Jusqu’au début de l’automne, la place Sainte-Chapelle, en plein cœur du centre-ville de Dijon, se mue en jardin éphémère. Une initiative de la municipalité qui investit 30 000 euros dans ce projet alliant cadre de vie, art végétal et réponse aux enjeux climatiques.
« Offrir un jardin éphémère ici, entre le Musée des Beaux-Arts et le Grand Théâtre, c’est un acte porteur de sens à bien des égards », a déclaré Nathalie Koenders, maire de Dijon, à l’occasion de l’inauguration de cet îlot de fraîcheur inédit. L’élue rappelle que ce site accueillait autrefois un parking, jusqu’à sa suppression en 2019. Aujourd’hui, la place se pare de plus de 650 plantes vivaces, d’arbres, de transats, d’assises et de tables de pique-nique, métamorphosant cet espace minéral en havre de verdure.
Un hommage à l’art, à la nature et au vivant
Ce jardin temporaire n’est pas seulement une parenthèse végétale, c’est aussi une démarche artistique et écologique. « Le jardin est un art, mais aussi une science. André Le Nôtre disait qu’un jardin est un tableau que l’on peut voir et toucher », a rappelé la maire. Elle y voit une « inspiration inépuisable pour les poètes, les peintres, les photographes », soulignant le lien étroit entre nature et culture, particulièrement à cet emplacement emblématique de Dijon.
Concilier urbanisme et biodiversité
La création de ce jardin en plein centre-ville illustre les limites mais aussi les opportunités de la végétalisation urbaine. Si planter des arbres en cœur de ville reste difficile – en raison de la densité des réseaux souterrains, des contraintes patrimoniales ou du manque d’espace pour les racines – Nathalie Koenders insiste sur une approche « ciblée, raisonnée et adaptée aux caractéristiques des sols et aux besoins des végétaux ».

C’est ainsi qu’ont été aménagés, ces derniers mois, le jardin de l’Hôtel de Voguë, la place du 30-Octobre ou encore l’axe Monge-Beausoleil, avec des espèces sélectionnées pour leur résistance climatique et leur intérêt pour la biodiversité. « Sans les agents des espaces verts, rien de tout cela ne serait possible. Leur travail minutieux façonne le visage végétal de notre ville », a-t-elle tenu à saluer.
Dijon, une ville verte reconnue nationalement
À l’appui de cette politique, les chiffres de l’INSEE donnent raison à la stratégie municipale : avec 7 % de son territoire couvert par des espaces verts, Dijon est, selon l’Institut, la ville française où les habitants accèdent le plus facilement à la nature. « Neuf Dijonnais sur dix peuvent rejoindre un parc ou un jardin en moins de 15 minutes à pied », a rappelé la maire, fière de ce classement.
Un espace éphémère, une mémoire durable
Bien qu’il ne soit que temporaire, ce jardin « laissera un souvenir durable », affirme Nathalie Koenders. « Tout dans la nature est éphémère. Le vivant est de passage. Et c’est dans cette réalité vertigineuse que réside la beauté de ce que la terre abrite. »
À l’approche de la Fête de la musique, la mairie prévoit de protéger le jardin par un barriérage provisoire, afin d’éviter les dégradations : « Les plantes aiment la musique, mais un peu moins la danse quand elle se passe sur elles ! », a-t-elle plaisanté. Dès le lendemain des festivités, l’espace sera de nouveau ouvert au public.
Une politique verte assumée, malgré les critiques
« Il y aura toujours des grincheux, ceux pour qui ce n’est jamais assez ou jamais bien. Moi, j’avance avec notre équipe dans l’intérêt des habitants », a conclu Nathalie Koenders, rappelant que la densité urbaine, loin d’être un obstacle, est selon elle « un levier pour inventer une ville attractive, écologique et sociale ».
Avec ce jardin éphémère, la Ville de Dijon démontre que nature et urbanisme, patrimoine et modernité, peuvent coexister harmonieusement, même le temps d’un été.








