Lors de la séance du Conseil municipal du 22 septembre 2025, les élus dijonnais ont voté une série de délibérations structurantes : restauration de l’église Saint-Philibert, renouvellement du label “Ville d’art et d’histoire”, soutien à la SDAT, budgets participatifs, coopération avec Lisbonne, sans oublier l’hommage à Robert Badinter. Retour sur une séance riche, qui dessine l’avenir de la cité des Ducs.
Saint-Philibert : urgence patrimoniale et projet culturel
Monument emblématique du cœur historique, l’église Saint-Philibert fait l’objet d’un plan de restauration majeur. Le Conseil municipal a validé le lancement opérationnel d’une première phase de travaux estimée à 3,2 M€ TTC, centrée sur la sécurisation structurelle : consolidation des piliers, stabilisation de la croisée du transept et réalisation des études nécessaires.
L’édifice, fragilisé par une contamination saline, une charpente et une couverture vieillissantes, ainsi que des vitraux dégradés, nécessite une intervention globale. Au total, la facture s’élèvera à environ 12 M€ TTC, pour un programme échelonné jusqu’en 2028.
Mais la Ville veut aller au-delà d’une simple conservation. « Saint-Philibert doit redevenir un lieu vivant, accueillant expositions, concerts semi-acoustiques, petites formes théâtrales », a rappelé la municipalité. L’objectif est d’intégrer pleinement l’église aux parcours de visite culturels et touristiques, tout en respectant son intégrité patrimoniale.
Un patrimoine reconnu et financé autrement
En parallèle, Dijon se prépare à renouveler, début 2026, le label Ville d’art et d’histoire. La convention décennale reposera sur quatre piliers : approfondir la restauration dans une ville durable, valoriser la diversité des patrimoines avec les habitants, développer de nouveaux outils pédagogiques et renforcer la formation des professionnels.
Pour soutenir financièrement ces chantiers, la Ville a choisi d’adhérer à la Fondation du patrimoine (cotisation annuelle de 1 000 €). Ce partenariat ouvre la possibilité de campagnes de mécénat populaire et d’un soutien du Loto du patrimoine pouvant aller jusqu’à 500 000 €. « Moins d’incantation, plus d’ingénierie », résume l’exécutif, qui veut diversifier ses financements et accélérer ses projets.
Conservatoire : améliorer l’accueil des élèves
Le Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR), qui forme chaque année environ 1 850 élèves sur 7 500 m², bénéficiera d’une restructuration de ses espaces d’accueil. Objectifs : améliorer la qualité de service, l’orientation du public, l’accessibilité et la sécurité.
L’opération, confiée à un maître d’œuvre, est évaluée à 400 000 € HT, dont 47 865 € HT pour la rémunération du concepteur et 8 500 € HT pour le mobilier. Malgré une baisse des concours financiers de la DRAC et de la Région, la Ville assure qu’elle garantira la continuité et la qualité du service public culturel.
Hommage à Robert Badinter : une place pour la mémoire
Quelques jours avant l’entrée au Panthéon de Robert Badinter, prévue le 9 octobre 2025, les élus dijonnais ont décidé de renommer la Place du Palais en Place du Palais / Robert Badinter.
Un hommage appuyé à l’ancien garde des Sceaux, artisan de l’abolition de la peine de mort en 1981, mais aussi à l’homme qui entretenait un lien particulier avec Dijon. Il y enseigna le droit à l’université et marqua durablement ses étudiants. Avocat, il sauva la tête du dernier condamné à mort de France dans la capitale bourguignonne.
La Ville veut ainsi « associer durablement la mémoire de Robert Badinter à son histoire » et rappeler son attachement aux valeurs de justice, d’humanité et de progrès.
Participation citoyenne : 197 projets déposés
L’édition 2025 des budgets participatifs confirme le succès de l’initiative. Sur 197 projets déposés, 34 ont été retenus par les Ateliers de quartier. Chaque quartier bénéficie d’une enveloppe de 50 000 €, soit 450 000 € au total.
Les thèmes reflètent les préoccupations citoyennes : près de la moitié des projets concerne l’environnement et le cadre de vie, une vingtaine touche à la solidarité et à la citoyenneté, et cinq ont été proposés par des jeunes, via le nouveau Conseil participatif des jeunes.
Solidarité : la Ville renouvelle son soutien à la SDAT
Institution centenaire, la SDAT (Solidarité – Dignité – Accompagnements – Travail) voit reconduite sa convention d’objectifs et de moyens pour la période 2023–2026. La Ville engage 411 388 € pour soutenir deux dispositifs :
- ACOR Centre-Ville, qui va à la rencontre des personnes sans-abri, assure un accueil de jour et la médiation avec les habitants.
- EMAS, une équipe médico-sociale mutualisée, qui coordonne les prises en charge des personnes fragiles et sécurise leur maintien en logement.
La municipalité insiste : « Soutenir la SDAT, ce n’est pas de l’affichage, c’est un choix d’efficacité et de dignité ».
Coopération avec Lisbonne et soutien à la communauté lusitanienne
Dijon a confirmé le partenariat avec Lisbonne, visant des échanges en matière de culture, patrimoine, éducation et jeunesse. Ce partenariat se traduira par des résidences d’artistes, des mobilités scolaires et des actions linguistiques.
En parallèle, une subvention de 5 000 € a été fléchée vers l’Union Luso-Française Européenne, afin de financer explicitement des activités culturelles locales.
La Ville annonce la mise en place d’une feuille de route opérationnelle, avec suivi public, pour mesurer les retombées concrètes de cette coopération : nombre d’événements, publics touchés, partenariats activés.
Une méthode affichée : constance et ouverture
Au fil des délibérations, un fil rouge se dessine : Dijon affirme une méthode claire – diagnostics précis, phasage des projets, financements diversifiés – et une volonté d’ouverture, qu’il s’agisse d’usages culturels, de participation citoyenne ou de coopérations européennes.
Avec l’église Saint-Philibert comme totem patrimonial, le Conservatoire comme enjeu d’accessibilité culturelle, la SDAT comme acteur majeur de solidarité, et Lisbonne comme partenaire international, la municipalité trace une ligne : mettre le patrimoine, la culture et la solidarité au service du quotidien des habitants et de l’attractivité de la ville.
