De Dole à Dijon, Bilel Latreche poursuit sa tournée politique en marchant désormais sur Besançon. Après avoir successivement soutenu Benoît Bordat (majorité présidentielle) puis Océane Godard (Parti socialiste) lors des législatives de 2024, le boxeur dijonnais se retrouve aujourd’hui aux côtés… d’un représentant des Républicains. Ni à Dole, ni à Dijon, mais bien à Besançon.
Le 1er octobre 2025, Ludovic Fagaut, chef de file de l’opposition municipale, principal de collège et désormais candidat déclaré à la mairie de Besançon sous l’étiquette Les Républicains, officialisait son entrée en campagne. Objectif affiché : bâtir un rassemblement large, pour, dit-il, « ne pas commettre les mêmes erreurs qu’en 2020 ».
Dans cet esprit, il lançait un appel à unir les forces allant de la social-démocratie au bloc central, jusqu’à la droite républicaine. Une ambition d’unité… que vient troubler une fréquentation pour le moins déroutante.
Un séjour à Marrakech qui fait des vagues
Le 30 octobre 2025, Ludovic Fagaut publie sur sa page Facebook un long message illustré : « Profiter d’un court séjour à Marrakech, c’est aussi l’occasion de découvrir des initiatives qui changent des vies. Avec mon ami Bilel Latreche, j’ai eu la chance de visiter un dispositif d’accompagnement école–lieu de stage–maison de séjour pour des jeunes en rupture (…). L’objectif ? Leur offrir un cadre structurant, des règles claires et surtout une seconde chance vers l’insertion professionnelle (…). Une source d’inspiration pour nos actions à mener à Besançon. »
Une publication anodine ? Pas vraiment. Car derrière la photo et les belles intentions, une question s’impose : Faut-il vraiment s’afficher avec un boxeur aussi controversé ? Et surtout, Ludovic Fagaut envisage-t-il de collaborer à l’avenir avec Bilel Latreche ?
L’uppercut politique
Pour Ludovic Fagaut, ce choix d’accompagnement pourrait bien se transformer en uppercut politique. S’afficher à Marrakech avec une personnalité au parcours controversé, tout en prêchant la vertu républicaine et la rigueur morale, relève d’un pari risqué à quelques mois des municipales.
D’autant que Bilel Latreche, lui, semble avoir fait du changement de camp un sport de combat. Après avoir soutenu un candidat de la majorité présidentielle, puis une candidate socialiste, le voici désormais aux côtés des Républicains. Trois camps, trois discours, zéro cohérence. Une trajectoire politique qui donne le tournis – et interroge sur la sincérité de ses engagements.
Hier au centre, avant-hier à gauche, aujourd’hui à droite : Bilel Latreche ne semble pas chercher un ancrage, mais une exposition. Une course à la visibilité qui en dit long sur la confusion entre engagement et communication.
Quand la politique devient un ring
Au fond, cette apparition commune illustre une dérive contemporaine : la politique du spectacle, où l’on préfère les coups d’éclat médiatiques à la solidité des convictions. Un élu en quête d’image et un sportif en quête de rédemption : chacun utilisant l’autre pour exister. Mais à trop vouloir boxer dans toutes les catégories, on finit souvent hors du ring.
Après Dijon et Dole, tout porte à croire que le boxeur dijonnais cherche désormais à réhabiliter son image du côté de Besançon. Reste à espérer qu’il ne poursuive pas, demain, sa tournée politique jusque dans l’Yonne… au bras d’un représentant du Rassemblement national.
Du côté de Dijon, certains ne cachent pas leur soulagement. Un élu de la majorité municipale, qui nous a transmis la publication de Ludovic Fagaut, confie, en off : « Pendant ce temps-là, au moins, il ne traînera pas dans nos pattes. » Une remarque qui en dit long : à croire que, pour beaucoup à Dijon, on préfère désormais le voir boxer ailleurs.
