La Métropole de Dijon a officiellement lancé une phase de concertation publique autour du tracé de la future ligne T3 du tramway, censée desservir l’est et le sud-est de l’agglomération dijonnaise. Cette initiative fait suite à une étude préalable demandée par les maires de la Métropole et présentée comme une étape d’écoute citoyenne. Mais pour l’association Construire Dijon Autrement, le dialogue proposé est trop tardif, trop limité et surtout trop orienté.
Dans un communiqué publié ce dimanche, l’association affirme que le projet est déjà largement décidé, bien qu’il engage profondément l’avenir urbain, financier et environnemental de la Métropole pour plusieurs décennies.
Un projet structurant… mais verrouillé ?
La ligne T3 devrait, selon les premiers éléments du dossier, relier des quartiers en pleine mutation dans la partie sud-est de Dijon, prolongeant ainsi le réseau actuel des lignes T1 et T2. Le tramway reste le mode de transport privilégié par la Métropole, avec un tracé sur rails alimenté par des caténaires, similaire à celui en place depuis plus d’une décennie.
Mais pour Construire Dijon Autrement, ce choix technologique est daté et rigide, inadapté aux enjeux de flexibilité et d’innovation attendus pour les prochaines décennies. « Le tramway sur rail avec caténaires est une technologie des années 1990« , déplore l’association, qui plaide pour une remise à plat du projet et une réflexion ouverte sur des alternatives plus modernes et moins impactantes, comme les bus à haut niveau de service (BHNS), les tramways sans caténaires, ou encore les solutions de mobilité partagée.
L’autre inquiétude majeure concerne le coût du projet : officiellement annoncé à 200 millions d’euros, le budget pourrait selon les calculs de l’association s’élever à 400 millions d’euros voire plus, en tenant compte des imprévus, des aménagements urbains induits et de l’inflation dans les matériaux et les services publics. Les détails de ces estimations sont accessibles sur leur site https://cda2026.com.
Une dette pour des décennies, des travaux pendant des années
L’association insiste également sur l’impact à long terme de la ligne T3 sur les finances de la Métropole. Une telle opération nécessiterait un recours massif à l’emprunt, ce qui endetterait lourdement la collectivité pour plusieurs dizaines d’années. Les habitants, tout comme les entreprises — principales contributrices à travers la taxe transport —, devront en assumer les conséquences financières.
De plus, le chantier nécessitera plusieurs années de travaux qui perturberont la vie quotidienne de nombreux quartiers. « Les habitants vont devoir s’adapter à des nuisances importantes, sans avoir eu leur mot à dire sur l’opportunité du projet », déplore l’association.
Un référendum local comme seule garantie démocratique
Pour Construire Dijon Autrement, la concertation actuelle ne suffit pas. Elle ne permettrait que des ajustements mineurs alors que les décisions structurantes ont déjà été prises. Le calendrier, lui aussi, interroge : à moins d’un an des élections municipales de mars 2026, l’association redoute que la ligne T3 devienne un enjeu électoral instrumentalisé, alors qu’elle mériterait un traitement plus neutre et plus ouvert.
C’est pourquoi l’association appelle les futures équipes municipales et métropolitaines à s’engager à organiser un véritable référendum local, comme le permet la loi organique du 1er août 2003. Ce référendum porterait à la fois sur le principe même de la création de la ligne T3, mais aussi, le cas échéant, sur le tracé retenu et les modalités techniques du projet.
« Les citoyens doivent avoir la parole sur une décision qui façonnera leur cadre de vie pour les 40 prochaines années. Ce n’est pas un luxe, c’est une exigence démocratique« , déclarent Franck Ayache et Ludovic Bonnot, signataires du communiqué.
Au-delà de la ligne T3, un débat sur la vision de la mobilité à Dijon
Au-delà du cas spécifique de la ligne T3, l’association souhaite ouvrir un débat plus large sur la stratégie de mobilité de la Métropole, qui doit selon elle prendre en compte les mutations technologiques, les exigences écologiques, la soutenabilité budgétaire et les attentes des habitants. « La question n’est pas uniquement de relier deux points par un tramway, mais de savoir quelle vision de la ville nous portons pour les décennies à venir », concluent les porte-parole de l’association.
Construire Dijon Autrement appelle donc à une campagne municipale où les projets de transport seront clairement exposés, débattus et soumis au choix des citoyens, et non traités dans l’ombre de dossiers techniques déjà actés.
Pour consulter l’analyse budgétaire et les propositions alternatives de l’association : https://cda2026.com
Communiqué de presse du 29 juin 2025 :
Future Ligne T3 : Une Concertation Bienvenue mais Insuffisante C’est aux habitants de la Métropole de décider.
À la suite des résultats d’une étude préalable demandée par les maires de la Métropole, le président de la Métropole a lancé une concertation sur le tracé retenu pour la future ligne du Tram T3. Bien que cette initiative soit louable, elle nous semble insuffisante. Cette méthode de consultation ne permettra que des ajustements marginaux à un projet qui apparaît déjà décidé, et ce, avant des échéances locales importantes, notamment les élections municipales de mars 2026.
Ce projet engage profondément les habitants de Dijon et de toute la Métropole, ainsi que les entreprises, principales contributrices financières. En effet, même si le tracé de la ligne T3 semble pertinent, cette nouvelle ligne va redessiner la partie sud-est de Dijon, figera les axes de développement urbain pour les 40 prochaines années, imposera un mode de transport public daté des années 90 (le tramway sur rail avec caténaires) et endettera lourdement la Métropole pour de nombreuses années. Le budget annoncé est d’environ 200 millions d’euros, mais selon nos calculs (disponibles sur le site : https://cda2026.com/ ), suivant les différentes configurations et la temporalité, nous pourrions plutôt nous attendre au double, voire plus. Enfin, cela implique pour les habitants de la Métropole de s’adapter à des années de travaux. Il nous semble essentiel que les habitants de la Métropole se prononcent et valident ou non ce choix, en dehors de toute considération électorale.
Les élections municipales de l’an prochain ne peuvent et ne doivent pas servir de référendum pour ou contre la ligne T3. Les questions de mobilité méritent mieux qu’un débat restrictif. Il y aura bien d’autres problématiques à gérer pour les futures équipes municipales et métropolitaines, même si la question de la ligne du Tram T3 en fait partie. L’association Construire Dijon Autrement souhaite que les équipes qui se présenteront aux prochaines élections de mars prochain s’engagent à organiser un référendum local sur toute la Métropole, selon les modalités définies par la loi organique du 1er août 2003. La question sera de décider ou non de la construction de cette nouvelle ligne et de se prononcer, le cas échéant, sur le tracé retenu.
L’association Construire Dijon Autrement n’a pas peur de la démocratie. Il appartiendra à toutes les futures majorités de la Métropole d’organiser ce moment démocratique, de se positionner et aussi de permettre aux oppositions de jouer leur rôle et de défendre leur vision de la mobilité dans la Métropole pour les 40 années à venir.
Pour Construire Dijon Autrement,
Franck AYACHE
Ludovic BONNOT