Lors d’un entretien diffusé le mardi 14 octobre sur LCI, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a dévoilé une nouvelle instruction ministérielle qui entrera en vigueur dès aujourd’hui. Objectif : « remettre les victimes au centre du système judiciaire », selon ses propres mots. « Les victimes sont les grands oubliés de l’action publique », a affirmé le ministre. « Au lieu de mettre l’accusé au centre, nous allons mettre la victime au centre. »
Les victimes informées de la sortie de prison de leur agresseur
Mesure phare de cette réforme : toute victime sera désormais informée lorsque son agresseur sortira de prison, y compris en cas d’aménagement de peine. Le ministère souhaite ainsi garantir une meilleure protection et une information systématique des personnes concernées.
Le garde des Sceaux a cité notamment les victimes de viol, pour qui il est, selon lui, « normal de savoir quand la personne sort de prison ». Cette évolution s’inscrit dans une volonté plus large de rétablir la confiance entre les citoyens et la justice, souvent perçue comme distante et lente.
Une peine plancher d’un an pour les agressions d’agents publics
Gérald Darmanin a également annoncé un projet de loi visant à instaurer une peine minimale d’un an de prison ferme pour toute agression contre une personne dépositaire de l’autorité publique — policiers, gendarmes, pompiers ou agents pénitentiaires. « Aujourd’hui, le minimum, c’est zéro. Demain, le minimum, ce sera un an de prison ferme, même sans récidive, dès le premier fait », a-t-il insisté. Le ministre espère que ce texte sera adopté au Parlement début 2026.
Un seul sursis avant la prison ferme
Autre volet de la réforme : la limitation du recours au sursis. Désormais, un seul sursis pourra être accordé avant qu’une peine ferme ou une peine de substitution (comme un travail d’intérêt général) ne soit appliquée.
Cette mesure vise à renforcer la crédibilité de la justice et à lutter contre les multirécidivistes, souvent perçus comme profitant d’une indulgence excessive du système judiciaire.
Un message politique en toile de fond
En conclusion de son intervention, Gérald Darmanin a élargi son propos à une réflexion politique plus globale. Il a appelé la majorité présidentielle à « corriger ses excès » et à faire preuve « d’humilité », estimant que le pouvoir devait revenir aux préoccupations concrètes des Français.« Si nous ne corrigeons pas nos erreurs, nous courons le danger d’être éliminés de la vie politique et de laisser le choix entre l’extrême droite et l’extrême gauche », a averti le ministre.
Avec ces annonces, Gérald Darmanin poursuit son virage vers une justice plus ferme et plus proche des victimes, tout en cherchant à réaffirmer l’autorité de l’État face à la montée des violences et au sentiment d’impunité.