Face à la désertification médicale et à la demande croissante d’accès aux soins, le CHU Dijon Bourgogne affirme son engagement dans le développement de la télémédecine. Diagnostic à distance, téléexpertise, télésurveillance : tour d’horizon d’un virage numérique en marche.
Définie à l’article L6316-1 du Code de la santé publique, la télémédecine représente une forme moderne de pratique médicale qui utilise les technologies de l’information et de la communication pour rapprocher les patients des professionnels de santé. Un outil devenu incontournable pour répondre aux tensions démographiques, à l’évolution des besoins de santé publique et à la raréfaction des médecins dans certaines régions, notamment en Bourgogne-Franche-Comté, où plus de 20 % de la population vit dans des zones déficitaires en offre médicale.
Une pratique encadrée en pleine expansion
Instaurée légalement en France par la loi HPST de 2009, la télémédecine est aujourd’hui pleinement intégrée à la pratique médicale. Depuis 2018, de nombreux actes sont pris en charge par l’Assurance maladie. La crise sanitaire liée au COVID-19 a agi comme un catalyseur, démocratisant son usage, aussi bien chez les patients que chez les professionnels.
Téléconsultations, téléexpertise, télésurveillance : ces services ne remplacent pas les consultations classiques, mais offrent des solutions efficaces pour faciliter l’accès aux soins, renforcer la coordination médicale, éviter certains déplacements inutiles et mieux suivre les patients dans la durée.
Une mobilisation régionale exemplaire
La région Bourgogne-Franche-Comté s’est fortement investie dans le développement du numérique en santé, en cohérence avec la stratégie nationale 2023-2027. Avec l’appui de l’Agence Régionale de Santé et du Groupement Régional d’Appui au Développement de la e-Santé (GRADeS), des solutions concrètes ont été mises à disposition des praticiens et établissements.
Parmi elles, la plateforme sécurisée TELMI permet aux médecins d’accéder à des services de téléconsultation et de téléexpertise, avec un accompagnement personnalisé assuré par des professionnels comme Albane Roumestan, chargée de mission télémédecine au CHU depuis janvier 2023.
Grâce à des financements régionaux et nationaux, près de 2 millions d’euros ont été investis entre 2020 et 2023 pour équiper les structures de soins (téléphones, dermatoscopes, ECG, polygraphes, etc.). Une enveloppe de 300 000 € est encore prévue jusqu’en 2025 pour soutenir les centres de ressources en dermatologie.
Le CHU Dijon Bourgogne, moteur de l’innovation numérique
En tant qu’établissement de recours, le CHU Dijon Bourgogne joue un rôle central dans l’essor de la télémédecine régionale. Conscient des défis de la désertification médicale, l’hôpital a mis en place des dispositifs permettant de partager son expertise avec les territoires isolés, tout en améliorant les parcours de soin.
Téléconsultations : une pratique installée
Le service de génétique du CHU réalise désormais près d’un quart de ses consultations à distance. « La téléconsultation est devenue incontournable », assure la professeure Laurence Olivier-Faivre. Moins de déplacements, moins de fatigue, plus de flexibilité : les patients, souvent éloignés, plébiscitent la solution.
Avec 1 732 téléconsultations réalisées en 2024 sur plus de 7 000 rendez-vous, le service démontre l’efficacité et l’acceptabilité de ce mode de prise en charge.
La téléexpertise : un appui aux médecins de terrain
La téléexpertise, souvent asynchrone, permet à un médecin généraliste de solliciter rapidement l’avis d’un spécialiste via TELMI. Elle est particulièrement précieuse dans les zones sous-dotées, comme dans l’Yonne, la Nièvre ou la Haute-Marne, où la densité de rhumatologues est 50 % inférieure à la moyenne nationale.
Le service de rhumatologie du CHU, pionnier en la matière, a délivré plus de 800 avis spécialisés depuis 2020, à l’initiative du Pr Paul Ornetti. En dermatologie, ce sont plus de 1 100 dossiers traités en 2024 grâce à un dispositif de centre de ressources structuré.
« Grâce à la téléexpertise, nous ne manquons plus un mélanome dans les territoires périphériques », se réjouit la Dre Camille Leleu, du service dermatologique.
La télésurveillance : la médecine au domicile du patient
Entrée dans le droit commun en juillet 2023, la télésurveillance s’applique à plusieurs pathologies chroniques, comme l’insuffisance cardiaque, le diabète ou encore les cancers. Le CHU Dijon Bourgogne propose aujourd’hui des outils de télésurveillance dans des spécialités comme la néphrologie, la cardiologie ou l’endocrinologie.
Des projets novateurs ont vu le jour :
- APACEV, une application de télésuivi pour les patients sous anticoagulants (thromboses, embolies),
- RAAC Neurochirurgie, pour les patients opérés du rachis,
- eMind, un programme alliant sevrage tabagique et pleine conscience en addictologie.
Ces outils permettent non seulement de rassurer les patients, mais aussi d’éviter des réhospitalisations et d’améliorer la qualité du suivi.
Un modèle régional à essaimer
Le CHU Dijon Bourgogne veut aller plus loin. La mise en place de centres de ressources (comme celui dédié à la dermatologie) préfigure une nouvelle organisation des soins : plus structurée, plus équitable et plus coordonnée entre la ville et l’hôpital.
Plusieurs spécialités sont déjà disponibles en téléexpertise sur la plateforme TELMI : neurologie, pédiatrie, infectiologie, endocrinologie, ophtalmologie, soins palliatifs… et d’autres suivront, avec l’ambition d’offrir une réponse adaptée à chaque besoin local.
Un appel à la mobilisation collective
Face à l’urgence sanitaire et territoriale, la télémédecine n’est plus une option mais une nécessité. Le CHU Dijon Bourgogne appelle les professionnels de santé, les institutions, les partenaires et les patients à s’engager à ses côtés pour amplifier cette dynamique.
👉 Pour toute information ou collaboration : telemedecine@chu-dijon.fr