La Fédération Autonome SPP-PATS a annoncé un préavis de grève nationale couvrant la période du 5 au 30 septembre 2025. L’organisation syndicale appelle l’ensemble des agents des Services d’Incendie et de Secours (SPP et PATS, titulaires, stagiaires et contractuels) à se mobiliser face à ce qu’elle décrit comme « l’absence de réponses concrètes du gouvernement » et « la dégradation continue des conditions de travail dans les services publics et notamment dans les services d’incendie et de secours ».
Des revendications précises
Dans son communiqué, la FA/SPP-PATS met en avant plusieurs revendications qu’elle juge incontournables. Elle réclame tout d’abord « la revalorisation immédiate des rémunérations » par une indexation sur l’inflation et l’augmentation de la valeur du point d’indice. Le syndicat insiste également sur « le maintien de nos acquis sociaux », en citant notamment la suppression des jours de carence, le refus de la suppression de deux jours fériés et le maintien du taux de remplacement à 100 % en cas d’arrêt maladie.
La fédération demande par ailleurs « la fin du recours abusif aux sapeurs-pompiers volontaires » pour assurer les missions opérationnelles, ces derniers ne devant pas se substituer aux emplois statutaires. Elle souligne aussi l’urgence d’une « revalorisation des carrières SPP et PATS », indispensable pour garantir l’attractivité des métiers et la pérennité du service public.
Enfin, la FA/SPP-PATS exige « la transparence totale sur les travaux du Beauvau de la Sécurité Civile », déplorant que malgré des chantiers thématiques ouverts depuis début 2024, les partenaires sociaux n’aient accès ni aux comptes rendus ni aux pistes de réflexion. L’organisation syndicale réclame d’être pleinement associée à ces travaux et consultée sur les orientations envisagées, afin que « les représentants des agents puissent contribuer à la refonte de notre modèle de sécurité civile ».
L’alerte sur les mineurs volontaires
En parallèle à l’annonce de ce mouvement social, la FA/SPP-PATS a adressé, le 12 août 2025, une lettre au préfet Julien Marion, Directeur général de la Sécurité civile et de la gestion des crises au ministère de l’Intérieur.
Dans ce courrier, le président fédéral Xavier Boy évoque le cas dramatique d’« une sapeur-pompier volontaire du SDIS 49, âgée de 17 ans », récemment victime d’un accident de la route alors qu’elle se rendait à son centre de secours pour une intervention nocturne à 4 h 30.
Cette situation, écrit-il, « met en lumière la nécessité de veiller au strict respect des règles de protection et de sécurité encadrant l’engagement opérationnel des mineurs ».
Le syndicat rappelle que le Comité européen des droits sociaux, dans une décision du 12 septembre 2023 (rendue publique le 14 février 2024), a rappelé que « les sapeurs-pompiers volontaires doivent être considérés comme des travailleurs, et que les mineurs ne peuvent participer à des interventions réelles ». Le code du travail, ajoute la lettre, « interdit totalement le travail de nuit des moins de 18 ans ».
Une incohérence dénoncée depuis 2012
La FA/SPP-PATS souligne que cette problématique n’est pas nouvelle : « Dès 2012, la FA/SPP-PATS dénonçait l’emploi de mineurs dans les opérations de secours, assimilant cette pratique à celle d’“enfants soldats du feu”, exposés à des risques physiques, psychologiques et médicaux disproportionnés par rapport à leur âge et à leur formation. »
Le courrier met également en avant une incohérence gouvernementale : « Nous soulignons déjà l’incohérence qui, au sein d’un même ministère, interdit l’engagement opérationnel d’agents de police ou de militaires de moins de 18 ans, tout en autorisant celui de sapeurs-pompiers volontaires dès 16 ans, parfois dans des conditions dégradées. »
Enfin, Xavier Boy rappelle « les drames passés, dont le décès en service d’un volontaire de 16 ans », qui illustrent « tragiquement les dangers d’un tel dispositif ».
Les demandes du syndicat
Dans cette même lettre, la fédération demande expressément au ministère de « diffuser sans délai des instructions claires aux services départementaux d’incendie et de secours, afin de garantir l’application effective de l’avis du CEDS et de mettre un terme à l’engagement opérationnel de mineurs dans des interventions réelles, de jour comme de nuit, lorsque celles-ci ne sont pas assimilées à des formations ou à des exercices ».
Une rentrée à haut risque social
La grève qui s’annonce en septembre pourrait être l’une des plus longues mobilisations de ces dernières années dans le secteur. Elle pose une double question : celle des moyens et de la reconnaissance des pompiers professionnels, mais aussi celle, sensible, de l’emploi des mineurs volontaires dans des missions à risque.