L’installation prochaine d’un point de retrait Shein à Dijon continue de susciter des réactions dans le paysage politique local. Après les critiques formulées par la maire de Dijon, le mouvement citoyen Dijon Avenir publie à son tour un communiqué très offensif, accusant les responsables politiques d’« hypocrisie » et appelant à une remise en question plus radicale du modèle économique dominant.
Une dénonciation jugée « insuffisante »
Dans son communiqué, Dijon Avenir reproche à la municipalité d’avoir condamné publiquement l’arrivée de Shein tout en continuant à autoriser l’affichage publicitaire de l’enseigne, notamment sur les abribus dans le cadre du contrat de mobiliers urbains conclu avec Cityz Media. Pour le mouvement, ce décalage entre discours politique et réalité constitue « le comble de l’hypocrisie ».

Dijon Avenir rappelle que, selon les travaux de la sociologue Sophie Dubuisson-Quellier (CNRS, Sciences Po), le phénomène de surconsommation vestimentaire est largement alimenté par un marketing omniprésent et par la valorisation constant d’un renouvellement rapide de la garde-robe. Dans ce contexte, estime le mouvement, attendre des consommateurs qu’ils régulent eux-mêmes leurs comportements est « une mascarade ».
Un symptôme d’un « mal plus profond »
Pour Dijon Avenir, Shein n’est que l’expression la plus extrême d’un « capitalisme dérégulé, débridé, financiarisé ». Le mouvement accuse les responsables politiques locaux de critiquer Shein tout en refusant de s’attaquer aux racines du problème, notamment en maintenant la publicité dans l’espace public.
Le groupe citoyen met également en avant la réalité sociale qui pousse certains consommateurs vers des vêtements très bon marché. Beaux discours ou condamnations morales ne suffisent pas, estime-t-il : « Plutôt que de culpabiliser les client·e·s, nous préférons agir sur les injonctions contradictoires envoyées par la publicité ».
Dijon Avenir annonce par ailleurs que, s’il accédait à la mairie en 2026, il mettrait fin au contrat liant la Ville à l’opérateur de publicité urbaine.
Cartographier les alternatives locales
Afin de proposer des réponses concrètes, le mouvement lance une carte interactive référençant les solutions locales permettant de s’habiller sans recourir à l’achat de vêtements neufs produits dans des conditions sociales et environnementales controversées. La carte, non exhaustive, présente des boutiques, associations et entreprises œuvrant dans le réemploi, la réparation ou la vente de vêtements fabriqués en France.
Le mouvement explique que ses rencontres avec ces acteurs locaux révèlent surtout un besoin de soutien pour stabiliser et développer leurs activités. Selon Dijon Avenir, le rôle de la municipalité devrait notamment être de faciliter l’accès à des locaux adaptés et abordables, mais aussi de soutenir la filière auprès des jeunes et des demandeurs d’emploi.
Une convention citoyenne annoncée
Dans sa vision à long terme, Dijon Avenir défend un projet de transformation économique fondé sur la sobriété, la justice sociale et la relocalisation des activités. Le mouvement annonce ainsi qu’une convention citoyenne sur la transformation de l’économie locale serait lancée dès le début du mandat en cas de victoire en 2026.
Ce plan comporterait un volet textile et habillement, comprenant l’identification de ressources locales, la relocalisation de compétences, voire la production de fibres végétales sur le territoire bourguignon – une perspective que le mouvement assure réaliste, citant les expériences déjà menées dans d’autres régions françaises.
