Dans un communiqué publié le 31 juillet 2025, la députée Catherine Hervieu s’alarme de l’implantation à Longvic d’un Centre de Rétention Administrative (CRA) de grande envergure. Avec 140 places prévues, ce centre serait l’un des plus importants de France. Une décision que l’élue écologiste qualifie de dérive sécuritaire, au détriment de la dignité humaine et des droits fondamentaux.
Dans le cadre d’un programme gouvernemental visant à ouvrir dix nouveaux CRA d’ici 2027 – en plus des 26 existants – la métropole dijonnaise se voit attribuer l’un des plus grands projets du dispositif. Pour Catherine Hervieu, cette stratégie d’enfermement de personnes étrangères sans titre de séjour « ne règle ni la question de fond de la migration, ni la situation concrète des personnes concernées, qui cherchent très majoritairement à s’intégrer ».
Une critique sévère de la politique migratoire actuelle
Dans son communiqué, la députée s’insurge contre les récentes lois sur l’immigration, notamment la LOPMI (2023) et la loi « Asile et Immigration » (2024), qu’elle considère comme directement inspirées par les thèses de l’extrême droite. Ces textes, selon elle, alimentent une logique de rejet plutôt que de gestion humaniste des migrations.
Elle rappelle que la majorité des personnes enfermées dans les CRA n’ont commis aucun crime ni délit, mais se retrouvent privées de liberté pour des raisons purement administratives. Une situation d’autant plus choquante que les conditions de rétention sont, selon de nombreux rapports, inhumaines. Catherine Hervieu évoque les constats alarmants d’associations, de parlementaires, mais aussi de la Cour européenne des Droits de l’Homme, qui a condamné la France à onze reprises, notamment pour l’enfermement de mineurs – dont des nourrissons.
Un coût exorbitant pour une efficacité contestée
Au-delà des considérations morales, l’élue dénonce l’inefficacité et le coût astronomique de cette politique. Le CRA de Longvic représenterait à lui seul plus de 30 millions d’euros par an, sur la base d’un coût journalier de 602 euros par place. À l’échelle nationale, le programme représente 240 millions d’euros d’investissement, alors même que la Cour des Comptes alerte sur le caractère peu efficient de ces dispositifs.
« À l’heure où l’État prépare un budget 2026 placé sous le signe de l’austérité, de telles sommes seraient bien mieux utilisées pour financer des politiques de régularisation, d’accueil et d’intégration », affirme la députée.
Un appel à un changement de cap
Catherine Hervieu plaide pour une réorientation profonde de la politique migratoire française. Plutôt que d’investir dans l’enfermement, elle appelle à une approche fondée sur l’intégration sociale et culturelle, en lien avec les collectivités locales, les associations et les acteurs économiques – notamment dans les secteurs qui, souligne-t-elle, dépendent déjà massivement du travail de personnes sans papiers : BTP, agriculture, hôtellerie-restauration, services à la personne…
« À budget égal, une politique migratoire humaniste et efficace est possible », conclut-elle, exhortant le gouvernement à sortir d’une logique répressive inefficace et moralement indéfendable.
Communiqué de presse du 31 juillet 2025 :
Implantation d’un Centre de Rétention Administrative (CRA) à Longvic :
Les dérives de la politique de lutte contre l’immigration au détriment de la dignité humaine
Dans une logique de fuite en avant concernant la lutte contre l’immigration irrégulière, un programme de dix nouveaux centres de rétention administrative (CRA) est prévu d’ici 2027, s’ajoutant aux 26 existants. Ainsi, la métropole dijonnaise devrait accueillir à Longvic l’un des plus grands CRA de France avec 140 places. La priorité conférée à ces lieux de privation de liberté suscitait déjà une vive controverse dans le cadre de la Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur (LOPMI) de 2023, suivie de la loi « Asile et Immigration » en 2024. Celles-ci sont largement inspirées par l’extrême-droite qui, de tout temps, a fait du rejet de l’autre la matrice de son idéologie et de son programme. Ces lois ne résolvent pas sur le fond la question migratoire.
La majorité des personnes enfermées dans les CRA n’ont commis ni crime, ni délit. Elles sont enfermées dans des conditions inhumaines, constatées par des associations et des parlementaires. Tout cela pour des raisons administratives ou pour défaut de titre de séjour alors même que des difficultés de l’accès au droit des personnes étrangères ont été relevées. Près de la moitié d’entre elles ont été libérées par décision de justice l’an dernier. Ainsi, la satisfaction des demandes des personnes au titre du droit d’asile poursuit une baisse drastique face à l’augmentation du nombre de personnes se retrouvant en CRA.
A l’heure des analyses des coûts des politiques publiques, il convient de poser celui de l’enferment des personnes. Au-delà des 240 millions d’euros d’investissement nécessaires à la construction des nouveaux centres, la Cour des Comptes alerte sur le gouffre financier à terme, a fortiori pour une politique à « l’efficacité très contestable ». Avec un coût estimé à 602 euros par place et par jour, les 140 places prévues pour le futur CRA à Longvic reviennent à plus de 30 millions d’euros par an. En comparaison, cela équivaut au budget pluriannuel de Dijon Métropole (2020-2026) consacré au transport public.
À cela s’ajoutent les atteintes portées à la dignité humaine et aux droits fondamentaux avec des conditions d’enfermement qualifiées par la Cour européenne des Droits de l’Homme de traitements inhumains et dégradants. Dans ses onze arrêts condamnant la France, la Cour évoque également l’enfermement de 35000 enfants dont des nourrissons.
La politique française d’immigration et de l’intégration telle qu’elle est conduite ne règle ni la question de fond, ni la situation concrète des personnes qui cherchent très majoritairement à s’intégrer. De plus, il faut dénoncer l’hypocrisie du fonctionnement d’une partie de notre économie reposant sur des milliers de sans-papiers, notamment dans le BTP, l’hôtellerie et restauration, l’agriculture et la viticulture et de plus en plus dans les services essentiels à la personne.
Alors que la préparation du budget 2026 de l’État est placée sous le signe de l’austérité, les investissements prévus dans les CRA trouveraient mieux leur affectation dans les politiques de régularisation et d’accueil des demandeurs d’asile. À budget égal, une politique migratoire humaniste et efficace dont la France a besoin, par ailleurs, est possible. Elle doit être envisagée, non pas sous le seul angle sécuritaire, mais en matière d’intégration sociale et culturelle, en lien avec ce qui est, de toute façon, à l’œuvre au quotidien avec les collectivités locales, les associations et des acteurs économiques.