On le sait, les discussions vont bon train. Et en coulisses, ça papote fort — parfois même un peu trop. Hier soir, un comité départemental des Républicains s’est tenu à Chevigny-Saint-Sauveur. D’après nos informations, plusieurs points figuraient à l’ordre du jour, notamment celui des élections municipales à Dijon. François-Xavier Dugourd milite pour une alliance avec Renaissance et Horizons. Un accord serait même sur le point d’être signé… sauf que les choses se compliquent : la proposition de François-Xavier Dugourd ne fait pas l’unanimité.
François-Xavier Dugourd ne s’attendait peut-être pas à faire face à une opposition aussi frontale. Plusieurs voix se sont élevées contre un accord avec Renaissance — et plus particulièrement contre Fadila Khattabi.
La tension était palpable. Lors de cette réunion, Charles Bourgadel, responsable des Jeunes Républicains du département, aurait lancé un virulent « ferme ta gueule » à Céline Renaud. « C’est catastrophique. C’est le niveau le plus bas », nous confie un militant désabusé.
Plus grave encore, Charles Bourgadel et Céline Renaud se sont disputés jusque sur le parking du lieu où se tenait la réunion. Les cris étaient si forts que des habitants sont sortis pour voir ce qui se passait.
La ville de Chevigny-Saint-Sauveur est connue pour être une commune calme et agréable à vivre. Alors, entendre deux militants — et pas n’importe lesquels, des militants LR — se disputer bruyamment après 22 heures, c’est tout de même peu banal. Disons les choses clairement !
Contacté, Charles Bourgadel nous explique : « J’ai envoyé un message à Céline Renaud dès hier soir pour m’excuser. Je lui ai dit que nous sommes deux adultes — enfin, je pense qu’on est deux adultes responsables. On a eu des désaccords, des mots qui ont dépassé notre pensée, on s’est emportés. Pour l’instant, je n’ai pas eu de réponse, mais je lui ai proposé qu’on s’appelle, simplement, pour s’expliquer entre adultes responsables. »
Il est important de rappeler que Céline Renaud s’oppose fermement à cet accord, et elle l’a fait savoir sans détour. Rappelons que la ligne du parti est désormais claire sur la question des municipales, depuis l’arrivée de Bruno Retailleau à la tête des Républicains. Un militant nous confie : « La ligne du parti est claire : LR doit revenir en force sur la scène politique. Cet accord avec Renaissance n’est pas en phase avec cette stratégie. À Dijon, un tel accord sèmerait le doute et l’incompréhension chez ceux qui nous ont rejoints. »
Contacté, François-Xavier Dugourd nous explique : « J’ai été désigné comme chef de file. Pour remettre les choses dans l’ordre, mon rôle est d’organiser notre offre politique et de discuter avec les partenaires potentiels. Là-dessus, tout le monde est d’accord. Nous avons donc engagé ces discussions, et j’ai formulé une proposition. Cette proposition sera soumise à la Commission nationale d’investiture, seule compétente en la matière. »
À ceux qui affirment qu’un vote sur cet accord était prévu hier soir, François-Xavier Dugourd répond : « Pas du tout. Il ne s’agissait pas d’un vote, mais bien d’un projet d’union entre la droite et le centre. C’est ça, notre objectif. Ce que j’ai proposé, c’est une intégration large à Dijon. C’est notre seule ambition — contrairement à d’autres. »
Puis il ajoute : « Je suis président départemental, il y a un secrétaire départemental, nous avons une vision. L’ensemble des présidents, l’ensemble des secrétaires départementaux ont une vision, avec la Commission nationale, qui nous a donné les consignes.
Les consignes, c’est quoi ? On renforce les Républicains un peu partout. Il n’y a pas d’accord national avec quelconque formation politique. La consigne, c’est de déloger la gauche partout où vous le pouvez, et avec tous les moyens possibles. Et moi, j’applique les consignes.
Moi, mon objectif, c’est battre Rebsamen, c’est de battre le système Rebsamen, qui est exprimé aujourd’hui par Nathalie Koenders. On sait très bien que c’est le même système. Le seul objectif, numéro un, c’est ça.
Donc hier, j’ai fait le compte rendu de où on en est dans les discussions pour battre le système Rebsamen et proposer une alternance aux Dijonnais. Moi, j’ai une proposition, qui est basée sur l’union de la droite et du centre, avec Horizons et Renaissance.
Certains ne sont pas d’accord, pour des raisons x ou y, parce que c’est Fadila Khattabi. Sachant que ce n’est pas la candidature de Fadila Khattabi — nous proposons la candidature d’un binôme. Donc certains ne sont pas d’accord, pour des raisons x ou y. Ça s’est exprimé hier, de manière plus ou moins violente. C’est le débat, et c’est bien. Moi, je condamne totalement s’il y a eu, à l’extérieur, des choses qui dépassent. Mais vous savez, nos militants ont parfois le sang chaud ! »
Il tient aussi à nous dire : « Certains ne sont pas d’accord sur la proposition. C’est loin d’être la majorité, Monsieur Bauduin. Loin d’être la majorité, je peux vous le garantir. Mais il n’y a eu aucun vote parce qu’on n’a pas fait voter. En revanche, on va probablement en organiser un. Parce que la question, c’est celle que j’ai posée à ceux qui ne sont pas d’accord : c’est quoi l’alternative ? Quelle est la proposition pour gagner, pour répondre aux objectifs qui nous sont fixés au national ? C’est quoi l’alternative ? C’est quoi l’autre proposition ? Rien n’est sorti hier, aucune autre proposition que celle que je fais. Donc, on va néanmoins continuer le débat, continuer l’échange, au sein de ce parti démocratique. Et on va attendre d’autres propositions. Et ces propositions, dans le respect de nos statuts, seront soumises à la Commission nationale d’investiture. »
Un Conseil national est prévu ce samedi à Paris, présidé par Michel Barnier. À cette occasion, le renouvellement du bureau politique et de la Commission nationale d’investiture (CNI) sera à l’ordre du jour. Cette commission aura notamment pour mission de valider les investitures dans les villes de plus de 30 000 habitants — comme Dijon.
Certains militants accusent François-Xavier Dugourd de vouloir « faire passer en force » cette alliance, ce qu’ils jugent inacceptable. D’autres regrettent que la motion portée par Laurent Bourguignard n’ait pas pu être soumise au vote. Cette motion comportait quatre propositions, dont deux importantes : que la tête de liste soit issue des Républicains, et que la Commission nationale puisse entendre l’ensemble des acteurs concernés — Bruno David, Emmanuel Bichot, Céline Renaud, Laurent Bourguignard et Axel Siber.
« Si une alliance doit être discutée pour les prochaines municipales, cela doit se faire avec Emmanuel Bichot. C’est logique ! » nous affirme un militant.
L’alliance prévoit — et il est important de le souligner — que Fadila Khattabi soit tête de liste, et qu’en cas de victoire, François-Xavier Dugourd prenne la présidence de Dijon Métropole. Mais comme le rappelle le président : « On a un projet, on a un projet d’accord, mais ce projet n’est pas signé. »
Le débat fut houleux et extrêmement tendu. La stratégie qu’il propose déplaît à certains — une petite minorité, selon le président des Républicains. L’heure des choix approche à grands pas, mais quoi qu’il arrive, c’est bien la Commission nationale d’investiture (CNI) qui aura le dernier mot.
D’après nos informations, un second comité départemental devrait se réunir courant juillet, avant la première session de la Commission nationale d’investiture (CNI), prévue le 8 juillet à Paris. En attendant, tout reste en suspens. Affaire à suivre.