Huit décennies après les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, le souvenir des 200 000 morts plane encore comme une ombre sur l’humanité. Ce mercredi, une trentaine de militants pacifistes se sont réunis devant le CEA Valduc (à Salives) et sur la place François-Rude à Dijon, à l’initiative du Collectif Bourgogne-Franche-Comté pour l’abolition des armes nucléaires, pour dire non à la menace atomique toujours présente.
Allongés sur les pavés, drapeaux des neuf puissances nucléaires autour d’eux et un ballon en forme de bombe flottant au-dessus, les manifestants ont mis en scène un die-in silencieux et symbolique. L’objectif : rappeler que l’arme nucléaire n’est pas un outil de paix mais une menace planétaire. « L’ensemble de l’arsenal nucléaire mondial actuel représente l’équivalent de 300 000 fois Hiroshima », a déclaré Étienne Godinot, porte-parole du collectif, dénonçant la position de la France et pointant du doigt les « dirigeants paranoïaques » que seraient les présidents américain et russe.
Des revendications claires : adhésion au TIAN et arrêt de la dissuasion nucléaire
Le collectif milite pour que la France signe le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), adopté par l’ONU en 2017 à l’initiative de l’ONG ICAN, lauréate du Prix Nobel de la Paix la même année. Aujourd’hui encore, aucune puissance nucléaire ne l’a ratifié. La France continue de privilégier la non-prolifération, par le biais du TNP signé en 1992, mais refuse toute interdiction pure et simple de l’arme nucléaire.
Les militants, eux, dénoncent cette posture : « La France viole l’esprit et la lettre de l’article 6 du TNP, qui évoque un désarmement nucléaire progressif », assurent-ils.
Valduc, symbole d’un arsenal entretenu dans le silence
Le matin même, une action avait été menée devant le site sensible du CEA Valduc, où sont entretenues les 290 ogives nucléaires françaises. Pour André Bouaral, de l’Association pour le désarmement nucléaire unilatéral de la France (ADN), ce lieu est le cœur d’un programme coûteux, opaque et contraire aux idéaux de paix : « Chaque ogive équivaut à dix fois la puissance de Hiroshima. Le budget nucléaire est estimé à 25 milliards d’euros rien que pour la période 2019-2023. »
Un rejet total de la dissuasion nucléaire
Au fil des prises de parole, Claude et Marie, membres du collectif, ont critiqué la doctrine de la dissuasion nucléaire, qu’ils jugent « inefficace, immorale, ruineuse » : « Le bouclier nucléaire ne protège pas les victimes, il protège l’agresseur. » « L’existence même de l’arme nucléaire est l’échec de toutes les morales. »
Ils rappellent également que la décision d’utiliser ces armes dépend d’un seul homme, le président de la République, ce qui soulève des questions de démocratie et de responsabilité collective.



