Déjà mis en cause pour des pratiques commerciales trompeuses et des conditions de travail indignes, le géant chinois du e-commerce Shein est à nouveau au centre d’une polémique. La marque a mis en vente des poupées à caractère pédopornographique, provoquant une vague d’indignation. La justice a été saisie.
Ce nouvel épisode intervient après une série de sanctions financières lourdes : 40 millions d’euros d’amende en juillet, puis 150 millions supplémentaires en septembre, notamment pour des promotions jugées trompeuses. Malgré ces affaires à répétition, Shein poursuit son implantation physique en France. La marque doit ouvrir mercredi une boutique au BHV à Paris, avant d’inaugurer mi-novembre des points de vente dans cinq Galeries Lafayette de province, dont Dijon.
À Dijon, l’ouverture prochaine d’un magasin Shein dans le sous-sol des Galeries Lafayette suscite à la fois incompréhension et indignation. Dijon Actualités a tenté de contacter le service communication ainsi qu’un responsable de la direction locale, sans obtenir de réponse.
« Ils sont en repos le lundi », nous a-t-on simplement indiqué. Nous souhaitions connaître la position officielle du magasin face à cette nouvelle polémique. Nous prendrons l’initiative de rappeler – cette fois, on nous demandera sans doute d’appeler Paris. C’est ce qu’on appelle, tout le monde en conviendra, botter en touche.
Interrogé plus tôt sur le partenariat entre SGM (propriétaire de plusieurs grands magasins, dont les Galeries Lafayette affiliées) et Shein, Frédéric Merlin, président de SGM, déclarait :
« Innovation et capacité à fédérer de grands partenaires sont au cœur de la mission de SGM. Nous avons toujours défendu l’idée que les grands magasins de centre-ville devaient être des magasins pour tous ; des lieux où se rencontrent la mode, la culture et la communauté. Nous avons convaincu SHEIN de faire de notre pays leur premier terrain d’expérimentation physique. Avec SHEIN, le plus grand site mondial de vêtements en ligne, nous ouvrons une nouvelle page, en commençant par le BHV et bientôt nos Galeries Lafayette affiliées en région. Ce projet nous permet d’attirer une clientèle plus jeune, de répondre aux attentes de nos consommateurs, tout en préservant l’ADN de nos magasins et en redonnant du souffle au cœur de nos villes, de Paris à la province. C’est aussi une innovation majeure : grâce à sa connaissance fine des ventes en ligne, SHEIN sait ce qui plaît localement et permet ainsi d’adapter l’offre de façon unique à chaque territoire. Chez SGM, nous ne mettons pas les clients dans des cases : un même consommateur peut acheter une pièce SHEIN et, le même jour, un sac de marque. C’est cette liberté, ce mélange des genres, qui fait la richesse et l’avenir du grand magasin. »
Des déclarations désormais perçues comme scandaleuses, au regard des révélations concernant les produits vendus par la marque. Ouvrir une nouvelle page avec une enseigne commercialisant des poupées à caractère pédopornographique choque profondément – d’autant que le corner Shein de Dijon sera installé, selon nos informations, à proximité du rayon jeux pour enfants des Galeries Lafayette. Un symbole fort, qui ne passera pas inaperçu.
