Alors qu’il occupe désormais les fonctions de ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, l’ancien maire de Dijon François Rebsamen est sous le feu des critiques. L’association Transparence citoyenne dénonce les 121 014,23 euros de notes de frais engagés par l’élu socialiste entre janvier 2020 et octobre 2024, lorsqu’il était à la tête de la mairie de Dijon et de la métropole selon un article de Valeur Actuelles.
Malgré les demandes répétées de l’association, les documents justificatifs n’ont été communiqués qu’après une saisine du tribunal administratif, et sous contrainte d’une décision favorable de la CADA. Un silence que l’association juge révélateur d’un certain manque de transparence.
Des frais jugés « excessifs » par rapport à d’autres grandes villes selon l’association
Trois grandes catégories de dépenses ont été recensées :
- 76 713,54 € de frais de restauration
- 33 990,69 € de frais de déplacement
- 10 262 € de frais de représentation
Selon Guillaume Leroy, président de Transparence citoyenne, « M. Rebsamen a dépensé deux fois plus que ses homologues de Rennes, Nantes ou Montpellier, pourtant à la tête de collectivités plus peuplées ».
Restaurants récurrents, notes non justifiées
L’association relève également le manque de traçabilité des repas déclarés. Aucun justificatif ne mentionne les noms des invités, certains dîners ayant même eu lieu le dimanche, soulevant des soupçons d’usage personnel.
Deux établissements apparaissent fréquemment :
- Le Café Gourmand : 52 passages, 13 325,60 € dépensés.
- Le restaurant de l’Hôtel Ibis Dijon Central : 54 passages, 16 520,15 €.
À Paris, Rebsamen a également été aperçu six fois au “Train Bleu”, restaurant de la gare de Lyon. Un déjeuner y a atteint 191 € pour deux personnes, avec un Saint-Pierre à 105 € au menu.
Le cabinet du ministre justifie : « La ville ne dispose pas de cuisine municipale pour les repas de travail ». Une défense jugée peu convaincante par Guillaume Leroy : « Il existe une dizaine de restaurants autour de la mairie. Pourquoi toujours les mêmes ? »
Des taxis nocturnes parisiens à répétition
Autre poste de dépense conséquent : 14 167,17 € de taxis, tous à Paris. Des courses parfois réalisées tard dans la nuit, ce qui laisse penser à des retours dîners-hôtel, dans le quartier de la gare de Lyon.
Transparence citoyenne s’interroge : « Ces déplacements ont-ils un lien avec ses fonctions de maire ? À défaut, ils pourraient constituer un abus de fonds publics. » L’association estime également à 10 000 € les billets SNCF non encore intégrés aux frais communiqués.
Plus de 10 000 € de costumes de luxe
Enfin, les frais de représentation incluent notamment l’achat de costumes de marques prestigieuses (Hugo Boss, Corneliani, Hackett…), tous achetés chez Franck Berthier à Dijon. Coût total : 10 262 €.
Le cabinet du ministre affirme que ces tenues ont été portées exclusivement dans un cadre protocolaire. Mais aucun document ne vient le prouver. Pour Transparence citoyenne, ces achats posent problème : « Dans le privé, ils seraient considérés comme des dépenses personnelles. Pourquoi en serait-il autrement dans le secteur public ? »
Une exigence de clarté restée lettre morte
Malgré plusieurs courriers, Transparence citoyenne attend toujours des explications détaillées sur le lien entre ces dépenses et les fonctions exercées par M. Rebsamen. L’association a même demandé l’extraction comptable des trois derniers exercices municipaux.
Dans un contexte de crise de confiance vis-à-vis des élus, ces révélations jettent une ombre sur la gestion de celui qui, désormais, supervise la décentralisation et les finances locales. Transparence citoyenne conclut : « Votre engagement pour l’intégrité doit désormais se refléter dans chaque action, montrant la voie d’une gestion financière saine et transparente. »
Dijon Actualités reviendra prochainement sur le sujet. En attendant, nous prenons l’initiative de mettre en ligne les factures des années 2020, 2021, 2022, 2023 et 2024. L’objectif est de permettre à chaque lecteur et lectrice de comprendre la démarche entreprise par l’association Transparence citoyenne.