Environ 350 pharmaciens et salariés d’officine se sont rassemblés hier matin, place du Théâtre à Dijon, répondant à l’appel de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine de Bourgogne-Franche-Comté. Vêtus de leurs blouses blanches, ils ont défilé pour dénoncer l’arrêté du 4 août qui impose une baisse brutale des prix des médicaments génériques. Une délégation a été reçue en préfecture à 10h30.
Le même mouvement s’est tenu à Besançon, place de la Révolution, où une autre délégation a rencontré les services de l’État en fin de matinée.
« Défendre nos officines et l’accès aux soins »
Les syndicats entendaient se distinguer des mobilisations syndicales nationales prévues l’après-midi afin « d’éviter toute récupération » et mettre en avant les spécificités de leur profession. « La sécurité de nos équipes est une priorité absolue », ont rappelé les organisateurs.
Selon eux, l’arrêté du 4 août fragilise directement le réseau officinal, déjà sous pression, et menace jusqu’à un tiers des pharmacies françaises. « Les génériques représentent près de 2,5 milliards d’euros d’économies par an. Ils ne sont pas responsables de la dérive des dépenses de santé. En les attaquant, c’est tout le maillage territorial qui est en danger », soulignent-ils dans leur communiqué.
Une hausse des dépenses due aux médicaments innovants
Les pharmaciens dénoncent un « mauvais diagnostic » de l’État. Le dernier rapport Charges et Produits 2026 de l’Assurance maladie confirme que les deux tiers de la croissance des dépenses proviennent des médicaments innovants, notamment en oncologie et dans les maladies rares. Entre 2017 et 2024, les dépenses brutes sont passées de 25,7 à 37,9 milliards d’euros (+5,7 % par an), bien au-delà de l’ONDAM.
Le coût moyen par année de vie gagnée en oncologie a triplé en quelques années, passant de 94 240 € à plus de 304 000 €, sans amélioration nette démontrée. « Dans 45 % des cas, les nouveaux anticancéreux remboursés n’apportent aucune amélioration du service médical rendu », dénoncent les syndicats, qui pointent également les dépenses de promotion faramineuses des laboratoires (2,64 milliards d’euros en 2024).
« Stop au mépris »
Pour les pharmaciens, la réforme actuelle revient à leur faire porter l’effort financier à la place de l’industrie, dont les laboratoires de génériques sont souvent filiales des grands groupes. « Ce sont nos officines qui supporteraient la totalité de la baisse, avec des conséquences directes sur l’emploi, la formation et l’accès aux soins de proximité », préviennent-ils.
Les syndicats demandent la suspension de l’arrêté et le report de la réunion du Comité économique des produits de santé (CEPS) prévue ce 18 septembre. « Stop au mépris, oui à la construction d’un projet de santé avec les pharmaciens », martèle l’Union des syndicats d’officine, qui propose de renforcer la coordination des soins, le suivi des patients chroniques et la lutte contre les mauvais usages des antibiotiques.
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