Le constat est alarmant. Du 1er juin au 23 juillet 2025, la France a enregistré 702 noyades, dont 193 mortelles, selon le rapport publié par Santé publique France et le Système national d’observation de la sécurité des activités nautiques (Snosan). C’est 50 % de noyades en plus et 45 % de décès supplémentaires par rapport à la même période en 2024.
La chaleur, moteur d’une fréquentation record des zones de baignade
L’été a démarré sous une chaleur écrasante. Avec une anomalie thermique de +3,3°C, juin 2025 est le deuxième plus chaud depuis 1900, juste derrière 2003.
La vague de chaleur précoce et prolongée du 19 juin au 6 juillet, avec des températures dépassant 35°C sur de larges zones, a provoqué un afflux massif vers les plages, rivières et piscines.
Durant cette période, 315 noyades ont été recensées (dont 86 mortelles), soit +142 % par rapport à l’année précédente.
Des victimes de tous âges, mais les adolescents paient un lourd tribut
Toutes les classes d’âge sont concernées par cette hausse :
- 0-5 ans : 30 % des noyades, souvent en piscines privées, mais seulement 3 % des décès.
- 6-12 ans : les décès ont plus que triplé (7 contre 2 en 2024).
- 13-17 ans : proportion de décès en forte hausse (30 % contre 13 % l’an dernier), avec une majorité en cours d’eau.
- Adultes (18 ans et +) : 54 % des noyades et 86 % des décès.
Chez les mineurs, 15 décès en rivière ou fleuve ont été recensés (contre 4 en 2024), dont la plupart lors de baignades improvisées, souvent en week-end.
Bourgogne-Franche-Comté : un taux de mortalité aquatique inquiétant
Si les régions littorales du sud concentrent le plus de noyades – PACA (174 cas), Occitanie (107), Nouvelle-Aquitaine (103) – la Bourgogne-Franche-Comté se distingue par un taux de mortalité exceptionnellement élevé.
- 18 noyades recensées en 2025 contre 8 en 2024 (+125 %)
- 7 décès contre un seul l’an dernier (+600 %)
- 39 % des noyades y sont mortelles, bien au-dessus de la moyenne nationale (27 %)
Ces drames surviennent principalement en eaux intérieures (rivières, lacs) et hors zones surveillées. Plusieurs ont eu lieu au début de l’été, pendant la vague de chaleur, et majoritairement le week-end.
Où se produisent les noyades mortelles ?
Au niveau national :
- Cours d’eau : 30 % des décès (56 % chez les mineurs)
- Mer : 41 %, surtout chez les adultes
- Plans d’eau : 15 %
- Piscines privées familiales : 12 %
Dans les régions sans façade maritime, comme la Bourgogne-Franche-Comté, la part des décès en eaux intérieures grimpe à plus de 80 %.
Activités à risque et drames collectifs
Certaines noyades sont liées à des activités spécifiques :
- Canoë/kayak : 3 décès
- Surf/planche à voile : 3
- Pêche : 2
- Rafting : 1
- Apnée : 1
Les chavirages d’embarcations restent un facteur majeur : 22 décès, dont ceux liés à la pirogue ayant coulé sur le fleuve Maroni en Guyane (1er juin) et au kwassa chaviré à Mayotte (15 juillet).
Prévention : un message de santé publique urgent
Les autorités rappellent les règles de base :
- Surveiller activement les enfants et se baigner avec eux en milieu naturel
- Respecter les zones surveillées et les interdictions de baignade
- Éviter l’alcool avant de se baigner
- Entrer progressivement dans l’eau pour éviter le choc thermique
- Apprendre à nager dès le plus jeune âge
Avec près de 200 morts en moins de deux mois, l’été 2025 marque un tournant inquiétant pour la sécurité aquatique en France. Les experts redoutent que la combinaison de vagues de chaleur plus fréquentes et d’un relâchement face aux règles de sécurité ne continue d’alimenter cette tendance tragique. La vigilance, la prévention et le respect strict des consignes restent les meilleurs moyens de sauver des vies.