Ce samedi matin, près de 300 personnes se sont réunies place Pierre Meunier à l’appel de la Ville pour un rassemblement républicain intitulé « Chenôve veut vivre en paix ! ». Un moment solennel, organisé en remplacement de la traditionnelle Fête de la République, annulée dans son format festif habituel.
Le maire, Thierry Falconnet, a prononcé un discours fort, à la fois empreint de gravité et d’appel à l’unité, revenant longuement sur le climat de violences qui frappe la commune et la métropole dijonnaise.
« Onze fusillades et des exécutions en pleine rue »
Dès l’ouverture de son intervention, le maire a rappelé les circonstances douloureuses de cette mobilisation. « Depuis le début de l’année, notre ville – et plus largement notre métropole – ont été frappées par une série de violences d’une intensité inédite : onze fusillades et des exécutions en pleine rue. Encore mercredi soir aux alentours de la place de la République à Dijon. »
Et d’insister : « Ces événements, chacun le sait, ne sont pas de simples faits divers. Ils nous bouleversent, atteignent notre quotidien, nourrissent une peur que nul ne peut ignorer et à laquelle nul ne peut – ne doit – s’habituer. »
Deux victimes, symboles d’une ville blessée
Le maire a tenu à rappeler le nom de deux victimes récentes : Anas Benzime et Abdelmajid Sabri. « Leur disparition brutale, de l’un à quelques pas d’ici, place Pierre Sémard, de l’autre dans notre ville voisine de Marsannay-la-Côte, nous rappelle avec une terrible cruauté que derrière chacun de ces actes criminels, il y a des vies fauchées, des familles endeuillées, des amis meurtris, et une ville tout entière blessée. Car Anas et Abdelmajid étaient l’un comme l’autre des enfants de Chenôve. »
Il a exigé que justice soit rendue : « Les crimes dont ils ont été victimes ne doivent pas rester impunis. Tous les moyens doivent être mobilisés pour ce faire et je sais qu’ils le sont, dans le cadre d’enquêtes sensibles de dimensions nationale et internationale. »
De la fête au recueillement
Le maire a expliqué pourquoi la municipalité avait annulé les manifestations festives prévues en septembre. « Comment aurions-nous pu décemment maintenir nos fêtes habituelles – le Rando-Mix Trail, le Forum des associations, le concert de rentrée – comme si de rien n’était ? » a-t-il lancé, avant de répondre lui-même : « Ce serait nier la douleur. Ce serait tourner le dos à notre humanité. Ce serait manquer du plus élémentaire respect en leur mémoire. »
Et de poursuivre : « Nous avons donc choisi un autre chemin : remplacer la fête par le recueillement, la musique par la parole, le divertissement par l’engagement républicain. Aujourd’hui, nous affirmons ensemble : Chenôve veut vivre en paix. »
« La paix n’est pas une idée abstraite »
Le maire a salué la présence des habitants, associations et élus venus nombreux. « Votre présence aujourd’hui est un signe fort : vous prouvez que la paix, notamment la paix civile, n’est pas une idée abstraite, mais un combat quotidien. La République n’est pas qu’un mot, elle est une exigence. Et cette exigence, elle commence ici, dans l’attitude et l’exemple de chacun. »
Un message clair : « Oui, la paix se construit collectivement. Elle suppose que nous soyons unis, au-delà de nos convictions ou de nos divergences. Que nous refusions la banalisation de la violence. Que vous soyez, que nous soyons, chacun à notre manière, des artisans de paix. »
Soutien aux forces de l’ordre et à l’État
Thierry Falconnet a également tenu à remercier les services de l’État et les forces de l’ordre. « Je veux remercier l’État et ses représentants locaux – Monsieur le Préfet, Madame la Directrice de Cabinet, les forces de police, la justice – pour leur détermination et pour avoir porté nos préoccupations au plus haut niveau. »
Et d’ajouter : « Ici, sur le parvis de l’Hôtel de Ville, je tiens à saluer l’écoute de l’État et les engagements pris en matière de renforcement de la présence policière et des moyens d’enquête. Nous savons combien la tâche est difficile, mais aussi combien chaque jour, des femmes et des hommes mènent une lutte acharnée contre la délinquance, le crime organisé et les narcotrafics. » « Leur travail est gigantesque, exigeant, de longue haleine. Je leur exprime à nouveau, en votre nom, notre profonde reconnaissance. »
« Nous refusons cette violence criminelle »
Le maire a ensuite livré le ressenti des habitants, à travers les nombreux témoignages qu’il dit avoir reçus. « Indéniablement, certains ont peur. D’autres sont dans la sidération, expriment de la lassitude, de la colère, sont dans l’inquiétude. En revanche, tous disent la même chose : nous refusons cette violence criminelle que rien ne peut justifier, et il faut que cela cesse ! »
Et de conclure : « Ces craintes, nous ne pouvons pas les nier, les balayer d’un revers de main. Nous devons les regarder en face et leur opposer notre unité et notre détermination partagée. C’est ce que nous faisons ici, ensemble, dans le profond esprit républicain qui nous anime. »
« L’affirmation de la paix est le plus grand des combats »
En clôture de son discours, Thierry Falconnet a cité Jean Jaurès : « L’affirmation de la paix est le plus grand des combats. » Le maire a aussitôt fait sien cet héritage : « Ces mots, nous les reprenons ce matin à notre compte. Ils sont un cri du cœur, l’expression d’une volonté commune. Ils sont surtout une promesse que nous faisons à nous-mêmes, à nos enfants, et à ceux qui ne sont plus là pour l’entendre. »
Sous les applaudissements, il a conclu : « Chenôve veut vivre en paix. C’est notre vœu partagé, notre combat commun, notre espoir à toutes et tous. Je vous remercie. »
L’opposition était absente à ce rassemblement : voici pourquoi
L’opposition, le groupe « Bon Sens à Chenôve », représenté par Philippe Neyraud, n’était pas présente à ce rassemblement. Nous avons pris le soin de les contacter afin de savoir pourquoi. L’élu d’opposition nous répondra :
« Nous regrettons que l’annulation de la fête de la République et les activités associées (forum des associations, concert de rentrée) vienne d’une décision isolée de la majorité, sans nous avoir sollicités. Face à de telles situations de très grande violence, le dialogue et l’unité sont pour nous essentiels. Une table ronde réunissant les communes touchées et l’ensemble des acteurs locaux aurait été bien plus utile.
Puisque ce n’est pas pour des raisons de sécurité, cette annulation n’a qu’une portée symbolique. Nous aurions fait un autre choix : celui de ne pas reculer, celui d’affirmer la force du symbole républicain et de la détermination. Ces sempiternelles incantations et mouvements de menton ne font que retarder l’unité et la synergie nécessaire pour agir. Il est évident que « Chenôve veut vivre en paix », encore faut-il le vouloir et s’en donner les moyens. »
