Alors que la rectrice de l’académie de Dijon a annoncé son intention de généraliser, dès l’année 2024-2025, une expérimentation d’enseignement autour de l’intelligence artificielle (IA) menée dans un lycée dijonnais, le syndicat SNES-FSU exprime de vives réserves.
Lors de sa conférence de rentrée, la rectrice a vanté des « retours très positifs » de cette expérimentation, inscrivant son discours dans le sillage des annonces de l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne, qui avait présenté l’IA comme un levier d’avenir pour l’école. Mais pour le syndicat majoritaire dans le second degré, ces déclarations relèvent surtout de « l’effet d’annonce », loin des préoccupations quotidiennes des personnels.
Une expérimentation opaque et coûteuse
Le SNES-FSU affirme n’avoir reçu aucun bilan complet de l’expérience menée. Ni les enseignants concernés, ni les représentants syndicaux n’auraient été consultés de manière transparente. L’organisation pointe également le coût de l’opération : des moyens horaires débloqués de façon exceptionnelle, mais jugés insuffisants pour rémunérer le travail fourni. Par ailleurs, les enseignants auraient refusé de rédiger un bilan officiel de l’expérimentation qui aurait impliqué, selon le syndicat, de céder leurs droits de propriété intellectuelle à l’Éducation nationale.
Des priorités contestées
Au-delà du cas dijonnais, le SNES-FSU s’interroge sur les choix politiques du ministère et du rectorat. « Comment parler d’IA à l’école alors que des enseignements obligatoires ne sont pas assurés faute de professeurs en nombre suffisant ? » questionne le communiqué. Classes surchargées, missions inscrites dans le Code de l’éducation comme l’éducation à la vie affective ou à la sexualité non assurées, difficultés de recrutement persistantes : pour le syndicat, les urgences sont ailleurs.
Des risques éthiques et environnementaux
Le SNES-FSU met aussi en garde contre les dérives potentielles liées aux intelligences artificielles génératives. Ces outils, souvent développés par de grandes entreprises privées, « sont animés par des ambitions hégémoniques à l’opposé des valeurs du service public », dénonce le texte. Le syndicat rappelle par ailleurs les obligations légales en matière de protection des données (RGPD), les risques pour les élèves et les personnels, ainsi que l’impact environnemental de ces technologies.
Un appel à la responsabilité politique
Pour l’organisation syndicale, les annonces de la ministre de l’Éducation, quelques jours avant la rentrée, et celles de la rectrice de Dijon, relèvent d’une « fuite en avant » sans recul scientifique suffisant. « Le principe de précaution doit prévaloir », insiste le SNES-FSU, qui appelle les responsables politiques à la vigilance.
Le syndicat annonce enfin la tenue, en décembre prochain à Dijon, d’un stage de formation syndicale consacré à l’IA et à ses implications dans le monde éducatif, destiné à informer et outiller les enseignants.