Thierry Coudert mènera une liste UDR-RN aux élections municipales de 2026 à Dijon. Nous l’avons rencontré pour un entretien sans détour, dans lequel il a accepté de répondre à nos questions sur sa candidature, sa vision pour la ville, et les enjeux politiques locaux.
Vous avez choisi de mener une liste d’union des droites RN / UDR et alliés pour les municipales de 2026 à Dijon. Pourquoi avoir choisi cette ville ? Quel lien personnel ou politique entretenez-vous avec Dijon ?
Thierry Coudert : J’avais été candidat, lors de la dissolution, dans la 3e circonscription où j’avais réalisé un score historique avec 47 % au 2e tour.
J’ai considéré, avec mes amis politiques, que les enjeux majeurs étaient désormais sur Dijon, qui contrôle la métropole. Je m’étais investi avec ardeur sur ce territoire, en rencontrant tous les acteurs essentiels, mais aussi en allant au contact de la population.
J’ai poursuivi ce dialogue depuis et ai mesuré qu’en 25 ans, le système Rebsamen avait marqué, mais était désormais à bout de souffle : une insécurité croissante, une bétonisation galopante, une minéralisation assumée, mais plus très conforme à l’air du temps.
J’ai passé ma carrière préfectorale à changer de territoire tous les deux ou trois ans, agissant comme si j’y étais depuis toujours et pour toujours.
Aujourd’hui, je suis libre et souhaite apporter, sur la durée, à Dijon que j’ai appris à aimer, plus de 40 ans d’expérience administrative et d’élu, et m’y implanter définitivement à titre personnel.
Les forces que je rassemble sont seules en mesure d’offrir une alternative au système Rebsamen, dont Mme Koenders n’est qu’un avatar, car sa réélection signifiera la réélection du président de la métropole, qui détient le vrai pouvoir.
La droite dijonnaise semble divisée : d’un côté, ceux qui refusent toute alliance avec Renaissance et Fadila Khattabi ; de l’autre, ceux qui, comme François-Xavier Dugourd, y sont favorables. Quelle est votre position sur ce débat, et comment jugez-vous cette fracture ?
Thierry Coudert : Ne l’appelez jamais plus « droite dijonnaise » ! Monsieur Dugourd et ses amis avaient déjà préféré faire élire le député socialiste Priebetich. Maintenant, ils se rangent derrière la pilote macroniste. Ils avaient annoncé un printemps dijonnais : Mme K en sera le bourgeon !
Tout cela a le mérite de la clarté : les petits accommodements anciens, de notables se disant de droite avec la gauche localement au pouvoir, sont mis au grand jour.
Me Khattabi et M. Rebsamen furent tous deux socialistes ; ils sont aujourd’hui macronistes. Tous deux ont été récompensés de leur trahison par des postes ministériels.
Bonnet blanc et blanc bonnet ! Et des dirigeants locaux de LR en perdition s’allient avec une héritière rejetée par le patriarche. Un vrai radeau de la Méduse !
Comment imaginer qu’au 2e tour Mme Khattabi ne fusionnera pas avec la liste patronnée par Monsieur Rebsamen ?
Thierry Coudert : Tout cela contribue à accréditer l’idée que la politique n’est qu’un jeu entre initiés.
Emmanuel Bichot est également candidat à Dijon. Avez-vous envisagé une alliance avec lui ? Si oui, pourquoi cela n’a-t-il pas abouti ? Que vous a-t-il répondu ?
Thierry Coudert : J’ai beaucoup d’estime pour Emmanuel Bichot, qui est un opposant opiniâtre et qui fut un des rares élus de droite à me soutenir. Je lui avais proposé de faire liste commune, quitte à réfléchir sur le partage mairie/métropole.
Il a souhaité monter une liste apolitique, mais pour une capitale régionale, tous les choix sont très politiques, et bien des dossiers nécessitent des appuis politiques nationaux.
Il avait été battu en 2020, soutenu par la droite et le centre. Cette fois, il s’engage dans une aventure solitaire, et il est à craindre qu’il n’atteigne pas les 5 % qui permettent de fusionner au 2e tour.
Pour la première fois depuis longtemps, grâce à l’implosion de la majorité sortante, la droite peut reprendre Dijon.
