Une page se tourne à la Maîtrise de Dijon. Après quatorze années passées à sa direction et vingt-trois années au service de cette institution, Étienne Meyer s’apprête à quitter ses fonctions de chef de chœur. C’est avec une émotion palpable qu’il a annoncé son départ, laissant derrière lui un héritage artistique d’une ampleur rare et une empreinte durable dans le paysage musical dijonnais.
Une aventure humaine et artistique hors norme
Lorsque Étienne Meyer prend la tête de la Maîtrise, il porte déjà en lui une vision claire : faire de ce chœur un lieu d’exigence artistique, de partage et d’épanouissement humain. Au fil des années, il a su façonner un ensemble reconnu bien au-delà des frontières bourguignonnes, donnant à de nombreux jeunes chanteurs l’opportunité de vivre une expérience artistique unique.
Son engagement s’est traduit par une diversification sans précédent des activités de la Maîtrise. Il a initié un partenariat fécond avec l’Opéra de Dijon, qui a permis aux enfants de se produire dans de grandes productions lyriques : L’Or du Rhin, Wozzeck, The Curlew River, La Flûte enchantée, Carmen, Macbeth, Fidelio, Turandot ou encore Tosca. Le souvenir de Brundibar, opéra intégralement chanté par les enfants et mis en scène par Christian Duchange, reste gravé dans les mémoires.
Des collaborations prestigieuses
Sous son impulsion, la Maîtrise a multiplié les collaborations avec des ensembles et festivals de renom, en France comme à l’étranger. Parmi eux, l’Ensemble de jazz de Franck Tortiller (Psaume), Canticum Novum d’Emmanuel Bardon (Emzara), Gli Angeli de Stephan MacLeod (La Passion selon saint Matthieu), l’Orchestre Dijon-Bourgogne (Requiem de Duruflé, L’Enfance du Christ de Berlioz, Carmina Burana d’Orff), Les Métaboles de Léo Warynski (Chants libres), le LabOpéra (Carmen), sans oublier Les Traversées Baroques, ensemble qu’il dirige lui-même, avec des projets ambitieux comme le Requiem de Fux, Ortus de Polonia, Musique au Musée ou Musique en Ville.
Voyages et créations originales
La Maîtrise a rayonné bien au-delà de Dijon, avec des tournées en Suisse, en Allemagne, en République tchèque ou encore en Italie. Elle a également donné naissance à des programmes originaux et audacieux : MisaTango, La Cathédrale enchantée, Dream a Little Dream (jazz vocal), Sunrise Mass, Magnificat de Philippe Hersant, ainsi que les incontournables concerts de Noël.
Un outil de travail unique et des enregistrements salués
En 2016, la Maîtrise a intégré de nouveaux locaux spécifiquement conçus pour la pratique chorale, devenus depuis un modèle reconnu. Deux enregistrements sont venus témoigner de ce dynamisme : La Cathédrale enchantée et Ortus de Polonia, ce dernier ayant reçu la prestigieuse distinction « TTTT » de Télérama.
Transmission et pédagogie
Étienne Meyer n’a jamais cessé d’encourager la créativité pédagogique au sein de son équipe. Parmi les projets marquants, on retrouve Safari, réalisé en collaboration avec À Cœur Joie, et de nombreux contes musicaux, dont le dernier en date, Le Petit Vagabond.
Il a aussi lancé les « Mardis de la Maîtrise », moments privilégiés d’expérimentation et de partage musical autour d’ateliers variés : chant soliste, percussions, « Voix en scène »… Ces initiatives ont favorisé des échanges riches avec d’autres maîtrises (Lyon, Metz, Mayence) et de prestigieux établissements d’enseignement artistique comme le Conservatoire à Rayonnement Régional de Chalon-sur-Saône, le CNSMD de Lyon ou encore l’École Supérieure de Musique de Dijon.
Plus qu’un poste, une vocation
Pour Étienne Meyer, la Maîtrise a toujours représenté bien davantage qu’une fonction : « un lieu d’exigence partagée, de transmission, de beauté et d’engagement ». Il se dit honoré d’avoir pu accompagner de nombreux enfants dans leur parcours, de les voir grandir et s’épanouir grâce au chant.
Guidé par une conviction forte – donner aux jeunes un regard élargi sur le monde à travers l’art – il aura marqué de son empreinte la vie culturelle de Dijon et de ses jeunes chanteurs. « Confronter les enfants à l’art, à l’exigence, à l’émotion esthétique, leur transmettre confiance en l’humanité et en sa capacité à créer du sens, du lien, du beau : tel a été mon fil conducteur », confie-t-il au moment de tourner la page.
Et maintenant ?
Le départ d’Étienne Meyer ouvre une nouvelle ère pour la Maîtrise de Dijon, dont l’avenir reste à écrire. Mais une chose est sûre : l’héritage laissé par ce chef passionné et exigeant constituera une base solide pour poursuivre l’aventure, au service de la musique et des jeunes chanteurs.