La liberté d’informer est de nouveau fragilisée, alerte le Syndicat national des journalistes (SNJ). Dans un communiqué publié ce jeudi, la première organisation de la profession dénonce la diffusion, en plein été et « en catimini », d’un schéma national des violences urbaines (SNVU) par le ministère de l’Intérieur.
Présenté comme un « guide pratique pour la gestion des violences urbaines » destiné aux services territoriaux de la police nationale, ce document prévoit d’encadrer l’action des forces de l’ordre « jusqu’aux émeutes insurrectionnelles, caractérisées par une très haute intensité », selon la place Beauvau.
Mais une mention fait bondir le SNJ : le schéma précise que « la prise en compte du statut des journalistes […] ne trouve pas à s’appliquer dans un contexte de violences urbaines ». Une disposition que le syndicat qualifie d’« insulte » et de « provocation envers toute la profession », à juste titre selon nous.
Un bras de fer déjà ancien
Ce n’est pas la première fois que les autorités tentent de limiter la présence des journalistes sur le terrain lors d’opérations de maintien de l’ordre. En 2021, le schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) avait déjà suscité une fronde syndicale et associative. Le SNJ, accompagné de Solidaires, de la CGT et de la Ligue des droits de l’Homme, avait saisi le Conseil d’État, qui leur avait donné raison.
Quatre ans plus tard, le ministère de l’Intérieur revient à la charge. Pour le SNJ, il s’agit ni plus ni moins d’« invisibiliser d’éventuelles dérives policières » en empêchant les journalistes de documenter les violences urbaines.
Une riposte juridique et syndicale
Face à ce qu’il considère comme une tentative de museler la presse, le SNJ a mandaté le cabinet Spinosi afin de déposer en urgence un recours devant le Conseil d’État. Une requête au fond doit également être déposée d’ici la fin septembre.
Dans le même temps, le syndicat appelle toutes les organisations attachées aux libertés fondamentales à rejoindre son combat. Des manifestations et mobilisations sont d’ores et déjà annoncées pour les 10 et 18 septembre dans plusieurs villes de France.
La réaction des rédactions
Au-delà des syndicats, plusieurs rédactions locales s’inquiètent également. La rédaction de Dijon Actualités dénonce ce coup porté par le ministre de l’Intérieur et rappelle que la protection des journalistes sur le terrain constitue une garantie démocratique essentielle.
« La liberté d’informer et d’être informé est une condition essentielle de la démocratie. Nous ne céderons pas », conclut le communiqué du SNJ.
Communiqué du Syndicat national des journalistes (SNJ), le jeudi 4 septembre 2025 :
C’est une attaque en règle contre la liberté d’informer et d’être informé. En catimini, en plein été, le ministère de l’Intérieur a diffusé un schéma national des violences urbaines (SNVU). Ce document est destiné « à mettre à disposition des services territoriaux de la police nationale un guide pratique pour la gestion des violences urbaines. » « Ce document a vocation à répondre à toutes les situations de violences urbaines, jusqu’aux émeutes insurrectionnelles, caractérisées par une très haute intensité », explique la place Beauvau, qui s’est bien gardée d’informer les organisations de journalistes.
À la lecture de ce schéma, une phrase saute particulièrement aux yeux : « la prise en compte du statut des journalistes telle que consacrée par le schéma national du maintien de l’ordre, ne trouve pas à s’appliquer dans un contexte de violences urbaines ».
Cette incise est une insulte, une provocation envers toute la profession.
Déjà en 2021, le Syndicat national des journalistes, entre autres, avait déposé un recours devant le Conseil d’Etat contre le schéma national du maintien de l’ordre (SNMO), qui empêchait tout journaliste d’exercer sa mission d’informer le public. Le Conseil d’Etat a finalement donné raison aux organisations qui l’avaient saisie (SNJ, Solidaires, la CGT, la Ligue des droits de l’Homme).
Quatre ans après cette première lutte victorieuse contre un texte liberticide, le ministère de l’Intérieur persiste à vouloir invisibiliser d’éventuelles dérives policières lors de la couverture de violences urbaines en empêchant les journalistes de faire leur métier.
Le SNJ, première organisation de la profession, condamne cette tentative de vouloir museler la presse. Alors que des appels à manifestations et mobilisations sont lancées pour les 10 et 18 septembre partout en France, il a mandaté le cabinet Spinosi pour déposer une requête en urgence devant le Conseil d’Etat et un dossier au fond d’ici fin septembre.
Le SNJ appelle toutes les organisations attachées aux libertés fondamentales à le rejoindre dans cette procédure contre cette disposition du schéma national des violences urbaines.
Paris
Jeudi 4 septembre 2025