Le gouvernement a officialisé, par un arrêté publié au Journal officiel du 25 mai 2025, la baisse de 200 millions d’euros de la réduction de loyer de solidarité (RLS). Ce dispositif, qui ponctionne depuis 2018 les ressources des bailleurs sociaux, passera de 1,3 à 1,1 milliard d’euros en 2025. Si cette mesure est saluée par les acteurs du logement social comme un signal fort de soutien à l’investissement, elle pourrait toutefois avoir des conséquences directes pour les locataires les plus modestes.
Un mécanisme de solidarité inversée
À l’origine, la RLS a été mise en place pour compenser la baisse des aides personnalisées au logement (APL). Le principe : l’État réduit les APL pour certains locataires à faibles revenus, mais impose aux bailleurs sociaux de baisser leurs loyers d’un montant équivalent, maintenant ainsi un reste à charge stable pour le locataire.
Avec la baisse du prélèvement RLS, les bailleurs sociaux retrouvent une partie de leurs recettes… mais sans obligation de baisser davantage les loyers, ni de compenser ailleurs les économies que l’État ne fait plus sur les APL. Autrement dit, ce sont potentiellement les locataires qui pourraient se retrouver à payer la différence, si aucune mesure d’accompagnement n’est prévue.
Un gain pour l’investissement, un risque pour l’accessibilité
Certes, cette décision vise à relancer l’investissement dans un secteur en tension. L’Union sociale pour l’habitat (USH) salue une mesure qui permettra d’accélérer la construction et la rénovation de logements sociaux, avec des objectifs ambitieux pour 2025 : plus de 116 000 constructions et 120 000 rénovations énergétiques.
Mais ces bénéfices à moyen terme ne doivent pas masquer une réalité immédiate : les locataires aux revenus modestes pourraient subir un désengagement partiel de l’État, via la baisse des aides et une pression accrue sur les loyers dans certaines zones. Dans un contexte de forte inflation et de crise du pouvoir d’achat, cela représente une inquiétude légitime pour de nombreux ménages déjà fragilisés.
Une relance qui doit rester sociale
Si les bailleurs sociaux se réjouissent de ce « bol d’air » budgétaire, plusieurs voix s’élèvent pour demander que la relance ne se fasse pas au détriment de l’accessibilité des logements. Pour éviter une fracture, des garanties devraient être apportées sur la modération des loyers et le maintien de l’effort national envers les locataires les plus vulnérables.
L’arrêté marque donc une étape importante pour la politique du logement, mais il rappelle aussi un équilibre délicat entre soutien à l’offre et protection de la demande. La réussite de cette relance passera par un suivi attentif des effets sur le terrain, et la capacité à maintenir l’objectif premier du logement social : l’accès au logement pour tous, et en priorité pour ceux qui en ont le plus besoin.