Dix ans après les attaques terroristes qui ont frappé Paris le 13 novembre 2015, la Ville de Dijon a rendu un hommage particulièrement solennel aux victimes, ce jeudi 13 novembre à 18h, sous la Porte Guillaume, place Darcy. Ce lieu emblématique du cœur dijonnais a accueilli près de 300 personnes, réunies pour honorer la mémoire des disparus et rappeler l’attachement profond de la cité aux valeurs républicaines.
La cérémonie s’est déroulée en présence de Nathalie Koenders, maire de Dijon, de François Rebsamen, président de Dijon Métropole, de Aurélie Contrecivile, directrice de cabinet du préfet de la Côte-d’Or, ainsi que du président de la Région Bourgogne–Franche-Comté, Jérôme Durain. La députée de la première circonscription de Côte-d’Or, Océane Godard, était également présente, aux côtés de nombreux élus et anonymes venus déposer fleurs et bougies en souvenir des victimes.
Parmi les personnes tragiquement tuées le 13 novembre 2015 figurait un Dijonnais, Fabian Stech, enseignant au lycée des Arcades, passionné de karaté. Son nom a été particulièrement rappelé.
« La barbarie a ôté la vie à 132 innocents » : le discours de Nathalie Koenders
La maire de Dijon, Nathalie Koenders, a ouvert la cérémonie par un discours poignant, rendant hommage aux victimes mais aussi à celles et ceux qui ont « répondu avec courage » dans la nuit de l’attentat. Elle a déclaré : « il y a 10 ans, jour pour jour, la France a été frappée en plein coeur. Le 13 novembre 2015, à Paris, au Stade de France, sur les terrasses, et au Bataclan, la barbarie a ôté la vie à 132 innocents, dont un Dijonnais, auquel on pense bien fort ce soir,
Fabian Stech, qui était enseignant au lycée des Arcades, enseignant d’allemand, et qui était un grand amateur et pratiquant de karaté. »
Dans un silence attentif, elle a poursuivi : « C’est important pour nous de nous retrouver ce soir, dans ce moment de rassemblement, d’unité et d’hommage, pour rappeler que la douleur existe, et avoir une pensée pour les victimes, pour leurs familles, pour leurs proches, mais aussi pour les secouristes, pour les pompiers, pour les policiers, pour les soignants, les médecins et j’en oublie, qui ont répondu avec courage et solidarité face à la haine. »
Elle a conclu en réaffirmant la force des valeurs républicaines : « Donc, à Dijon, comme partout en France, ce moment de recueillement d’unité était important, et de dire que face au repli, face au terrorisme, face au barbarisme, eh bien, la meilleure des réponses est cette unité, et c’est la liberté, l’égalité et la fraternité. Alors, je vous propose de procéder à une minute de silence en hommage aux enfants de cette unité ». La foule réunie s’est alors recueillie dans un silence dense et respectueux.
François Rebsamen : « Nous savons nous rappeler que face à cette menace totalitaire, l’unité de la République est la chose la plus forte »
Interrogé par les journalistes après la cérémonie, François Rebsamen a insisté sur le caractère symbolique de cet hommage et sur le souvenir précis de la soirée du 13 novembre 2015 : « Un moment solennel de recueillement ce soir, dix ans après, pour se souvenir que la France a su rester unie face aux actes, aux attentats terroristes qui s’abattaient sur elle en ce 13 novembre 2015. Nous étions, je ne sais pas si la maire l’a rappelé, mais nous étions avec le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, qui nous avait quittés précipitamment pour rejoindre le ministre de l’Intérieur, avec lequel je serai dimanche, Bernard Cazeneuve, et c’est un moment de recueillement, d’émotion, et qui montre que nous savons nous rappeler que face à cette menace totalitaire — je crois qu’il faut l’appeler comme ça — de totalitarisme, l’unité de la République est la chose la plus forte que nous ayons en nous ».
Son intervention, brève mais très solennelle, a souligné l’importance de la cohésion nationale face aux menaces qui pèsent sur le pays.