Je suis soutenu par le Rassemblement national, l’UDR, Identité et Libertés de Marion Maréchal, ainsi que par des personnalités de LR, déboussolées par la trahison de leurs leaders locaux, et m’appuie sur un socle électoral d’au moins 25 %, confirmé aux deux dernières élections.
Le moment est donc venu de rassembler tous les éléments de droite épars pour créer, dès le 1er tour, le sursaut. Ma porte reste bien entendu ouverte à Emmanuel Bichot, et s’il nous rejoint pour contribuer à la victoire, il aura la place qu’il mérite.

Dans un communiqué daté du 17 juillet 2025, vous avez proposé deux mesures fortes en matière de sécurité :
- Le renforcement d’une police municipale active 24h/24 ;
- La multiplication par cinq du nombre de caméras de vidéoprotection.
Ces mesures feront-elles partie intégrante de votre programme pour 2026 ? Avez-vous estimé leur coût et leur faisabilité ? Quelle est votre vision pour Dijon à l’horizon 2030 ? Quels sont, selon vous, les trois grands chantiers prioritaires ?
Thierry Coudert : Ces mesures seront bien entendu dans mon programme, et bien d’autres. La sécurité est le thème majeur de ma campagne. Il est triste que, presque chaque fois que notre capitale régionale fait parler d’elle dans la presse nationale, ce soit à propos de faits de délinquance.
Nos concitoyens vivent cela durement au quotidien. Je suis en train d’affiner ces mesures et leur financement. Celui-ci sera prioritaire. Je m’exprimerai en détail en septembre à ce propos.
En plus de la sécurité, notre programme sera centré sur les questions d’urbanisme et de cadre de vie. L’arrêt de la bétonnisation, qui a détruit l’âme de la ville et des quartiers en dehors du centre historique, est un impératif.
Il doit s’accompagner d’une revisitation des questions de mobilité au sein de la ville et de la métropole, et d’une attention soutenue à la sauvegarde du patrimoine. En matière de cadre de vie, beaucoup est à revoir. La minéralisation a longtemps été le mot d’ordre.
La végétation et l’eau doivent retrouver droit de cité dans notre paysage urbain. Il y aura aussi beaucoup d’autres aspects qui seront dévoilés au cours du dernier trimestre, en matière culturelle par exemple, sujet qui me tient personnellement à cœur.
Sur le plan économique, quelles sont vos propositions pour dynamiser l’activité locale, soutenir les commerçants et attirer de nouvelles entreprises à Dijon ?
Thierry Coudert : Le dynamisme économique est un vrai souci, comme l’attestent des défaillances récentes. Je poursuivrai à la rentrée mes consultations des milieux économiques pour élaborer un programme détaillé qui mobilise le soutien à l’entreprise et au commerce, mais aussi l’adaptation de politiques municipales au développement économique, comme les questions de mobilité, de desserte ou de stationnement.
En matière de commerce, le dossier des Halles est essentiel non seulement sur le plan patrimonial, mais aussi pour la dynamisation de la commercialité du centre-ville.
Quels seront les profils que vous souhaitez voir figurer sur votre liste ? Prioriserez-vous des figures locales ou des personnalités issues de la société civile ?
Thierry Coudert : La liste surprendra. Elle sera rendue publique d’ici la fin de l’année. À mes côtés et à ceux de la conseillère régionale Mélanie Fortier, il y aura bien sûr des figures locales, des personnalités de la société civile et puis de simples habitants engagés dans des associations ou la vie de leur quartier. Cette liste ressemblera à Dijon, dans sa diversité. Nous souhaitons rassembler tous ceux du peuple de droite mais aussi ceux qui, par-delà les clivages, aiment leur ville.
La sécurité est au cœur de votre discours. Mais comment comptez-vous restaurer la confiance avec les habitants des quartiers populaires, souvent stigmatisés dans les débats publics ?
Thierry Coudert : Restaurer la confiance avec les quartiers populaires, c’est restaurer la sécurité, la première de nos libertés ! Les principales victimes de la délinquance sont leurs habitants. Combien d’entre eux nous disent qu’elle était la douceur d’y vivre il y a une vingtaine d’années et comment tout cela est progressivement devenu infernal, souvent à cause d’une poignée d’individus.
La sécurité est un préalable, mais il faut aussi rétablir une vraie vie citoyenne en leur sein, en redonnant notamment un vrai rôle aux comités de quartier.