L’enseigne de bijoux et d’accessoires Claire’s a informé ses salariés français qu’un décalage exceptionnel interviendra dans le versement de leurs salaires, en raison d’un problème administratif lié à la procédure de redressement judiciaire en cours.
Dans un courrier interne signé par Richard Flint, président de Claire’s Europe, la direction rappelle son engagement à garantir le paiement intégral des salaires malgré la situation financière délicate. Toutefois, un « problème technique lié à la structure des paiements » a été identifié, entraînant un réaménagement du calendrier.
L’AGS au cœur du processus
En vertu du droit français, l’Association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés (AGS) prend en charge les salaires impayés dus avant la date de la mise en redressement judiciaire.
Si les salaires de juin ont été réglés normalement, l’AGS est désormais responsable des salaires acquis entre le 1er et le 23 juillet.
Cependant, en raison de contraintes administratives, ces fonds ne pourront pas être versés avant le 30 juillet. Claire’s précise qu’elle n’est pas autorisée à payer directement cette partie des salaires, relevant exclusivement de la compétence de l’AGS.
Un calendrier de paiement exceptionnel
Pour limiter l’impact sur ses employés, l’entreprise a annoncé un plan en trois étapes :
- 30 juillet : paiement des salaires du 24 au 31 juillet, ainsi qu’une avance couvrant partiellement la période du 1er au 23 août.
- Début ou mi-août : versement par l’AGS des salaires dus pour la période du 1er au 23 juillet.
- 29 août : paiement du solde pour la période du 24 au 31 août.
La direction précise que la rémunération totale des mois de juillet et août sera inchangée, mais répartie en trois paiements au lieu de deux, avec deux premiers versements plus élevés que d’ordinaire, et un dernier plus faible.
Impact local à Dijon
À Dijon, cette situation concerne directement les employés des deux points de vente Claire’s :
- 15 Rue de la Liberté, en centre-ville.
- Centre Commercial La Toison d’Or.
Des garanties… mais aussi des inquiétudes
Claire’s assure qu’« aucun employé ne subira de perte de salaire » et que ce décalage est purement administratif. Le recours à un paiement supplémentaire est présenté comme une mesure exceptionnelle, avec un retour au calendrier normal dès septembre.
Du côté des salariés, l’inquiétude est bien présente : « On ne sait pas ce que l’on va devenir, et ces retards de salaire… alors que nous avons un loyer et des factures à payer, on est pris au piège. C’est vraiment pas normal », confie une salariée complètement dépitée.
Une crise qui dépasse les frontières
Cette situation en France intervient alors que le groupe Claire’s connaît de graves difficultés à l’international. Le mercredi 6 août, l’entreprise a placé ses activités américaines et plusieurs filiales — opérant sous les enseignes Claire’s et Icing — sous la protection de la loi américaine sur les faillites (Chapter 11). Une procédure similaire sera également initiée au Canada, sans précision sur le calendrier. Le groupe assure toutefois que les magasins resteront ouverts et que les employés continueront d’être payés.
Chris Cramer, PDG de Claire’s depuis juin 2024, a reconnu que cette décision était « difficile mais nécessaire » face à « une concurrence accrue, à l’évolution des habitudes de consommation, à l’endettement » et à des « facteurs macroéconomiques » défavorables. Les nouveaux droits de douane américains et la concurrence d’enseignes comme Lovisa ou des géants du e-commerce tels qu’Amazon ont accentué la pression.
En France, le tribunal des activités économiques de Paris a ouvert le 24 juillet une procédure de redressement judiciaire avec une période d’observation de six mois. À son terme, le tribunal devra décider d’un plan de continuation avec ou sans repreneur, ou d’une liquidation judiciaire.