Ce mercredi 11 juin, alors qu’une nouvelle réunion de négociation sur le Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) se tenait à l’usine Tetra Pak de Longvic, la tension a franchi un nouveau cap. Les salariés, toujours en arrêt de production, ont immobilisé un camion sur le parking de l’usine pendant près de cinq heures : une action symbolique témoignant d’un ras-le-bol croissant face à des négociations jugées stériles et à une direction perçue comme absente.
Un camion bloqué, une usine sous tension
Aux alentours de 7 h 30, les salariés réunis comme chaque matin pour signer le registre du danger grave et imminent (DGI) – activé depuis deux semaines – ont découvert un camion chargé d’une pièce industrielle, prêt à quitter les lieux. Rapidement, une soixantaine de salariés ont décidé de bloquer le véhicule.
« Ce camion est venu chercher des pièces pour dépanner une autre usine du groupe, en Hongrie. Il était hors de question de laisser sortir quoi que ce soit de l’usine tant que les négociations n’aboutissent pas », a expliqué Claude Rollandet, représentant CGT.
Selon lui, ce geste a profondément choqué les salariés. « Les gens étaient venus pour soutenir les négociations. Ils ont vu ce camion sortir une pièce comme si de rien n’était, alors que nous sommes à l’arrêt total. C’est une provocation de la direction. »
La direction locale remise en cause
Les salariés dénoncent également le rôle limité des interlocuteurs présents aux réunions de négociation : « On a la preuve que les représentants locaux n’ont aucun pouvoir de décision. Chaque proposition de notre part nécessite qu’ils demandent l’aval de la vraie direction. Nous voulons maintenant négocier directement avec ceux qui ont un pouvoir réel. »
La CGT affirme avoir fait un nouveau pas en proposant une version révisée de son contre-projet au PSE. Mais, selon Rollandet, la direction n’a apporté aucune réponse concrète.
Un climat de plus en plus tendu
Devant l’usine, la colère a explosé. Palettes et pneus ont été brûlés à l’entrée du site, et les salariés ont annoncé une surveillance permanente pour empêcher toute entrée ou sortie de matériel.
« Plus rien ne rentre, plus rien ne sort. On était patients, on a été raisonnables, maintenant on passe à une méthode plus dure. La maintenance est arrêtée, tout est bloqué », prévient le syndicaliste.
L’usine reste à l’arrêt, toujours sous le régime du DGI. « La direction n’a pas apporté les garanties nécessaires pour assurer la sécurité physique et psychologique des salariés. Vu l’état de tension et la dangerosité des machines, on ne peut pas remettre les gens au travail dans ces conditions », affirme la CGT.
Un Comité Social et Économique Local extraordinaire est prévu ce jeudi après-midi. La direction devrait y présenter des mesures pour tenter de lever le DGI, mais la CGT se montre déjà sceptique : « J’ai vu les documents. Pour nous, c’est insuffisant. Ce sera à l’inspection du travail de trancher. »
