À la suite de révélations mettant en cause le ministère de l’Agriculture, accusé d’avoir exercé des pressions sur des scientifiques du Haut-Commissariat à la stratégie et au plan (HCSP) pour modifier un rapport consacré aux politiques de santé environnementale, le mouvement écologiste Cap21 fait part de sa “vive indignation”. Dans un communiqué daté du 7 novembre 2025, le parti estime que ces interventions constituent “un recul de la vérité scientifique dans la définition des politiques publiques”.
Selon Cap21, le ministère privilégierait une approche “ruraliste et souverainiste” construite en lien étroit avec “l’agro-industrie et certains lobbys”, au détriment de la santé de la population, et en premier lieu, celle “des agriculteurs eux-mêmes”.
Le mouvement cite plusieurs décisions récentes qu’il juge emblématiques d’une “dérive” de l’action publique : la réintroduction de l’acétamipride par la loi Duplomb malgré des alertes scientifiques, une interprétation de la Politique agricole commune (PAC) centrée sur la compétitivité, l’assouplissement des zones de non-traitement autour des habitations, ou encore l’extension de l’élevage intensif sans contrôle renforcé.
Cap21 pointe par ailleurs la condamnation récente de la France par la Cour de justice de l’Union européenne concernant l’application nationale de la PAC, y voyant une nouvelle illustration de l’absence de stratégie solide en matière de santé publique agricole.
Le mouvement écologiste appelle à un changement de cap et propose un plan d’action articulé autour de cinq mesures : moratoire immédiat sur les néonicotinoïdes, conditionnement des aides PAC à des critères environnementaux stricts, création d’un fonds national de transition agroécologique, mise en place d’un registre national des cancers liés aux pesticides et ouverture à la transparence totale des activités de lobbying dans le secteur agricole.
“Les échéances sanitaires nécessitent de voir plus loin que l’espérance de vie d’un gouvernement”, concluent Amandine Rapenne, vice-présidente de Cap21 et conseillère régionale, et Yves Queromain, référent agriculture du mouvement.
Communiqué de Cap 21 du 7 novembre 2025 :
Suite aux révélations de presse sur les pressions inacceptables exercées par le ministère de l’Agriculture sur les scientifiques du Haut-Commissariat à la stratégie et au plan (HCSP) pour altérer le contenu de son rapport sur les politiques de santé environnementale, CAP21 s’indigne du recul de la vérité scientifique dans la définition des politiques publiques.
Le ministère de l’Agriculture, éloigné des enjeux de santé publique et environnementale, s’appuie essentiellement sur l’agro-industrie et certains lobbys pour développer un discours rural et souverainiste rassurant, aux dépens de la santé de nos concitoyens – à commencer par les agriculteurs eux-mêmes.
Parmi les décisions symptomatiques de cette dérive :
– La réintroduction de l’acétamipride par la loi Duplomb, en ignorant les alertes scientifiques.
– Une lecture nationale de la PAC centrée sur la compétitivité au détriment de la réduction des intrants.
– L’assouplissement des zones de non-traitement (ZNT)
– L’extension sans classement des élevages intensifs
Notre santé à tous fait les frais de cette politique mortifère, sans apporter de solutions concrètes aux premiers concernés : les agriculteurs.
Les nombreux articles scientifiques qui nous alertent ne doivent plus être ignorés. La création d’un registre national des cancers géolocalisés, corrélé à l’état des eaux et aux épandages de pesticides, est une urgence nationale.
CAP21-LRC s’inquiète également de la condamnation de la France par la Cour de justice de l’Union européenne dans sa déclinaison de la PAC, pointant une nouvelle fois l’absence de volonté de protéger la santé des professionnels, des consommateurs, des riverains, et l’absence de soutien réel aux pratiques agricoles volontaristes en matière de santé environnementale.
Les échéances sanitaires nécessitent de voir plus loin que l’espérance de vie d’un gouvernement !
CAP21-LRC propose un plan d’action en 5 mesures concrètes :
1. Instaurer un moratoire immédiat sur toute réintroduction de néonicotinoïdes et exiger une évaluation indépendante des risques sanitaires avant toute décision législative.
2. Conditionner 100 % des aides PAC à des critères de santé environnementale : réduction mesurable des intrants, protection des captages d’eau, maintien des haies et des bandes enherbées.
3.Créer un Fonds national de transition agroécologique financé par une taxe sur les exportations de produits agricoles intensifs, pour accompagner les agriculteurs vers des modèles résilients et sans pesticides de synthèse.
4. Lancer un registre national des cancers et des pathologies liées aux pesticides, couplé à une cartographie publique des épandages et de la qualité des eaux – avec accès libre aux données pour les citoyens et les chercheurs.
5.Exiger la transparence totale des lobbies agro-industriels auprès du ministère de l’Agriculture : publication obligatoire des agendas, financements et expertises influençant les décisions publiques.
Pour Cap21-LRC,
Amandine Rapenne,
Vice-Présidente Cap21
Conseillère Régionale Déléguée à la transition alimentaire
Yves Queromain,
Référent Agriculture Cap21
