour d’un « SNCF bashing » nuisible à l’image de l’entreprise.
Mais son message est fraîchement accueilli, en particulier chez Sud Rail, pour qui les concessions restent insuffisantes.
L’État revoit sa position
Enfin, le ministre des Transports Philippe Tabarot a reconnu ce mercredi la légitimité de certaines revendications, notamment sur les plannings, tout en appuyant la position de la direction sur les investissements prioritaires.