Dans la nuit du 13 au 14 juillet, un acte odieux a frappé l’un des bâtiments les plus emblématiques du patrimoine dijonnais. Un tag raciste a été inscrit sur la porte de la Maison Millière, classée monument historique et célèbre pour son architecture médiévale, située au cœur de la vieille ville de Dijon.
Mais au-delà du choc patrimonial, c’est une attaque profondément raciste ciblant deux salarié·es de l’établissement qui a provoqué une vive émotion dans la ville. L’inscription, dont la teneur ignoble ne sera pas reproduite ici, associait des propos injurieux à des noms précis, dans une tentative manifeste de stigmatiser et d’humilier.
Une mobilisation immédiate
Le 16 juillet 2025, l’indignation s’est muée en mobilisation. Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant l’établissement. Parmi les présent·es figuraient des membres de l’union syndicale Solidaires 21, de la CGT, de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), mais aussi de simples citoyen·nes venu·es exprimer leur solidarité.
« Il faut qu’on comprenne ce qui se passe. Ce n’est pas un acte isolé. Il y a une libération croissante de la parole raciste, encouragée par un climat politique délétère », a déclaré Théo Contis, co-secrétaire de Solidaires 21. Il a dénoncé l’absence de réaction des autorités dans les heures qui ont suivi : « 72 heures après, le tag était encore là. Aucune déclaration publique des élus locaux. C’est sidérant. »
Théo Contis a également salué l’attitude de l’employeur, M. Jean-François Lieutet, pour son soutien actif à ses salarié·es ciblé·es. « Il est rare qu’un employeur s’engage aussi fermement. Nous saluons son implication. »

L’émotion du gérant
Prenant la parole à son tour, M. Jean-François Lieutet, gérant de la Maison Millière, a livré un discours empreint d’émotion, d’humour et de gravité. Il a évoqué le choc de découvrir l’inscription raciste, les démarches entreprises pour porter plainte, et les délais administratifs qui ont empêché le retrait immédiat du tag. Il a tenu à souligner la qualité humaine et professionnelle des deux salarié·es visé·es, Cheick et Gémima :
« Ces jeunes nous ont été recommandés par leur école. Ils ont fait leurs preuves, ils ont des diplômes, du talent, et surtout, une envie de s’investir. Nous les avons choisis car ce sont les meilleurs. Point final. »
Visiblement touché par le soutien reçu, le gérant a poursuivi dans un ton parfois décalé mais profondément sincère : « Nous sommes riches de nos différences, de nos couleurs, de nos valeurs. Cette maison, c’est la Bourgogne, mais c’est aussi aujourd’hui la Guinée et le Congo qui y trouvent leur place. »
Une plainte déposée, le tag bientôt retiré
Une plainte contre X a été déposée, permettant aux services municipaux d’intervenir pour effacer l’inscription raciste, encore visible au moment du rassemblement. Le retrait, bloqué jusqu’ici pour des raisons administratives, devrait intervenir dans les jours à venir.
Le gérant de l’établissement, M. Jean-François Lieutet, a affirmé avoir reçu le soutien de Nathalie Koenders, maire de Dijon, ainsi que de la présidente de la LICRA. Une reconnaissance qui, selon lui, montre que ces actes ne peuvent rester sans réponse institutionnelle.
Une vigilance de tous les instants
Pour Solidaires 21 comme pour la CGT et la LDH, cet événement n’est pas anecdotique. Il s’inscrit dans un climat de tensions croissantes, où les actes racistes se banalisent. Le message des organisations syndicales est clair : chaque attaque, chaque acte de haine, doit recevoir une réponse collective et ferme. « Ce n’est pas juste un tag. C’est une tentative d’intimidation, une attaque contre la dignité humaine. Et nous y répondrons à chaque fois. »