Jérôme Durain : « Un témoignage profondément républicain »
Le président de la Région Bourgogne–Franche-Comté, Jérôme Durain, a expliqué les raisons de sa présence : « Oui, c’est important que nous soyons tous réunis à l’image de la société française. Nous commémorons un souvenir tragique d’attentats qui ont profondément blessé la société française, qui ont porté atteinte à l’image qu’on se fait d’une société qui est fraternelle, où on est capable de vivre ensemble. »
Il a rappelé la profondeur des traumatismes vécus : « On a vu à quel point les douleurs subies par leur famille, leurs proches, tous ceux qui ont assisté à ces événements et au-delà de la communauté nationale, avaient laissé une empreinte profonde. »
Pour lui, la responsabilité des élus est claire : « C’est normal qu’on soit là aujourd’hui, et je pense qu’il nous appartient comme élu de la République de faire vivre la devise de la République, la fraternité républicaine, de dire qu’il est possible aujourd’hui en 2025, dix ans après, de continuer à travailler une société humaniste qui porte des valeurs universelles où on sait se respecter et que, par ailleurs, il faut lutter sans relâche contre la barbarie, tous les extrémismes. C’est un témoignage profondément républicain qui est adressé ce soir à Dijon, et je suis tout à fait heureux d’y être comme président de la région. »
Océane Godard : « On a vu la force de notre République même attaquée »
La députée de la première circonscription de Côte-d’Or, Océane Godard, a également exprimé l’importance de sa présence lors de cet hommage, revenant sur l’émotion encore vive dix ans après les attentats. Elle a déclaré : « C’est important pour tout le monde, c’est important pour la République, et on a pu sentir l’émotion, d’ailleurs j’ai encore cette émotion très forte, parce que forcément on se souvient toutes et tous de là où on était il y a 10 ans, parce qu’on a ressenti l’effroi, c’était effroyable, et à la fois la puissance du pays quand il s’est uni aussi, et cette dimension-là elle est très très forte, et on a vu la force de notre République même attaquée, et même avec cette situation d’horreur, évidemment on pense aux victimes, on pense à celles et ceux qui sont toujours là, qui sont vivants, on pense aux familles, aux proches, et aux forces de l’ordre, à toutes celles et ceux aussi qui se sont mobilisés, je pense aussi à tous les bénévoles, les forces de l’ordre, les soignants, et toutes celles et ceux qui ont fait front aussi pour garantir le soin et la résistance. »
À notre question : « Le risque il est toujours aussi fort aujourd’hui, le risque d’attentat, qu’est-ce qu’on peut faire en tant que député pour faire que ce qui s’est produit ne se reproduise pas ? », la députée nous répondra : « Déjà ça passe par une posture, par une responsabilité, par des valeurs, et rester ancré, cramponné à nos valeurs qui font de notre République avec une posture de dignité, de responsabilité, et c’est ce qui se passe aujourd’hui, je le dis, au Parlement, quand on vote des budgets, quand on vote des lois, c’est aussi, et je pense à ce qui se passe au niveau de la défense notamment, quand on vote des budgets pour l’hôpital, quand on se bat au sein du Parlement pour avoir des budgets conséquents, voilà, c’est aussi pour que dans des situations comme celles dramatiques que nous avons vécues, que notre pays a vécu il y a 10 ans, eh bien qu’on puisse répondre présent et faire face, donc évidemment que le rôle des parlementaires est extrêmement important du pouvoir en place du président de la République. »
Elle a tenu à conclure en adressant un message à l’ancien chef de l’État : « Je voudrais juste quand même avoir un message à l’égard de François Hollande il y a 10 ans, à qui on doit aussi une posture de responsabilité, il a su tenir aussi dans un contexte et assurer la concorde dans un contexte où ça aurait pu aussi s’effondrer, il a fait rempart à cela et il a eu une posture digne et il a préservé la paix et c’est notre bien le plus précieux aujourd’hui, et la liberté bien sûr. »
En déposant ensemble fleurs et bougies, les Dijonnais ont montré que la mémoire des victimes reste vive. Dix ans après, la ville réaffirme son attachement à la paix, à la fraternité et à l’unité. Les discours, emplis de gravité, ont rappelé que la lutte contre la barbarie et le terrorisme repose plus que jamais sur la cohésion nationale.
