Entre 2017 et 2021, la Côte-d’Or a connu une croissance de l’emploi particulièrement marquée, dépassant largement la dynamique observée dans le reste de la région Bourgogne-Franche-Comté. Fin 2021, le département compte 243 100 emplois, en progression continue depuis 2015. Entre 2017 et 2021, la hausse atteint +4,4 %, soit plus du double de la moyenne régionale (+1,9 %).
La tendance favorable se prolonge au-delà de la période étudiée : entre 2021 et 2024, l’emploi salarié augmente encore de +2,5 %, alors qu’il stagne dans l’ensemble régional.
Un territoire à la fois vaste et stratégiquement positionné
Avec ses 537 600 habitants, la Côte-d’Or est le département le plus vaste de Bourgogne-Franche-Comté. Son attractivité est renforcée par une situation géographique centrale, à la croisée des autoroutes A6, A31 et A39, ainsi que des axes ferroviaires reliant Paris et le couloir Rhin-Rhône.
Particularité notable : avec le Doubs, la Côte-d’Or fait partie des deux seuls départements de la région encore en croissance démographique. Toutefois, cette vitalité se concentre principalement sur l’agglomération dijonnaise, qui concentre 60 % des emplois.
La domination du tertiaire et le recul relatif de l’industrie
Le tissu économique côte-d’orien se distingue par une forte présence du tertiaire marchand, qui concentre près d’un emploi sur deux. La santé y occupe une place prépondérante, avec notamment le Centre Leclerc de cancérologie qui constitue le plus grand établissement du département.
À l’inverse, l’industrie représente seulement 11,5 % des emplois, ce qui en fait le département le moins industriel de la région, en dessous même de la moyenne nationale. Quant à l’agriculture, malgré le poids de la viticulture, elle ne regroupe que 3,4 % des emplois, en raison notamment de la prévalence de grandes exploitations céréalières, peu intensives en main-d’œuvre.
Des établissements nombreux mais rarement géants
Fin 2021, la Côte-d’Or compte 14 150 établissements marchands privés non agricoles, employant 140 600 personnes, soit une hausse de +3 % en quatre ans. Le département accueille un quart des établissements régionaux de plus de 250 salariés, mais aucun site n’atteint le millier d’emplois.
Les quinze plus grands établissements ne représentent que 6 % des effectifs du secteur marchand, bien en deçà de la moyenne régionale. Parmi eux, seuls trois sont industriels (JTEKT Automotive, Delpharm Dijon et les Maroquineries Thomas, basé à Semur-en-Auxois). Les autres appartiennent majoritairement au secteur tertiaire, avec un poids marqué des activités de santé.
Un tissu économique structuré par les grandes entreprises et ETI
La Côte-d’Or se caractérise par une part importante d’emplois salariés relevant de grandes entreprises et d’entreprises de taille intermédiaire (ETI). Ces dernières regroupent 55 % des salariés du secteur marchand, contre 49 % au niveau régional.
Certaines filières sont particulièrement marquées par cette domination :
- Énergie, transport, finance : forte présence des sièges régionaux de grands groupes, notamment bancaires.
- Santé et médico-social : dynamisés par des mouvements de concentration, surtout au sein du groupe mutualiste VYV.
- Industrie : davantage portée par les ETI.
Globalement, les secteurs les plus dynamiques sont les services aux entreprises (activités juridiques, comptables, ingénierie), alors que le transport-entreposage connaît un recul, malgré son implantation historique (notamment via La Poste).
Une croissance concentrée et des fragilités territoriales
Si Dijon et son aire urbaine tirent la croissance, les territoires périphériques connaissent des trajectoires contrastées. La zone d’emploi de Beaune bénéficie du dynamisme viticole, tandis que celle de Châtillon-Montbard voit ses effectifs reculer depuis 2007. Cette concentration économique sur l’agglomération dijonnaise pose deux grands défis :
- Un équilibre territorial fragilisé, avec un risque de marginalisation des espaces ruraux.
- Des enjeux environnementaux accrus, liés notamment aux flux domicile-travail et à la dépendance automobile, malgré un maillage d’infrastructures de transport dense.
Un département en croissance mais à surveiller
En 2021, les établissements marchands de Côte-d’Or ont généré 9 milliards d’euros de valeur ajoutée, soit 61 200 euros par salarié, un niveau supérieur à la moyenne régionale (60 100 €). Par ailleurs, 64 % des effectifs dépendent d’un groupe dont le siège est situé en France, un indicateur de relative stabilité économique.
Ainsi, la Côte-d’Or confirme son rôle de moteur régional, avec une croissance de l’emploi supérieure à la moyenne, une attractivité démographique rare en Bourgogne-Franche-Comté et un tissu économique structuré autour de Dijon. Toutefois, cette dynamique s’accompagne d’enjeux de durabilité et d’équilibre territorial, que les décideurs devront prendre en compte pour éviter un développement à deux vitesses.