Ce lundi 6 septembre 2025 restera dans les annales – ou plutôt dans les anales – de la politique française, tant le spectacle fut pathétique. « Depuis trois semaines, ma parole a été rare et j’ai tenté de construire un cheminement », a déclaré Sébastien Lecornu depuis la cour de Matignon, quelques instants après avoir remis sa démission à Emmanuel Macron. Un Premier ministre de plus poussé vers la sortie. Et une République toujours plus vidée de sens.
« On ne peut pas être Premier ministre lorsque les conditions ne sont pas remplies », a-t-il ajouté, lucidement peut-être, mais bien tard. Selon lui, sa démission serait la conséquence directe du refus des formations politiques de « voir la rupture profonde » que représentait l’abandon du 49.3. Il dénonce les « appétits partisans » et les « postures » des partis politiques, qui se comportent « comme s’ils avaient tous la majorité à l’Assemblée nationale ». Une classe politique qui, de l’extrême gauche à l’extrême droite, joue sa pièce de théâtre sans se soucier du public.
Les Français, spectateurs écœurés d’un mauvais film
Soyons honnêtes : le spectacle offert ce lundi fut lamentable. Les politiciens, ces comédiens hors pair, ne font plus rire personne. D’année en année, ils ont plongé la France dans un marasme politique, social et moral dont elle peine à se relever. Et qui paie les pots cassés ? Toujours les mêmes : les Français et les Françaises. Des citoyens épuisés, désabusés, qui n’attendent plus rien de ceux censés les représenter.
Un sondage Ifop pour LCI en dit long sur cette fracture abyssale : 51 % des Français souhaitent que le prochain Premier ministre soit issu de la société civile. En clair : tout sauf un politicien professionnel. Le message est brutal mais limpide : le peuple ne croit plus à cette caste, ni à ses promesses recyclées, ni à ses discours écrits par des communicants déconnectés du réel.
Un pays qui doute, un peuple qui gronde
Deux tiers des Français (66 %) réclament désormais une dissolution de l’Assemblée nationale, soit une progression de 5 points en un mois. Et pendant ce temps, certains élus continuent de jouer les aveugles. Pierre Pribetich, interrogé par Le Bien Public, ose déclarer : « Sur le terrain, j’observe que les gens ne demandent pas à revoter. » Le terrain ? Une déclaration qui semble en décalage avec le climat actuel dans le pays. Parce qu’aujourd’hui, ce que ressentent les Français, ce n’est ni la confiance, ni la sérénité : 64 % éprouvent de l’inquiétude, 24 % de la colère, et seulement 2 % de l’espoir. Un chiffre vertigineux, symbole d’un pays qui n’y croit plus.
Macron, seul dans le silence
Face à cette débâcle, Emmanuel Macron, fidèle à lui-même, reste silencieux. Il temporise, observe, calcule. Dissoudre à nouveau l’Assemblée ? Risquer une victoire du Rassemblement national ? Ou, scénario impensable il y a encore quelques mois, envisager sa propre démission ? Officiellement, il ne ferme aucune porte. Officieusement, il gagne du temps.
Pendant que le chef de l’État s’enferme dans son mutisme, la France s’enfonce dans le doute. La politique, vidée de toute crédibilité, n’a plus d’acteurs dignes de ce nom. Les Français n’y croient plus. Ils ne veulent plus de promesses, plus de mises en scène, plus de postures. Ils veulent du courage. De la vérité. Et surtout, du respect.
F.B