François Rebsamen, président de Dijon Métropole et de la Fédération Progressiste, a annoncé samedi qu’il ne rejoindrait pas le gouvernement en cours de constitution par le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu. L’ancien ministre de l’Aménagement du territoire a confirmé qu’il entendait désormais « se consacrer pleinement à Dijon et à sa métropole ». L’annonce n’a pas tardé à susciter de vives réactions dans la sphère politique, tant à Dijon qu’au niveau national.
Le Rassemblement Dijonnais ironise sur un “retour à la maison”
Le Rassemblement Dijonnais, principale force d’opposition locale, a salué avec ironie ce retrait du gouvernement : « Bon retour dans la campagne municipale de Dijon, M. Rebsamen ! Après avoir siégé au sein du gouvernement Bayrou, sous la présidence d’Emmanuel Macron, le ministre de l’Aménagement du territoire se rappelle qu’il est un homme de gauche et que sa ville l’attend ! » Le mouvement affirme vouloir « tourner la page de l’ère Rebsamen », estimant que Dijon a besoin « d’un nouveau souffle et d’une alternance claire ».
“Notre Nation” dénonce un départ sans courage politique
De son côté, le mouvement Notre Nation, par la voix de son référent départemental Maxime Ferreira, a publié un long communiqué particulièrement critique. Selon lui, le départ de François Rebsamen « n’a rien d’un acte de courage politique » :
« C’est la conclusion logique d’un bilan sans cap, sans résultats et sans vision. Après neuf mois au ministère, il quitte un gouvernement qu’il a lui-même cautionné, sans avoir concrétisé la moindre réforme sérieuse. »
Le texte reproche à l’ancien ministre d’avoir échoué à simplifier la vie des collectivités et de s’être montré impuissant face à la crise de la décentralisation. Notre Nation dénonce également son soutien au projet de loi constitutionnelle sur la Corse, qualifié de « dérive autonomiste inacceptable ». « Ce texte n’est pas un simple aménagement administratif, c’est un pas vers l’autonomie politique et une faute républicaine », poursuit le communiqué.
Des polémiques locales relancées
Le retour de François Rebsamen à Dijon Métropole intervient aussi dans un contexte de controverses. Selon plusieurs révélations de Transparence Citoyenne, des documents (factures) font état de 121 000 euros de dépenses engagées entre 2020 et 2024, dont 76 700 euros en restauration et 10 000 euros en costumes de luxe. Notre Nation y voit la preuve d’un « repli dans une zone de confort, à l’abri du débat national, où il continue de vivre aux frais du contribuable ».
Un parcours politique marqué par les retours
Ce n’est pas la première fois que François Rebsamen quitte un poste ministériel pour se recentrer sur Dijon. En 2014, déjà, il avait quitté le ministère du Travail après avoir échoué à « inverser la courbe du chômage », promesse restée célèbre sous le quinquennat de François Hollande. Aujourd’hui, à 73 ans, l’élu social-démocrate, fidèle de longue date du Parti socialiste avant de créer sa propre formation, revendique son autonomie politique et son attachement à la « proximité locale ».
Une bataille politique relancée à Dijon
Son retrait du gouvernement relance les spéculations sur la prochaine campagne municipale à Dijon, prévue pour 2026. Les oppositions locales voient dans ce retour une opportunité de remettre en cause vingt années de domination politique de François Rebsamen sur la capitale bourguignonne. « Dijon mérite mieux que la routine politique et les arrangements d’appareil », affirme Maxime Ferreira, appelant à « faire émerger une nouvelle génération politique, enracinée et sincère ».
Une fin de cycle ?
Entre fidélité macroniste, ancrage local et critiques persistantes, François Rebsamen se retrouve à un tournant de sa carrière. S’il affirme vouloir “servir Dijon avant tout”, ses adversaires y voient une manœuvre pour préparer une reconquête municipale. Qu’il s’agisse d’un retrait tactique ou d’un retour aux sources, son départ du gouvernement Lecornu marque, à coup sûr, la fin d’un chapitre politique et le début d’une nouvelle bataille à Dijon.