Alors que l’usine de Longvic ferme ses portes, laissant plus de 200 salariés sur le carreau, la CGT s’insurge contre la distinction décernée par le Financial Times à Tetra Pak, qualifiée de « modèle d’employeur » en Europe.
La nouvelle est tombée comme une gifle pour les salariés de Longvic : Tetra Pak, multinationale suédoise spécialisée dans les emballages alimentaires, vient d’être distinguée par le Financial Times et Statista comme l’un des meilleurs employeurs d’Europe. Une reconnaissance qui fait bondir la CGT, notamment la Fédération des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication (Filpac), qui dénonce une opération de communication cynique, en totale contradiction avec la réalité vécue par les salariés français.
Dans un communiqué incendiaire daté du 8 juillet 2025, la Filpac CGT fustige « une insulte » envers les plus de 200 salariés du site de Longvic (Côte-d’Or), licenciés dans le cadre d’une fermeture sèche décidée en 2024. Pour la fédération, cette distinction « sacre » un groupe qui a méthodiquement piétiné la dignité de ses employés, en les traitant comme de « vieux outils rouillés », bons à jeter.
« Voilà donc le nouveau modèle : jeter plus de 200 salariés dans la précarité la plus crasse (…) est désormais un acte de vertu patronale », s’indigne le communiqué.
La CGT rappelle les pratiques fiscales controversées de l’entreprise, ainsi que le contraste saisissant entre les discours managériaux lénifiants et la violence sociale sur le terrain. En ligne de mire : les déclarations d’Adolfo Orive, PDG de Tetra Pak, qui vantait récemment son entreprise comme un lieu où « chacun peut réaliser son potentiel » et « avoir une influence positive ».
Pour la Filpac, ces propos sonnent comme une provocation, à l’heure où les anciens salariés de Longvic « développent » plutôt, ironise-t-elle, « leurs découverts bancaires » et « leurs angoisses existentielles ».
« La misère aurait donc des vertus pédagogiques ? » interroge le syndicat avec colère, en dénonçant une politique sociale fondée sur le mépris et la brutalité, loin des standards sociaux que prétend incarner l’entreprise.
Alors que Tetra Pak continue de prospérer à l’échelle mondiale, la CGT appelle à ne pas se laisser abuser par les apparences. Pour elle, cette reconnaissance internationale ne récompense pas une culture d’entreprise exemplaire, mais entérine une logique de gestion brutale, marquée par le mépris des salariés et la course aux profits.
« Non, Tetra Pak n’est pas un modèle d’humanisme. Leur seule ambition n’est pas de faire grandir les salariés, mais de les broyer avec le sourire. »
Ce nouveau coup d’éclat risque de raviver la colère des salariés de Longvic, dont la lutte pour la reconnaissance et la justice sociale se poursuit. La CGT, elle, prévient : elle ne laissera pas ces « mensonges circuler sans les contester ». Pour les syndicalistes, le véritable prix à remettre à Tetra Pak ne serait pas celui de « meilleur employeur », mais celui de la plus froide déshumanisation.