Les agents des Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation (SPIP) se mobilisent ce mardi à travers tout le territoire pour dénoncer une dérive sécuritaire sans précédent dans les politiques pénales du gouvernement. Cette journée d’action nationale s’inscrit dans la continuité d’une mobilisation de fond contre ce que les professionnels décrivent comme une « négation pure et simple du sens de leur mission ».
À Dijon et dans sa métropole, les agents se sont également mobilisé·es. Derrière les banderoles, un message fort : « Pour une justice digne, humaine et apaisée », en réponse à une politique qualifiée d’ultra-répressive, portée par un discours ministériel jugé démagogique et méprisant.
Une critique frontale de la politique pénale actuelle
Les SPIP dénoncent une série de mesures récentes qui, selon eux, trahissent leur mission de réinsertion et d’accompagnement des personnes placées sous main de justice :
- recours massif à l’emprisonnement systématique, au détriment des peines alternatives ;
- remise en cause du sursis et des aménagements de peine ;
- développement de l’isolement carcéral dans les quartiers de haute sécurité, assimilé à une forme de « torture blanche » ;
- création d’une police pénitentiaire ;
- projets de location de prisons à l’étranger, jugés absurdes.
Pour les agents, cette orientation nie la dimension humaine de leur travail et met en péril la sécurité à long terme de la société.
« Le SPIP n’est pas un outil de contrôle, c’est un acteur de la réinsertion »
Les professionnels s’insurgent contre les propos récents du ministre de la Justice, laissant entendre que les SPIP seraient inefficaces, voire laxistes. Ils rappellent que le contrôle judiciaire est déjà une part intégrante de leurs missions, mais qu’il ne peut remplacer un accompagnement global et individualisé, seul moyen, selon eux, de prévenir durablement la récidive.
« Ce que nous demandons, c’est une vraie politique d’insertion, pas une machine à punir », témoigne un agent mobilisé.
Alors que les budgets sont massivement orientés vers l’enfermement, les agents réclament une reventilation des moyens vers les missions de probation et d’insertion, jugées plus efficaces et moins coûteuses à long terme.
Réaffirmer les fondements d’une justice républicaine
Le mot d’ordre de cette journée est sans équivoque :
- rappeler que la probation est une peine à part entière, exigeant expertise, éthique et ressources ;
- exiger une politique pénale équilibrée, fondée sur la prévention autant que la sanction ;
- revendiquer une justice humaniste, tournée vers la réinsertion et non la stigmatisation.
Les syndicats appellent l’ensemble des personnels des SPIP, mais aussi tous les acteurs de la justice partageant ces valeurs, à rejoindre les rassemblements.
« Ce n’est pas seulement notre mission qui est attaquée, c’est l’esprit même de la justice dans une démocratie », conclut un communiqué unitaire.