Le paysage politique dijonnais commence à s’animer à un an des élections municipales de 2026. Le 19 février dernier, Franck Ayache, président de l’association Construire Dijon Autrement et figure du centre droit local (UDI), a annoncé son intention de s’engager pleinement dans cette échéance cruciale. Face au risque de montée des extrêmes, il prône le dialogue avec toutes les forces politiques démocratiques. À travers cette interview, il revient sur l’état de ses démarches, la relance de son association, sa vision pour Dijon, et les contours d’un projet qu’il veut centré sur les habitants, le climat et la bonne gestion.
Le 19 février 2025, le centre droit (UDI) que vous représentez sur Dijon, annonce qu’il s’engagera dans la prochaine élection municipale de mars 2026. A cette occasion, vous avez défini vos lignes rouges, le risque des extrêmes. Et que compte tenu de ce risque vous alliez discuter avec tous les partis politiques. Pensez-vous réellement que ce risque existe sur Dijon ?
Franck Ayache : En effet, en cette période d’instabilité politique au niveau national, et en observant le comportement de certains partis extrêmes, fidèles à nos valeurs de responsabilité, de liberté, d’humanisme et de justice sociale, nous devons anticiper car nous ne pouvons exclure ce risque lors des prochaines élections municipales de 2026. Aujourd’hui, et nous en avons l’expérience, personne ne peut prévoir dans quel contexte se déroulera ces élections, même à Dijon. C’est pourquoi nous avons décidé de prendre les devants et de proposer à tous les partis, entrant dans ce champ, de nous rencontrer pour échanger nos points de vue et nos aspirations.
Nous sommes maintenant mi-mai, pouvez-vous nous dire où vous en êtes dans cette démarche ? Avez-vous reçu une écoute attentive des oppositions et de la majorité ?
Franck Ayache : À ce jour, nous avons rencontré, soit formellement pour la plupart, soit de manière informelle, l’ensemble des forces politiques avec lesquelles nous souhaitions engager le dialogue. Même si nous dialoguons en permanence tout au long de l’année en fonction des événements locaux ou nationaux, il était nécessaire d’avoir cet échange maintenant et avant que les discussions entre les forces politiques ne se figent. Ce qui sera sûrement le cas soit pendant l’été, soit au plus tard à l’automne.
Est-ce que vous dialoguez aujourd’hui avec les différents groupes d’opposition ? Par exemple, échangez-vous avec Le Printemps Dijonnais lancé par François-Xavier Dugourd ?
Franck Ayache : Oui, nous engageons des discussions avec les divers groupes d’opposition de droite au conseil municipal de Dijon. Nous avons été longtemps associés avec Les Républicains lors des élections municipales, à l’exception de 2020. Nous nous connaissons bien. J’ai rencontré François-Xavier Dugourd en tant que président des LR de Côte d’Or, mais nous avons également rencontré Henri-Bénigne de Vregille pour Horizons. Nous avons des échanges réguliers avec Agir pour Dijon ainsi qu’avec les autres conseillers municipaux d’opposition comme Laurent Bourguignat, Bruno David ou Axel Sibert.
Et du côté de la majorité, avez-vous des discussions avec la maire de Dijon, François Rebsamen, ou ses adjoints ?
Franck Ayache : Nous avons également des échanges réguliers et apaisés avec la maire, des adjoints, des élus et des proches de la majorité municipale tout au long de l’année, lors d’événements ou sur des projets particuliers. Ces échanges sont essentiels pour le bon fonctionnement de la démocratie. L’important pour nous, entre les périodes d’élections, est de faire avancer nos idées.
Par contre, et j’en suis désolé, mais je ne peux pas vous en dire plus, le respect du secret des échanges est indispensable pour maintenir la confiance que tous les partis que nous avons rencontrés nous accordent. En politique, les choses peuvent changer très vite, ceux qui font ou ont fait de la politique le savent très bien.
Que pensez-vous de la candidature annoncée d’Emmanuel Bichot, président du groupe Agir pour Dijon ? Est-il un atout ou un obstacle à une recomposition de l’opposition ?
Emmanuel Bichot s’est organisé depuis longtemps autour de son micro-parti politique Agir pour Dijon, donc sa candidature n’est pas une surprise. En ce qui nous concerne, nous attendons de connaître son positionnement politique. La majorité actuelle le positionne en droite extrême, ce qui est de bonne guerre en politique. Pour le moment, même si nous restons attentifs, nous observons qu’il a un positionnement de droite (Retailleau), donc il est inutile à ce jour de lui faire un procès d’intentions.
Vous avez récemment relancé, avec Ludovic Bonnot, l’association Construire Dijon Autrement. Pourquoi l’avoir mise en sommeil pendant plusieurs années ? Et pourquoi la réactiver maintenant ?
Franck Ayache : CONSTRUIRE DIJON AUTREMENT est une association fondée en 2018 avec pour but de proposer une vision alternative pour DIJON, au-delà des étiquettes politiques. L’association sert de plateforme d’échange avec les Dijonnaises et les Dijonnais sur les dossiers municipaux de Dijon et de la Métropole. Bien que nous ayons choisi, avec nos adhérents et sympathisants, de rester discrets ces dernières années, nous avons continué à travailler et à élaborer sereinement un projet réaliste pour les Dijonnais en vue des élections municipales de 2026. Ce projet se veut humaniste, plaçant l’habitant au cœur des préoccupations de la Ville, participatif, écologique et innovant. L’objectif de notre programme est de simplifier et d’embellir le quotidien des Dijonnais tout en portant une stratégie ambitieuse de développement. Nous aurons sûrement l’occasion dans les prochaines semaines de vous présenter notre projet pour Dijon.
Construire Dijon Autrement ambitionne de rassembler les forces centristes pour peser dans le débat municipal. Est-ce réaliste dans le contexte politique actuel, marqué par des divisions persistantes ?
Franck Ayache : Je vous confirme que notre premier objectif est de rassembler les forces centristes de Dijon afin de former un bloc central capable d’influencer le débat et le futur programme municipal. C’est ce que nous nous efforçons de faire depuis des années, et encore plus ces derniers mois. Il nous reste encore quelques mois, mais à un moment donné, chacun devra prendre ses responsabilités et choisir ce qu’il veut pour Dijon.
Enfin, comment définiriez-vous aujourd’hui votre propre positionnement politique : êtes-vous un acteur de l’opposition, un modérateur, ou un constructeur d’alternatives ?
Franck Ayache : Cela dépendra du positionnement de chaque force politique, de leurs choix d’orientation et de leurs visions pour Dijon. Avec l’association CDA, dont je suis le président, nous avons une vision et un projet pour Dijon. Notre constat est qu’après plusieurs mandats dédiés au développement de la ville à travers de grands projets, à l’amélioration de son image et de son attractivité, il est essentiel pour le prochain mandat de se concentrer sur 5 axes et trois grandes priorités.
Les 5 axes sont Protéger, Participer, Anticiper, Innover et Bien gérer. Nos 3 grandes priorités sont « se recentrer sur les habitants et leur bien-être » ; « adapter la ville au changement climatique » et « bien gérer ».
C’est pourquoi j’invite tous les habitants qui se reconnaissent dans ce programme et qui souhaitent apporter leur contribution à ce projet à nous rejoindre. Ensemble, nous pouvons construire une ville plus proche de ses habitants, plus verte, plus sûre et bien gérée.
Propos recueillis par F. Bauduin