Le président de la Mission Locale de l’arrondissement de Dijon, Hamid El Hassouni, a adressé un courrier d’alerte aux élus et parlementaires pour dénoncer la baisse annoncée des financements de l’État envers le réseau des Missions Locales dans le cadre du projet de loi de finances 2026 (PLF 2026).
Dans ce courrier daté du lundi 27 octobre 2025, il met en garde contre des conséquences « extrêmement néfastes pour l’emploi des jeunes et le fonctionnement des Missions Locales », si le texte est adopté en l’état.
Une baisse nationale de 13 % des crédits
Dans sa lettre, Hamid El Hassouni indique : « Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit une baisse très importante du financement du réseau des Missions Locales (-13 %). Dans un contexte économique déjà dégradé, les jeunes risquent d’être les premiers touchés par cette baisse. »
Pour le territoire de l’arrondissement de Dijon, cette coupe budgétaire représenterait une réduction de 8 %, soit 500 000 € minimum. Une somme considérable pour cette structure qui agit quotidiennement pour l’insertion professionnelle et sociale des jeunes de 16 à 25 ans.
Un acteur essentiel de l’insertion des jeunes
Dans son courrier, le président rappelle le rôle clé du réseau : « Le réseau des Missions Locales constitue aujourd’hui le premier réseau d’acteurs pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes avec plus de 1 million de jeunes accompagnés chaque année. Ce sont 6 800 lieux d’accueil sur l’ensemble du territoire, qui constituent le premier service de proximité, dans nos collectivités, où le maintien de l’accès aux droits reste un défi quotidien. »
La Mission Locale de l’arrondissement de Dijon, fondée sur ce modèle national, intervient sur les intercommunalités (EPCI) et la métropole dijonnaise. Elle accompagne chaque année 6 000 jeunes, avec un taux de retour à l’emploi de 50 %, un résultat que son président qualifie d’« accompagnement de qualité et efficace ».
Des conséquences lourdes pour l’emploi local
Le courrier ne laisse place à aucune ambiguïté quant à la gravité de la situation : « Concrètement, cette baisse aurait pour impact la suppression de 20 % des postes, soit 14 salariés, après avoir encaissé en 2025 une baisse de 9 %. Nous avons activé des leviers d’économie, de gestion, et nous sommes désormais au bout de ces possibilités. »
Les équipes, déjà fortement sollicitées, seraient donc directement affectées. En parallèle, l’accueil et l’accompagnement des jeunes s’en trouveraient profondément dégradés : moins de permanences, moins de conseillers, moins d’accès aux dispositifs d’emploi et de formation.
Un réseau en première ligne face à la précarité
Les Missions Locales ne se limitent pas à la recherche d’emploi : elles accompagnent les jeunes dans toutes les dimensions de leur insertion, qu’il s’agisse de logement, de santé, de mobilité ou d’accès aux droits. Elles jouent ainsi un rôle d’amortisseur social dans un contexte marqué par la hausse du chômage des jeunes, la précarisation des emplois et la montée des incertitudes économiques.
Dans son courrier, Hamid El Hassouni insiste sur cette dimension humaine et territoriale : « Présidées par les élus locaux, les Missions Locales sont aujourd’hui un outil de développement économique et de cohésion sociale indispensable. » « Personne d’autre que la Mission Locale ne fait ce qui est réalisé sur le terrain. Avec une telle baisse, nous laisserions au bord de la route 1 500 jeunes sur notre territoire. Je suis convaincu que cela n’est pas acceptable et que vous nous appuierez dans ce moment si difficile. »
Un appel clair aux parlementaires et au gouvernement
Le président dijonnais précise que le réseau national a d’ores et déjà alerté les pouvoirs publics : « Le réseau des Missions Locales a alerté les parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat sur les conséquences de cette baisse drastique. Vous voudrez bien trouver en pièce jointe une note argumentaire présentant les alertes et propositions du réseau des Missions Locales sur le PLF 2026, ainsi qu’une note présentant les conséquences de cette baisse des financements sur la pauvreté des jeunes et leur insertion vers l’autonomie et l’emploi. »
Il poursuit : « Si le sacrifice de la jeunesse est un choix, c’est une erreur. Nous bâtissons chaque jour avec eux l’avenir, et notre rôle est de maintenir encore un lien avec la jeunesse, qui est en souffrance comme jamais, qui doute de l’avenir de son pays, qui se questionne, mais qui est prête à relever de nombreux défis grâce à notre accompagnement, notre soutien, notre présence. »
Des choix budgétaires jugés incompréhensibles
Pour la Mission Locale de Dijon, cette nouvelle baisse de crédits s’inscrit dans une tendance inquiétante de désengagement progressif de l’État dans la politique jeunesse.
« Nous comprenons les besoins d’économie, et nous avons déjà participé fortement à la solidarité nationale », écrit encore Hamid El Hassouni. Mais, selon lui, les marges de manœuvre sont désormais épuisées, et la survie du modèle des Missions Locales est menacée à court terme.
Les conséquences pourraient être multiples :
- Réduction du nombre de jeunes accompagnés,
- Diminution de la présence territoriale dans les quartiers prioritaires,
- Fermeture de permanences rurales,
- Moindre accompagnement des dispositifs comme le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) ou les Parcours Emploi Compétences (PEC).
Un pilier du service public local
Depuis sa création, la Mission Locale de Dijon agit au plus près du terrain, en lien étroit avec les collectivités, les associations, les services de l’État et les entreprises locales. Elle constitue un maillon essentiel entre la jeunesse en recherche d’avenir et le tissu économique du territoire. Elle se veut à la fois un lieu d’écoute, de conseil et d’action, où chaque jeune peut trouver une réponse adaptée à sa situation.
« Nous nous tenons à votre disposition pour échanger avec vous sur ce projet de loi et vous présenter les points d’alerte et les propositions du réseau visant à mieux répondre aux besoins d’insertion des jeunes de 16 à 25 ans et leur permettre de s’insérer durablement dans l’emploi », conclut le président.
