Dans un communiqué au ton acerbe, le SNES-FSU de l’académie de Dijon s’insurge contre une initiative du rectorat qu’il qualifie de « bricolage audacieux », visant à pallier la pénurie criante de professeurs de français en recyclant des enseignants d’autres disciplines.
Alors que plus de soixante classes de l’académie sont actuellement privées de professeur·e de français à l’approche des examens, et que près d’une cinquantaine de contractuel·les ont été recruté·es dans l’urgence, le syndicat fustige une solution de fortune à laquelle il reproche son manque total de préparation.
Un rendez-vous sous tension avec le rectorat
Face à l’écho médiatique national provoqué par cette situation, le rectorat a convié les syndicats représentatifs à une réunion d’échange le 2 juin. Si le constat sur la crise du système éducatif public semble partagé par les deux parties, les désaccords sont profonds sur les solutions envisagées.
Le SNES-FSU pointe l’opacité du dispositif : « Quel tutorat ? Quelles modalités ? Quelle formation ? » s’interroge le syndicat, soulignant que rien ne semble prêt pour garantir une mise en œuvre sérieuse avant septembre 2026. Il réclame l’abandon pur et simple de cette mesure improvisée.
Des revendications anciennes, toujours ignorées
Pour le syndicat, cette crise est le fruit d’années de politiques d’austérité et de mépris du métier enseignant. Il réitère ses revendications : revalorisation salariale via le dégel du point d’indice, suppression de la journée de carence, réduction des effectifs par classe, et respect des qualifications et de l’expertise des personnels.
Le SNES-FSU déplore également la suppression de sept postes de lettres dans l’académie pour la rentrée 2025, à rebours de la réalité du terrain et des besoins criants des établissements.
Conclusion : une audace qui frôle l’inconscience
« Audacieuse et engagée » selon sa propre communication, l’académie de Dijon semble pourtant bien déconnectée des réalités du terrain. Pour le SNES-FSU, cette expérimentation de recyclage disciplinaire, inefficace et mal ficelée, doit être abandonnée au plus vite. Le syndicat appelle à des mesures structurelles, pérennes et respectueuses des personnels, pour sortir durablement l’école publique de l’impasse.