Deux jours. C’est le temps qu’avait Sébastien Lecornu pour tenter de trouver une issue à la crise politique inédite qui secoue le pays. À la demande du président de la République, le Premier ministre démissionnaire a mené une série d’« ultimes négociations » avec les forces politiques. Mercredi 8 octobre, sur le plateau du 20 Heures de France 2, il a dressé le bilan de cette mission et livré un message d’espoir : « Les perspectives d’une dissolution s’éloignent ».
« Ce soir, je considère que ma mission est terminée »
Face à Léa Salamé, Sébastien Lecornu a confirmé que son aventure à Matignon touchait à sa fin. « Je ne cours pas après le job », a-t-il déclaré, réaffirmant qu’il restait Premier ministre démissionnaire, chargé des affaires courantes. Se disant désormais doté d’une parole « libre », il a assuré avoir « tout essayé » pour rapprocher les positions : « Depuis quarante-huit heures, j’ai mené d’ultimes discussions. Les Français attendent que la classe politique s’entende. »
Une majorité opposée à une nouvelle dissolution
Après avoir reçu l’ensemble des formations de gauche dans la journée, le Premier ministre s’est voulu rassurant : « Il y a une majorité absolue à l’Assemblée nationale qui refuse une nouvelle dissolution. » Selon lui, plusieurs blocs politiques seraient « prêts à s’accorder sur un budget commun », sous certaines conditions. C’est ce message qu’il a porté à Emmanuel Macron en fin de journée, estimant qu’« un chemin est encore possible » pour éviter un nouveau passage aux urnes.
Un nouveau Premier ministre « dans les 48 prochaines heures »
Lecornu s’est dit « plutôt optimiste » quant à la suite : « La situation permet au président de nommer un nouveau Premier ministre dans les 48 prochaines heures. » Le futur gouvernement, a-t-il ajouté, devra « se retrousser les manches » et rester « déconnecté des ambitions présidentielles pour 2027 ». Quant à la composition de la future équipe, il s’en est remis à Emmanuel Macron : « C’est au chef de l’État de mener les ultimes consultations. » Interrogé sur la possibilité d’un gouvernement technique, il a reconnu que cette piste *« peut être une solution parmi d’autres ». *
La réforme des retraites, « l’un des dossiers les plus bloquants »
Autre sujet sensible : la réforme des retraites. Lecornu a reconnu qu’il s’agissait d’un « dossier bloquant », tout en réaffirmant son attachement au texte. « On aura bien du mal à dire qu’il ne faut pas un débat. Il faudra trouver un chemin pour que ce débat ait lieu. » Mais, a-t-il insisté, la décision finale reviendra à Emmanuel Macron : « Respectons l’institution présidentielle. »
Un budget prêt à être présenté
Sur le plan économique, un projet de budget est déjà dans les tuyaux. « Toutes les forces politiques, hors LFI et le RN, m’ont dit qu’il ne fallait pas prendre le risque de ne pas avoir de budget au 31 décembre », a-t-il rapporté. Le texte pourrait être déposé dès lundi 13 octobre, à condition qu’un nouveau gouvernement soit en place : « Il faut qu’un gouvernement soit nommé, qu’un budget soit adopté en Conseil des ministres, puis débattu à l’Assemblée. »
« Emmanuel Macron s’adressera aux Français en temps utile »
Enfin, sur une éventuelle prise de parole du président, le Premier ministre démissionnaire a botté en touche : « Emmanuel Macron s’adressera aux Français en temps utile. » Avant de conclure, en référence à son portefeuille des Armées : « Ce n’est pas le moment de changer de président de la République. » Une manière de répondre à ceux qui réclament une présidentielle anticipée.