Le 9 juin 2024, au soir des élections européennes largement dominées par l’extrême droite, Emmanuel Macron créait la surprise en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation d’élections législatives anticipées. Un mois plus tard, la Côte-d’Or, comme le reste du pays, a livré un verdict sans appel : un Parlement éclaté, sans majorité claire. Mais derrière les urnes, une autre bataille s’est jouée, celle des finances de campagne. Nous avons analysé les dépenses et recettes des candidats dans les cinq circonscriptions du département.
1ʳᵉ circonscription : la victoire d’Océane Godard malgré une campagne mesurée
Dans la première circonscription, c’est Océane Godard (Union de la gauche) qui s’impose au second tour avec 37,15 % des voix. Sa campagne lui aura coûté 15 449 €, financée en partie par un prêt de 7 000 € du Parti socialiste et 3 500 € de dons. En face, Didier Martin (Ensemble !) a dépensé davantage, 19 083 €, pour finalement échouer avec 34,36 % des suffrages.
Le RN, avec Cyline Humblot-Cornille, s’est montré bien plus économe (3 473 € de dépenses). Du côté de la droite, François-Xavier Dugourd (LR) a recueilli seulement 12,17 % au premier tour malgré 6 957 € de dépenses financées par 6 330 € de dons. Enfin, Sladana Zivkovic a battu un record de recettes avec 11 700 € de dons (pour 8 678 € de dépenses), mais son score restera modeste : 4,43 %.
2ᵉ circonscription : une victoire coûteuse pour Catherine Hervieu
Dans la deuxième circonscription, Catherine Hervieu (Union de la gauche) l’a largement emporté au second tour avec 53,63 % des voix. Mais sa victoire aura été la plus coûteuse du département : 28 346 € de dépenses, financées par un emprunt de 30 000 € auprès des écologistes.
En face, Tatiana Guyénot (RN) a réalisé une campagne à moindre frais, avec seulement 5 870 € de dépenses, tout en obtenant un score élevé de 46,37 %.
Le candidat de la majorité présidentielle, Benoît Bordat, plafonne à 24,65 % malgré 13 613 € de dépenses et 9 700 € de dons. Les Républicains, avec Laurent Bourguignat, ont limité leurs frais (8 160 €). Enfin, plusieurs candidats ont mené campagne sans aucun budget, comme Julien Gonzalez (Écologistes), Franck Gaillard (Reconquête !) et Élisabeth Bertrand (Droite souverainiste). À noter la candidature atypique de Claire Rocher (Extrême gauche), qui n’a dépensé que 51 € pour un score symbolique de 1,05 % (522 voix).
3ᵉ circonscription : une bataille à coûts modérés
La troisième circonscription a vu s’imposer Pierre Pribetich (Union de la gauche), dont la campagne s’est élevée à 14 040 €, dont 7 160 € de dons. Son adversaire principal, Thierry Coudert (Union de l’extrême droite), s’est contenté de 5 063 € de dépenses.
La députée sortante, Fadila Khattabi (Ensemble !), a investi 11 923 €, mais n’a bénéficié que de 240 € de dons. Plus en retrait, Charles Bourgadel (LR) a dépensé 3 250 € avec 1 350 € de dons pour un score de 7,35 % au premier tour. Quant aux candidatures marginales, Georges Mezui (Divers gauche) a mis 5 020 € dans sa campagne pour seulement 2,39 % des voix, tandis que Fabienne Delorme (Extrême gauche) a fait une campagne symbolique à 51 €.
4ᵉ circonscription : un duel à moindre coût
Dans la quatrième circonscription, c’est Hubert Brigand (Les Républicains) qui l’a emporté au second tour avec 53,96 % des voix (25 179 bulletins). Sa campagne s’élève à 9 074 €, compensée par 9 900 € de dons.
Sa principale concurrente, Sophie Dumont (RN), a dépensé légèrement plus (9 486 €, avec 1 950 € de dons), mais a échoué à renverser le rapport de force.
La candidate de l’Union de la gauche, Valérie Jacq, a mené une campagne coûteuse de 17 567 €, sans succès. Enfin, Michel Denizot (Extrême gauche) aura été le candidat le plus discret avec seulement 47 € de dépenses.
5ᵉ circonscription : une victoire du RN avec peu de moyens
Dans la cinquième circonscription, René Lioret (Rassemblement National) a remporté le siège avec 50,04 % des voix (28 677 votes) pour un budget modeste de 6 592 €.
En face, Didier Paris (Ensemble !) a dépensé presque trois fois plus (17 774 €, dont 2 000 € de dons), sans parvenir à conserver sa circonscription.
L’Union de la gauche, avec Jérôme Flache, a engagé 7 017 € (dont 500 € de dons). Deux candidats, Arnaud Chéront (Divers droite) et Nicolas Baudot (Divers centre), n’ont tout simplement rien dépensé.
Ces législatives anticipées en Côte-d’Or montrent que l’argent ne garantit pas la victoire. La campagne la plus onéreuse revient à Catherine Hervieu (Union de la gauche, 2ᵉ circonscription), qui a dépensé 28 346 € et contracté le plus gros emprunt, soit 30 000 €. À l’inverse, plusieurs candidats – notamment de Reconquête !, Divers droite ou Divers centre – n’ont pas dépensé un centime. Le record de dons est détenu par Sladana Zivkovic (1ʳᵉ circonscription) avec 11 700 €. En définitive, si certaines victoires ont reposé sur des investissements importants, d’autres se sont imposées avec des moyens limités, confirmant que la stratégie politique a souvent pesé davantage que les finances.