Ce lundi matin, devant les grilles du collège Montchapet à Dijon, la mobilisation était forte et déterminée. Entre 7h40 et 8h20, près d’une centaine de personnes — enseignants, parents d’élèves et collégiens — ont bravé la pluie matinale pour faire entendre leur colère. En ligne de mire : la suppression annoncée d’une classe à la rentrée prochaine, conséquence directe d’une baisse brutale de la Dotation Horaire Globale (DHG).
C’est dans une ambiance à la fois conviviale et tendue que s’est tenue cette manifestation. Piquets, pancartes, slogans : les manifestants ont voulu frapper fort pour dénoncer ce qu’ils estiment être une nouvelle attaque contre le service public d’éducation.
« C’est la troisième classe que l’on nous retire en trois ans ! » s’indigne un professeur de lettres. « On est passés de 17 classes à 14 en seulement trois rentrées. À ce rythme, on va bientôt devoir enseigner dans le couloir… »
La décision du Rectorat, jugée arbitraire et déconnectée du terrain, repose sur des calculs jugés purement « arithmétiques » : une moyenne d’effectifs des cinq dernières années a été utilisée pour estimer le nombre d’élèves entrant en 6e à Montchapet à la rentrée 2025. Résultat : 16 heures d’enseignement en moins, sans concertation préalable avec la direction du collège.
Une méthode contestée, des conséquences lourdes
« Le Rectorat ne prend absolument pas en compte les réalités du terrain, notamment la présence d’élèves à besoins particuliers comme ceux des dispositifs ULIS et UPE2A, » déplore une enseignante spécialisée. Ces dispositifs, qui accueillent respectivement des élèves en situation de handicap et des élèves allophones nouvellement arrivés en France, nécessitent un accompagnement pédagogique renforcé.
« On ne sait même pas encore combien d’élèves UPE2A seront inscrits à la rentrée, et pourtant on sabre déjà dans les heures… » s’insurge un parent d’élève. « C’est un aveuglement total, voire un mépris. »
Pour éviter de perdre une classe de 6e, le collège envisage donc de fermer une classe de 5e. Conséquence : des effectifs qui exploseraient à plus de 30, voire 32 élèves par classe — hors élèves UPE2A. « Et les AESH, on les met où ? Par terre ? » ironise une enseignante. « On va entasser les élèves dans des salles prévues pour 30 maximum. C’est dangereux, et c’est indigne. »
Soutien politique et inquiétudes durables
Fait notable : le Vice-Président du Conseil Départemental de la Côte-d’Or, François-Xavier Dugourd, était présent ce matin pour exprimer son soutien aux manifestants. Une présence rare et remarquée, qui témoigne de l’ampleur de la crise.
Dans les discussions entre parents et enseignants, une question revient souvent : à qui profite ce démantèlement progressif du service public ? Pour beaucoup, la fuite vers l’enseignement privé, particulièrement présent dans le quartier, n’est pas anodine. « L’hémorragie vers le privé est déjà bien entamée. Et avec ce genre de décisions, on accélère le mouvement. Peut-être est-ce, après tout, un objectif non assumé ? » s’interroge une représentante de parents d’élèves.
Quelle suite pour la mobilisation ?
Les enseignants se réuniront ce midi pour décider de la suite à donner au mouvement. Plusieurs pistes sont déjà évoquées : demande d’audience auprès du Rectorat, manifestation devant ses locaux, voire grève si aucune réponse n’est apportée rapidement.
« Nous ne lâcherons pas. L’école publique n’est pas un stock de chiffres. Ce sont des enfants, des parcours, des familles. On demande simplement les moyens de faire correctement notre travail, » conclut un professeur de mathématiques.


