Après une semaine de chaos politique et la démission du Premier ministre, Emmanuel Macron a confirmé Sébastien Lecornu à Matignon. Le nouveau gouvernement, dévoilé dimanche 12 octobre, mêle figures recyclées et nouveaux venus issus de la société civile. Un pari risqué, entre continuité et survie.
Une semaine de tourmente politique
C’est la fin d’un épisode rocambolesque. Huit jours après la publication d’une première liste ministérielle qui avait provoqué l’implosion de la majorité et la démission du Premier ministre, Emmanuel Macron a finalement choisi de maintenir Sébastien Lecornu à Matignon.
Le chef de l’État, après avoir consulté les partis politiques hors LFI et RN, a officialisé vendredi la reconduction du ministre des armées. Ce dimanche soir, le nouveau gouvernement a été annoncé depuis l’Élysée, dans une atmosphère de tension contenue.
Sur proposition du Premier ministre, 34 ministres et ministres délégués composent désormais le gouvernement Lecornu 2, censé incarner un retour à la stabilité après plusieurs jours d’incertitude.
Des visages connus, un air de déjà-vu
Derrière la promesse d’un « nouvel élan », la composition du gouvernement témoigne surtout d’une continuité assumée. Les poids lourds demeurent en place : Roland Lescure conserve Bercy, Philippe Tabarot reste aux Transports, et Charlotte Parmentier Lecoq garde la charge de l’autonomie et du handicap. Jean-Noël Barrot, proche du centre macroniste, prend les Affaires étrangères, tandis que Catherine Vautrin, ministre du Travail et de la Santé sortante, hérite des Armées.
La surprise vient de Gérald Darmanin, nommé garde des sceaux. L’ancien ministre de l’Intérieur, qui nourrit des ambitions présidentielles pour 2027, semble déroger à la consigne énoncée par Lecornu vendredi : « Celles et ceux qui entreront au gouvernement devront se déconnecter de toute ambition présidentielle. » Une contradiction qui illustre la fragilité des équilibres internes.
La société civile à la rescousse
Pour tenter d’incarner le renouvellement, Sébastien Lecornu a fait appel à plusieurs personnalités extérieures au sérail politique. Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, devient ministre du Travail et des Solidarités. Une nomination qui risque de faire grincer les syndicats alors que la grogne sociale s’intensifie. Monique Barbut, présidente du WWF France et ancienne envoyée spéciale d’Emmanuel Macron pour la biodiversité, succède à Agnès Pannier-Runacher à la Transition écologique.
Le chef d’entreprise Serge Papin (ex-Système U) prend en main les PME, tandis qu’Édouard Geffray, ancien directeur de l’enseignement scolaire, succède à Élisabeth Borne à l’Éducation nationale. L’ex-navigatrice et eurodéputée Catherine Chabaud devient ministre déléguée chargée de la Mer, ajoutant une touche environnementale à un gouvernement qui peine à définir une ligne claire.
Des départs qui marquent un tournant
Ce remaniement acte aussi plusieurs départs symboliques. Bruno Retailleau, président des Républicains, quitte le gouvernement, remplacé par Laurent Nuñez, préfet de police de Paris. Élisabeth Borne et Manuel Valls s’effacent également. Ce dernier est remplacé aux Outre-mer par Naïma Moutchou (Horizons), promue à la Fonction publique. Marina Ferrari, déjà ministre des Sports, conserve son portefeuille, l’un des rares éléments de continuité assumée par l’exécutif.
Un équilibre fragile et un horizon incertain
Entre recyclage politique et intégration de personnalités de la société civile, le gouvernement Lecornu 2 apparaît comme un attelage de circonstance, destiné avant tout à préserver l’ordre au sein d’une majorité fissurée. Les multiples équilibres recherchés — entre centristes, macronistes historiques, figures LR et technocrates — traduisent la volonté du président de retenir un système en désagrégation plutôt que de le réinventer.
Reste à savoir si ce gouvernement de compromis pourra tenir dans la durée. À dix-huit mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron tente de donner le change : il garde la main, mais son pouvoir semble de plus en plus suspendu à une illusion de contrôle. Quant à Sébastien Lecornu, il hérite d’une mission paradoxale : ramener la cohésion tout en éteignant l’incendie politique que son propre camp a allumé.
Le gouvernement de Sébastien Lecornu 2
Les ministres
Laurent Nunez, ministre de l’Interieur
Catherine Vautrin, ministre des armées et des anciens combattants
Jean-Pierre Farandou, ministre du travail et des solidarités
Monique Barbut, ministre de la transition écologique, de la biodiversité et des négociations
internationales sur le climat et la nature
Gérald Darmanin, garde des sceaux, ministre de la justice
Roland Lescure, ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle,
énergétique et numérique
Serge Papin, ministre des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat, du tourisme et du pouvoir d’achat
Annie Genevard, ministre de l’agriculture, de l’agro-alimentaire et de la souveraineté
alimentaire
Edouard Geffray, ministre de l’éducation nationale
Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères
Rachida Dati, ministre de la Culture
Stéphanie Rist, ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées
Naïma Moutchou, ministre des outre-mer
Françoise Gatel, ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation
Amélie de Montchalin, ministre de l’action et des comptes publics
Philippe Baptiste, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’espace
Marina Ferrari, ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative
Philippe Tabarot, ministre des transports
Vincent Jeanbrun, ministre de la ville et du logement
Les ministres délégués :
Auprès du Premier ministre : Laurent Panifous (chargé des relations avec le Parlement), Maud Bregeon (porte parole du Gouvernement), Aurore Bergé (chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations
Auprès du ministre de l’intérieur : Marie-Pierre Vedrenne
Auprès de la ministre des armées et des anciens combattants : Alice Rufo
Auprès de la ministre de la transition écologique : Catherine Chabaud (chargée de la mer et la pêche), Mathieu Lefevre (chargé de la transition écologique)
Auprès du ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle : Sébastien Martin (chargé de l’industrie), Anne Le Henanff (chargée de l’intelligence artificielle et du numérique)
Auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères : Benjamin Haddad (chargé de l’Europe), Nicolas Forissier (chargé du commerce extérieur et de l’attractivité), Eleonore Caroit (chargée de la francophonie, des partenariats internationaux et des Français de l’étranger)
Auprès du ministre de la santé : Charlotte Parmentier-Lecoq (chargée de l’autonomie et des personnes handicapées)
Auprès de la ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation : Michel Fournier (chargé de la ruralité)
Auprès de la ministre de l’action et des comptes publics : David Amiel (chargé de la fonction publique et de la réforme de l’État)