Le grand reporter Emmanuel Razavi, connu pour ses investigations sur les réseaux jihadistes et les zones de non-droit, a passé plusieurs jours à Dijon pour enquêter sur la situation sécuritaire et politique de la capitale bourguignonne. Son travail, publié en trois volets sur le site Atlantico.fr, dresse un tableau saisissant d’une ville autrefois paisible, aujourd’hui confrontée à la montée du narcotrafic, au communautarisme religieux et à un déni politique persistant. Une série qui s’annonce déjà comme explosive et qui devrait susciter un large débat local et national.
Une immersion dans une ville sous tension
Dans le premier volet intitulé « Enquête à Dijon : la ville (anciennement) tranquille où les dealers font désormais la loi », Emmanuel Razavi raconte son séjour dans une cité divisée. D’un côté, le centre historique, vitrine culturelle et touristique de la Bourgogne ; de l’autre, des quartiers entiers où les dealers imposent leur loi. Pendant plusieurs jours, le journaliste a sillonné les rues, rencontré des habitants, des policiers et des élus. Son constat est sans appel : règlements de comptes, violences armées, bâtiments incendiés, et une population à bout face à un sentiment d’abandon. Le reporter décrit une ville à deux visages, où la République recule sous la pression des trafiquants.
Le clientélisme politique au cœur du débat
Dans le deuxième volet, « Enquête exclusive : cette gauche dijonnaise qui drague les islamistes », Emmanuel Razavi aborde un autre versant du malaise dijonnais : les relations ambiguës entre certains élus de gauche et des acteurs de la mouvance islamiste locale. L’enquête met notamment en cause des représentants municipaux accusés de complaisance avec des organisations proches des Frères musulmans, comme la Jeunesse Musulmane de France en Bourgogne et son imam influent, Mohamed Ateb. À travers témoignages et documents, Razavi décrit un clientélisme communautaire qui, selon plusieurs sources locales, aurait contribué à ancrer durablement un islam politique dans la région. La mairie, contactée, a refusé de répondre aux questions du journaliste.
“La mairie oppose un déni farouche”
Le troisième volet prend la forme d’un long entretien avec Emmanuel Bichot, conseiller municipal d’opposition et président du mouvement Agir pour Dijon. Sous le titre « À Dijon, le narcotrafic met la ville à feu et à sang, et la mairie y oppose un déni farouche », l’élu dénonce la passivité de la municipalité face à l’explosion du trafic de drogue, des violences et du communautarisme. Selon lui, les choix politiques des vingt dernières années auraient contribué à fragiliser la cohésion sociale et à laisser s’installer une véritable économie parallèle.
La ville de Dijon, sollicitée pour réagir, n’a pas souhaité faire de commentaire.
Une série qui fait déjà réagir
Cette trilogie d’enquêtes, signée par un journaliste reconnu pour ses travaux sur les questions de sécurité et d’islamisme, est en passe de devenir un événement médiatique. En exposant les fractures d’une ville symbolique du “vivre ensemble à la française”, Emmanuel Razavi interroge plus largement la capacité de l’État et des élus locaux à faire face aux nouvelles formes de criminalité et d’entrisme idéologique. Alors que Dijon se prépare à une campagne municipale sous tension, ces révélations risquent de bousculer le paysage politique et d’alimenter un débat brûlant sur la gestion du narcotrafic, l’immigration et la laïcité dans les villes moyennes françaises.
