Alors que la municipalité vient de prendre un arrêté interdisant la circulation des cycles et trottinettes électriques rue de la Liberté à certaines heures, le Collectif Piétons dans la métropole dijonnaise se félicite que la sécurité des piétons soit enfin prise en considération. Mais derrière cette apparente avancée, le collectif pointe un manque de méthode et surtout l’absence de vision globale.
Dans un communiqué publié ce mardi, le collectif regrette une décision prise sans réelle concertation. Selon lui, les représentants des usagers n’ont été conviés à une réunion d’information que quelques jours avant la publication de l’arrêté, sans possibilité de discussion préalable. « Si concertation il y avait eu, nous aurions pu proposer des alternatives concrètes », déclare le collectif, évoquant notamment la mise en place d’itinéraires de contournement pour les cyclistes, une meilleure signalisation, ou encore des campagnes de sensibilisation et des contrôles renforcés.
Le cœur du problème, selon le collectif, dépasse largement le cadre de la rue de la Liberté. C’est toute la question de la cohabitation entre piétons, cyclistes, utilisateurs de trottinettes, mais aussi véhicules motorisés, qui reste mal traitée. En particulier, les rues piétonnes du centre-ville demeurent parcourues chaque matin par de nombreux véhicules utilitaires et riverains, parfois à des vitesses bien supérieures à la « vitesse du pas » qui devrait y être respectée.
Au-delà de cette interdiction ciblée, le collectif plaide pour une stratégie globale : un véritable « schéma directeur piéton ». Ce plan, censé être intégré au PLUiHD adopté par la Métropole en 2019, est toujours attendu. « Cela fait près de 25 ans que tous les documents de planification de la collectivité prévoient un plan en faveur de la marche. Nous l’attendons toujours. »
En appelant à une politique métropolitaine cohérente et financée, le Collectif Piétons pose une question essentielle : à quand une vraie place pour la marche dans les politiques de mobilité urbaine ? La réponse, espèrent-ils, viendra avant la fin de l’actuelle mandature.
Communiqué de presse du 28 mai 2025 :
Pour une vraie politique métropolitaine en faveur de la marche en ville
Si nous ne pouvons que nous réjouir que la municipalité dijonnaise se soucie de la sécurité et du confort des piétons, s’il ne nous semble pas absurde de réserver une rue piétonne aux seuls piétons, nous nous interrogeons cependantsur le calendrier et la méthode ayant conduit à publier un arrêté pour interdire la rue de la Liberté aux cycles et aux trottinettes électriques à certaines heures de la journée. Dès la parution des résultats du premier Baromètre des villes marchable en 2021, nous avions souhaité rencontrer la Métropole, il s’agissait de tirer les leçons du ressenti des piétons tel qu’ils l’avaient exprimé dans le cadre de cette enquête.
Nous avions notamment alerté la Métropole sur les difficultés de cohabitation entre piétons et cyclistes ou usagers de trottinette électrique, difficultés qui allaient bien au-delà de la rue de la Liberté et du centre-ville. Concernant cette rue, nous avions notamment proposé pour limiter le trafic vélo de transit de suggérer aux cyclistes des itinéraires de contournement adaptés et clairement signalés.
Nous avions évoqué la nécessité de campagnes de sensibilisations, de pédagogie, sans exclure le recours à la sanction des comportements inadaptés de certains usagers des rues piétonnes. Nous avions aussi proposé un inventaire des points noirs de la cohabitation entre usagers afin de programmer leur résolution. Force est de constater que, à part quelques opérations « coup de poing » et ce récent arrêté municipal, ces dernières années n’ont pas été mises à profit pour aborder la question de la cohabitation dans les aires piétonnes de façon approfondie et cohérente.
Les représentants des usagers piétons ou cyclistes n’ont été invités par la municipalité que quelques jours avant la parution prévue de l’arrêté et uniquement pour en être informés, donc sans concertation préalable. Si concertation il y avait eu, nous aurions notamment proposé qu’un état des lieux de la rue de la Liberté, par exemple, le volume du trafic de cyclistes et de trottinettes, le nombres d’accidents constatés – même si l’inconfort et le réel sentiment d’insécurité ressenti par piétons vis-à-vis des vélo ou des trottinettes électrique ne soit pas mécaniquement lié à une forte accidentalité –, soit établi et publié afin que, si une mesure d’interdiction était prise, elle puisse être évaluée objectivement au bout d’un certain temps.
Si concertation il y avait eu, nous aurions pu rappeler que le besoin de tranquillité des piétons dans les aires piétonnes ne se réduit pas à la seule question de la cohabitation avec les cyclistes. En effet dans l’aire piétonne du centre-ville, les véhicules motorisée, riverains et surtout véhicules utilitaires sont nombreux surtout le matin et que, malheureusement comme chacun peut le constater, peu roulent à la vitesse du pas qui pourtant s’impose à eux comme aux vélos ou trottinettes électriques.
Nous aurions pu répéter qu’il n’est pas rare de voir des deux-roues motorisés stationner, donc circuler, dans l’aire piétonne, alors que seuls les véhicules autorisés (riverains par exemple) peuvent y circuler à la vitesse du pas, mais sans pouvoir y stationner !
Le confort et la sécurité des piétons en ville ne peut s’appréhender seulement par le biais d’une ou quelques mesures parcellaires, cette question nécessite un approche globale, un vraie politique clairement définie et financée : c’est cela qu’on nomme « schéma directeur piéton », « plan en faveur de la marche », etc. Ce plan, prévu dans le PLUiHD adopté fin 2019 par la Métropole est toujours attendu ! Cela fait d’ailleurs presque 25 ans que tous les documents de planification de la collectivité proposent l’adoption d’un tel plan ! Le plan d’action de la Métropole en faveur de la marche adviendrat-il avant la fin de l’actuelle mandature ?