À quelques mois du scrutin municipal, le candidat Thierry Coudert, qui mène une liste commune avec Mélanie Fortier, conseillère régionale Rassemblement National et numéro deux de sa liste, a détaillé ce mardi les grandes lignes de son programme en matière d’urbanisme. Lors d’une conférence de presse, il a dénoncé « vingt-cinq ans de bétonisation excessive » et présenté un projet qu’il veut « tourné vers la qualité de vie et la préservation du patrimoine dijonnais ».
Un diagnostic sévère de la politique urbaine actuelle
D’entrée de jeu, Thierry Coudert a dressé un constat sans appel : « Dijon a construit sans vision, sans âme et sans respect de son histoire. » Selon lui, la politique urbaine menée depuis un quart de siècle aurait entraîné une bétonisation effrénée, déconnectée des besoins réels de la population.
Il dénonce notamment une stratégie de construction démesurée, non pas pour répondre à une explosion démographique, mais pour « attirer de nouveaux habitants venus des zones rurales », au détriment de l’équilibre local.
Le candidat fustige également la minéralisation des espaces publics, citant l’enfouissement du Suzon ou la rareté des fontaines en eau. Cette « artificialisation du paysage », affirme-t-il, aurait contribué à une baisse alarmante de la nappe phréatique.
Il regrette par ailleurs l’absence de concertation citoyenne dans les décisions d’aménagement, estimant que « les associations, pourtant très actives, n’ont jamais été véritablement écoutées ».
Vers un moratoire sur les grands projets immobiliers
Pour remédier à cette situation, Thierry Coudert propose un urbanisme “apaisé et respectueux des habitants”. Sa première mesure phare : instaurer un moratoire sur les grands projets immobiliers en cours, afin de les réexaminer un à un.
Le candidat souhaite également réviser en profondeur le PLUi-HD (Plan local d’urbanisme intercommunal habitat et déplacements) et le Plan de sauvegarde du patrimoine, qu’il juge « trop laxistes ». Une concertation élargie avec les associations environnementales et patrimoniales serait engagée dès le début du mandat.
Dans la continuité de la politique de zéro artificialisation nette, Coudert propose de recycler les friches industrielles et commerciales plutôt que d’ouvrir de nouveaux terrains à la construction. Un recensement des « dents creuses » serait effectué pour identifier les zones constructibles sans dénaturer les quartiers existants.
Rénovation, patrimoine et qualité architecturale
Autre axe majeur : favoriser la rénovation plutôt que la construction neuve. Le candidat entend mobiliser les nombreux logements vacants situés au-dessus des commerces du centre-ville afin d’y loger salariés et étudiants. Une Opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH) serait lancée dans le centre historique et autour de l’université, pour réhabiliter des logements vétustes et améliorer leur performance énergétique.
Thierry Coudert insiste également sur la préservation de l’identité architecturale des quartiers :
« Dijon ne doit pas devenir une ville uniforme. Chaque quartier raconte une part de notre histoire, et cette diversité doit être protégée », affirme-t-il.
Il souhaite renforcer la protection du patrimoine historique, souvent malmené selon lui, et garantir une architecture de qualité pour les nouvelles constructions, notamment les logements sociaux, conçus « avec l’appui de professionnels reconnus ».
Reverdir Dijon et redonner sa place à l’eau
Dans un registre plus écologique, Coudert annonce un grand plan de verdissement de la ville, élaboré avec les conseils de quartier et les associations locales. Ce plan viserait à créer de nouveaux espaces verts, encourager la végétalisation des façades, et redonner une place symbolique à l’eau dans la cité, notamment par la réapparition du Suzon là où cela serait techniquement possible.
Quatre publics prioritaires
Le candidat identifie enfin quatre catégories de Dijonnais qui bénéficieront en priorité de ses politiques de logement :
- Les salariés, avec une gestion plus fine du parc HLM et la création d’appartements-relais pour les jeunes actifs en début de carrière ;
- Les étudiants et apprentis, via le développement du logement social conventionné, afin de rattraper le retard de la ville sur le quota de 25 % fixé par la loi SRU ;
- Les familles en décohabitation, pour lesquelles il veut renforcer l’offre de petits logements (F1 et F2) dans le centre-ville ;
- Les personnes à mobilité réduite, avec l’obligation d’adapter systématiquement les appartements HLM situés en rez-de-chaussée.
Une “nouvelle vision” de Dijon
En conclusion, Thierry Coudert a appelé à « une rupture franche » avec ce qu’il décrit comme « l’urbanisme productiviste » des précédentes mandatures. « Notre ambition est simple : redonner du souffle, de la beauté et de l’harmonie à Dijon. Nous devons bâtir moins, mais mieux », a-t-il déclaré.
Avec Mélanie Fortier à ses côtés, le candidat souhaite faire de l’urbanisme un axe central de sa campagne municipale, convaincu que « la manière de construire dit tout de la manière de vivre ensemble ».
