Devant la stèle commémorative installée en 2011 à quelques mètres de la résidence Adoma de la Fontaine-d’Ouche, une quarantaine de personnes se sont rassemblées ce vendredi pour honorer la mémoire des sept victimes de l’incendie criminel du 14 novembre 2010. Quinze ans après le drame, élus, résidents, familles, personnels d’Adoma et habitants du quartier ont partagé un moment de recueillement empreint d’émotion.
Plusieurs élus étaient présents, parmi lesquels Hamid El Hassouni, Franck Lehenoff et Massar N’Diaye, Françoise Tenenbaum aux côtés de la maire de Dijon Nathalie Hoenders et du directeur général d’Adoma Emmanuel Ballu.
Un hommage profondément marqué par le souvenir des victimes
La maire de Dijon, Nathalie Hoenders, a ouvert la cérémonie en rappelant la gravité du drame. Dès ses premiers mots, elle a tenu à honorer la mémoire des victimes et à reconnaître la douleur encore vive de leurs proches : « Alors ce sont des situations que l’on aimerait ne jamais vivre. Dans la nuit du 13 au 14 novembre 2010, il y a tout juste 15 ans, Dijon était frappé en son cœur par un drame dont le souvenir déchirant demeure, 15 ans plus tard indélébile. »
La maire a ensuite décrit le bilan humain, qu’elle a qualifié de « si lourd », puis a cité, un à un, les noms des sept personnes décédées : « Ils s’appelait Rahal Belgaid, Jean-Claude Kongdara, Cuong Luu The, Mamadou Ndiaye, Albert Abel Pothier, Demba Samb, Christian Sautreau. Ils étaient des voisins, des collègues de travail, des amis, des pères, des frères, des fils. »
Dans un silence attentif du public, elle a rappelé que chacun d’eux « avait une histoire, des projets, un avenir » et qu’ils étaient « pleinement intégrés dans la vie du quartier et de la ville ».
Son intervention a aussi rendu hommage aux blessés, aux survivants, aux sinistrés, dont la vie « en l’espace de quelques minutes, bascula ». La maire a salué la « réactivité des secours » et la coordination entre les services municipaux et de l’État, soulignant que sans cet engagement, « le bilan […] ne l’a pas été encore davantage ».

Le rôle central de la solidarité, « son plus lumineux visage »
Dans son discours, Nathalie Hoenders a largement insisté sur la solidarité exceptionnelle qui avait émergé dans les heures et les jours suivant l’incendie. Elle a rappelé que « dans les épreuves les plus sombres […] l’humain révèle son plus lumineux visage », évoquant « l’immense élan de solidarité venu du quartier, de tout Dijon et même au-delà ».
Elle a cité la mobilisation de tous : « Les services de la ville, les associations, le centre social, les établissements scolaires, les habitants, les bailleurs, les entreprises », unis pour « soutenir, aussi bien sur les plans matériels et moraux, celles et ceux à qui les flammes avaient tout pris ».
La maire est également revenue sur l’importance de la stèle commémorative installée en 2011, définie comme un « lieu de recueillement » et un symbole durable de la peine collective. Elle a rappelé les étapes de reconstruction : le procès des incendiaires, puis la réhabilitation et la réouverture de la résidence en 2013, qualifiée d’« étape importante dans […] réparer les vivants ».
Enfin, elle a conclu en affirmant que cet hommage devait renforcer la vigilance de tous : « Notre vigilance doit être constante […] pour que jamais un tel drame ne puisse se reproduire […] Et c’est ainsi que la mémoire devient espoir. »
Adoma évoque un « traumatisme collectif » et réaffirme ses engagements
Le directeur général d’Adoma, Emmanuel Ballu, s’est ensuite exprimé devant l’assemblée. Son discours, empreint de gravité, a rappelé que malgré les années, la blessure reste vive : « 15 ans c’est un temps qui peut paraître long mais […] c’est un temps qui n’est pas si long en réalité. »
Il a rappelé que « sept vies […] ont été fauchées, 134 personnes […] blessées », et que ce drame a bouleversé « familles, amis, collègues », dont certains portent encore les séquelles. Il a remercié la Ville et la Métropole d’avoir organisé cette cérémonie « pour entourer celles et ceux qui restent marqués à jamais dans leur corps et dans leur esprit ».
Emmanuel Ballu a également insisté sur l’élan de solidarité qui s’était manifesté : « Le courage des résidents, des pompiers, des soignants, de tous ceux qui se sont mobilisés », mentionnant même des témoignages récents de collègues qui lui ont rappelé les liens extrêmement forts noués avec la Ville à travers la cellule de crise de l’époque.
Il a souligné que le drame avait conduit Adoma à revoir en profondeur ses pratiques : « Ce drame […] a contribué à réinterroger la façon de construire, les pratiques, les réglementations en matière de sécurité et notamment bien sûr de sécurité incendie. »
Et d’ajouter, comme engagement concret : « Il n’y a pas une réunion à Adoma depuis des années maintenant qu’on ne commence pas par un point sur la sécurité. »
Son intervention s’est conclue sur un message de respect et de compassion : « À toutes les victimes, à leurs proches, à tous ceux qui portent encore les traces de cette nuit, j’adresse au nom d’Adoma notre respect, notre soutien et notre profonde compassion. »
Un recueillement partagé, entre mémoire et transmission
Après les prises de parole, un temps de silence a été observé devant la stèle. Des gerbes ont ensuite été déposées par les élus, les représentants d’Adoma et des proches des victimes.
Beaucoup sont restés longuement auprès du monument, certains évoquant des souvenirs, d’autres préférant la discrétion et le recueillement. Quinze ans après l’incendie, la cicatrice demeure, mais les discours ont rappelé l’importance de continuer à construire — ensemble — une vigilance collective et un quartier solidaire.













