À l’occasion de la Semaine européenne de la mobilité, le mouvement Dijon Avenir a présenté sa contribution à la concertation préalable sur la future troisième ligne de tramway. L’association estime que le projet est prématuré et plaide pour inverser la logique : définir d’abord un plan d’urbanisme et un plan de déplacements, avant d’envisager une nouvelle infrastructure lourde.
Une hypothèse démographique jugée trop optimiste
Le projet de tram T3, estimé à 200 millions d’euros, repose sur des projections de croissance démographique et économique jugées « excessivement optimistes » par Dijon Avenir.
Selon l’étude d’opportunité, la métropole pourrait accueillir 30 000 habitants et 13 000 emplois supplémentaires d’ici 2040, soit une hausse de 12 % en 15 ans. « C’est quasiment deux fois plus que la croissance réelle observée depuis quinze ans », pointe le mouvement, qui appelle à une décision démocratique préalable sur l’évolution démographique via le prochain Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi-HD).
Risque de « canyon urbain »
Pour Dijon Avenir, lancer une nouvelle ligne de tram sans définir cette trajectoire démographique reviendrait à rendre inéluctable une densification massive le long du tracé.
« Nous craignons l’apparition d’un effet de canyon urbain, avec des immeubles très hauts et continus, comme cela s’est déjà produit le long des lignes T1 et T2 », explique le mouvement, qui rappelle que le PLUi-HD autorise des constructions en R+6 le long des lignes de tram.
Le secteur des « Grands Vergers du Sud » au cœur des critiques
Le projet prévoit entre 3 000 et 6 000 nouveaux logements, soit 10 000 habitants supplémentaires à Chenôve d’ici 2050. La commune passerait ainsi de 14 000 à 24 000 habitants, une augmentation de 70 %.
Dijon Avenir y voit « un bouleversement majeur » et dénonce une « justification du tracé par une croissance démographique programmée ». Le mouvement rappelle que le PLUi-HD actuel n’envisage que 500 logements nouveaux à l’horizon 2030 dans ce secteur.
Autre critique : la transformation du secteur en zone d’habitat entraînerait la disparition d’activités économiques et créerait un déséquilibre entre logements et emplois.
Pour une « ville stationnaire » et participative
Face à ces scénarios de forte croissance, Dijon Avenir propose une alternative : une « ville stationnaire », avec une stabilisation de la population à son niveau actuel. Objectif : limiter la pression foncière et préserver terres agricoles et espaces verts.
Le mouvement met en avant une trajectoire de sobriété énergétique et alimentaire, visant à renforcer la résilience de la métropole face aux crises.
Sur la question des mobilités, Dijon Avenir réclame une étude globale des besoins à l’échelle métropolitaine et une large implication citoyenne. Le mouvement propose même l’organisation d’un référendum local pour permettre aux habitants de choisir entre plusieurs scénarios de déplacements à l’horizon 2050.
Une vision en opposition avec celle de la Métropole
L’approche de Dijon Avenir s’oppose frontalement à la vision portée par la majorité municipale et métropolitaine, qui fait du tramway un outil de transformation urbaine. « Le transport doit répondre aux besoins des habitants, et non redessiner la ville par lui-même », insiste le collectif.
La concertation sur le projet T3 se poursuit, mais déjà, Dijon Avenir entend peser dans le débat public en défendant un urbanisme « démocratique et sobre ».
Contact : contact@dijonavenir.fr